mercredi 1 août 2007

NOTE SPIRITUELLE DU FRERE THOMAS DE LA TRINITE N°2:




AINSI PARLAIT L'ARCHIMANDRITE LEV GILLET

En vérité, le Père LEV parlait très peu, et surtout s'abstenait de tout prosélytisme.

Je n'en veux pour preuve que lorsque j'ai quitté définitivement Londres, en Août 1968 (la Providence m'ayant fait échapper à MAI 68), pour rentrer à Paris, c'est vers une Congrégation CATHOLIQUE : l'ORDRE DE LA TRES SAINTE TRINITE POUR LA RÉDEMPTION DES CAPTIFS, et non vers un monastère orthodoxe, que j'ai dirigé mes pas.

Le Père Lev et moi ne parlions jamais de théologie -et surtout pas de l'ORTHODOXIE, qui n'a jamais exercé sur moi, la même fascination, implicite dans le "cursus spirituel" du MOINE DE L'EGLISE D'ORIENT (pseudonyme du Père Lev, publié par LES EDITIONS DE CHEVETOGNE).

Il connaissait parfaitement la théologie orthodoxe et a publié plusieurs livres (comme ORTHODOX SPIRITUALITY (1945) ou encore ON THE EVOCATION OF THE NAME OF JESUS (1950), ainsi que de nombreux articles. Il maitrisait (entre autres) parfaitement la langue russe et bien sûr célébrait régulièrement la liturgie (de St-jean Chrysostome), en particulier à St-Basil' house, dont il était le chapelain.

Mais -n'en déplaise à tous ceux qui, à Paris, "pontifient" depuis 27 ans (le Père Lev est décédé à Londres, en 1980), sur la vie et l'oeuvre du Père Louis GILLET, comme la "regrettée" Elizabeth BEHR-SIGEL (son biographe) et l'incontournable et ubiquiste Olivier CLEMENT - je ne suis pas du tout certain que l'auteur de "JESUS, SIMPLES REGARDS SUR LE SAUVEUR" (Chevetogne-1959) (probablement son meilleur livre), ait réellement été orthodoxe.

L'une des raisons de la grande amitié qui fut la nôtre, à Londres, pendant 10 ans (de 1958 à 1968 -avec "l'interruption" militaire de 1960-61), est probablement que ni lui, ni moi, n'avons jamais vraiment été "d'église".

Louis Gillet fut d'abord (en 1920) postulant à l'Abbaye bénédictine de Clairvaux ,puis à celle de Farnborough (en Grande-Bretagne); mais en 1924, il n'est pas autorisé à prononcer des voeux perpétuels et "quitte" (sans la quitter vraiment) l'Eglise Catholique, pour devenir "UNIATE" -il se rendra pour cela au monastère d'Ouniov, en Galicie, et prononcera des voeux monastiques entre les mains du Métropolite SZEPTYKIJ : il devient LEV Gillet

Mais ce "vagabond anarchisant", comme l'appelle E.Behr-Sigel ("Un Moine de l'eglise d'orient" -Cerf-1993) (p 94), ne restera pas chez les Uniates (Eglises orientales reconnaissant l'autorité du Pape, mais conservant le rit oriental).

En 1928, il est reçu dans l'EGLISE ORTHODOXE RUSSE, à Clamart (Hts de seine), par le Métropolite EULOGE.
Enfin, en 1949, il devient "Archimandrite près du siège oecuménique", ce qui, en pratique, signifie qu'il dépend désormais, directement du Patriarche de Constantinople -et ainsi n'a pas d'Evêque !

Mon sentiment personnnel (car le Père Lev n'a jamais évoqué ce sujet avec moi), est que, s'il est passé "d'une Eglise à l'autre", ce n'est pas pour des raisons théologiques -mais pour des raisons SPIRITUELLES : le grand mystique qu'il était (il avait à deux reprises -en 1935 et en 1951- fait l'expérience de la "présence" du Christ, près du lac de Tibériade), avait, comme tous les mystiques, un immense besoin de liberté, que "l'obéissance" à un Abbé, ou à un Evêque, aurait totalement entravé.

Il ne pouvait -comme moi- (j'évoquerai peut-être,ultérieurement, mon propre parcours), n'être qu'un "Moine dans la ville " (op.cit. p 423).
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