mardi 5 novembre 2013

LE "SUKUK", VOUS CONNAISSEZ ?

Le projet de David Cameron d’émettre des obligations conformes à la charia ouvre la porte à la mise en application de la loi islamique au sein du gouvernement, prévient un important dignitaire religieux.
 
Gb-nazir-ali-2Dr Michael Nazir-Ali [image ci-contre], ancien évêque de Rochester, a déclaré que le projet de faire de la Grande-Bretagne le premier pays non-musulman à émettre une obligation conforme à la charia pourrait déclencher une série de «conséquences imprévues».

La semaine dernière, le Premier ministre a exposé le projet de Londres d’émettre un sukuk, une forme d’obligation conforme à la loi islamique qui contourne l’interdiction du «riba», ou intérêts.
 Les obligations, qui vaudront autour de 200 millions de livres sterling, paieraient un rendement fixe basé sur le profit généré par un actif sous-jacent, comme les immeubles du gouvernement.

S'exprimant lors du Forum islamique économique mondial à Londres mardi, M. Cameron a déclaré qu’il voulait que Londres soit avec Dubaï l'une des «grandes capitales de la finance islamique». Le Premier ministre a indiqué aux dirigeants économiques et politiques de pays musulmans que la Grande-Bretagne commettrait une «erreur» de refuser leurs capitaux alors que «la finance islamique croît 50% plus rapidement que le secteur bancaire traditionnel ».  

Le Dr Nazir-Ali, détenteur de la double nationalité britannique et pakistanaise, a toutefois servi une mise en garde : «Ce projet signifie que le gouvernement lui-même sera soumis à la charia en relation avec ces obligations. Pour l’instant, les sommes en cause sont plutôt modestes, mais quelle croissance y aura-t-il ? Il y a beaucoup de capitaux disponibles et la finance islamique pourrait se développer assez rapidement, en sorte que des préoccupations relatives à la conformité à la charia concerneraient une partie importante du système financier britannique». Il a ajouté : «Avant d’adopter des mesures susceptibles d’avoir des conséquences imprévues, il faudrait un débat public plus large, une meilleure explication de ce que cela implique». 

Nazir-Ali a dit qu’un débat public devrait notamment aborder la question de savoir si des juges de la charia devraient être autorisés à statuer sur les litiges relatifs aux placements garantis par le gouvernement. «Des experts de la charia sont consultés pour l’élaboration de ces produits financiers. Y a-t-il eu des discussions à savoir si l’on peut consulter de tels experts, et si l’on peut avoir comme politique officielle de s’en remettre à leurs décisions ? ». 

La plus importante politicienne musulmane britannique, la baronne Warsi, ministre responsable des affaires religieuses, co-présidente du nouveau groupe de travail sur la finance islamique du gouvernement, a déclaré au Telegraph que «la religion a un rôle à jouer dans notre programme de croissance». 

Le Muslim Council of Britain s’est félicité du projet de M. Cameron, le qualifiant de «jalon important pour la communauté». Farooq Murad, secrétaire général du Council, a déclaré : «L'émission de sukuks permettra à tous d’épargner de l'argent au moyen de placements plus sûrs conformément aux principes islamiques. 

Les fonds de pension et de placement islamiques pourront également utiliser les sukuk pour équilibrer leurs portefeuilles, conduisant à un plus grand choix sur les marchés»
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Source : Bishop fears sharia bonds pave way for more Islamic law, Telegraph, 2 novembre 2013. Extrait traduit par Poste de veille
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