CHOC DE L'HISTOIRE
centenaire2014 : Dominique Venner, Le Choc de l’Histoire. Extrait
PARIS (NOVOpress) –
Culture et histoire : dans le cadre du centenaire de l’année 1914, Novopress offre à ses lecteurs ce dimanche un extrait du Choc de l’histoire, passionnant livre d’entretiens de l’historien Dominique Venner, publié aux éditions Via Romana en août 2011.
P.L. – Dans Le Siècle de 1914,
vous proposez une synthèse historique qui a renouvelé tous vos travaux,
et offre une interprétation inédite de l’histoire européenne au XXème siècle. Pouvez-vous la résumer ?
D.V. – Ce livre offre une explication des causes et
des conséquences de 1914. Il propose une analyse fouillée des grands
mouvements révolutionnaires et des conflits majeurs du XXème
siècle. Il recèle des méditations multiples sur l’histoire, la politique
et leurs grands acteurs. Mais il commence d’abord par une description
inédite de l’ancien ordre européen, moderne et performant d’avant 1914.
Un ordre que la Grande Guerre a détruit. Sur ses décombres et de la
guerre elle-même surgirent quatre grands systèmes idéologiques incarnés
par quatre figures principales, le président américain Wilson, Lénine,
Mussolini et Hitler.
Ces idéologies se sont superposées aux conflits
classiques des puissances, et ont aggravé les luttes sans merci qui ont
occupé une grande partie du siècle.
P.L. – Revenons sur votre description du monde
européen d’avant 1914. Un monde en forme, dites-vous, à la fois
traditionnel et très moderne. Cela signifie-t-il qu’à l’époque
l’alliance était possible en Europe entre les univers apparemment
antinomiques de la tradition et de la modernité ?
D.V. – On oublie généralement qu’avant 1914, hormis
la France où le système républicain ne fonctionnait pas très bien,
toutes les grandes puissances européennes étaient des monarchies
appuyées sur des noblesses actives et modernes. Les performances
économiques du Reich allemand étaient même si inquiétantes pour
l’Angleterre, qu’elles furent l’une des causes de la guerre.
P.L. – Vous venez d’évoquer la noblesse. Quel était son rôle dans l’Europe d’avant 1914 ?4
D.V. –Sans faire dans l’angélisme, on constate que
la noblesse n’était pas seulement liée à la naissance, mais aussi au
mérite, ce qui impliquait un renouvellement constant, mais aussi la
transmission d’une éthique du service et une ascèse de la tenue. La
fonction de la noblesse, quand elle est digne de ce nom, est de
commander et de protéger, mais aussi d’offrir à toute la société un
modèle vivant d’humanité supérieure, à la façon des héros d’Homère pour
la Grèce antique.
C’était très visible en Grande-Bretagne avant 1914. La
haute aristocratie des lords et la gentry constituaient un milieu
formateur et un réservoir d’élites politiques et sociales d’une grande
ouverture d’esprit, comme le montre par exemple, au début du siècle, la
création originale et féconde du mouvement de jeunesse des scouts par le
général Lord Baden Powell.
En Allemagne et en Prusse, la permanence de
la noblesse reposait bien entendu sur la richesse foncière, mais aussi
sur la ferme éducation de générations successives qui avaient
intériorisé une éthique du devoir inscrite dans l’inconscient.
En 1914
et jusqu’à la fin de la guerre, à de rares exceptions près, la
bourgeoisie allemande était acquise aux valeurs de la noblesse
prussienne et de l’Etat autoritaire, où un pouvoir ferme, indépendant
des intérêts particuliers et des classes, veillait au bien commun.
Par
la voix de Thomas Mann, de Max Weber, d’Oswald Spengler, du théologien
Ernst Troelsch ou de l’historien Friedrich Meinecke, les intellectuels
allemands affirmèrent jusqu’en 1918 que la liberté ne se conçoit
qu’associée au devoir, que service et dignité humaine ne s’opposent pas.
(…)
Dominique Venner,
Le Choc de l’histoire (Via Romana, 08/2011).
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