Réaction du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) suite à l’agression d’un militaire par un individu déclarant agir au nom de l’islam :


Le CFCM réitère sa demande de dissocier la religion musulmane de la violence commise en son nom en évitant l’usage abusif des termes « islamiste » et « islamisme » qui entretient inévitablement la confusion et l’amalgame.


Confusion et amalgame sont exactement – et dans l’ordre – les termes employés par François Hollande le 16 mai dernier :

J’ai déploré qu’il y ait eu des confusions et des amalgames. Les étrangers peuvent être d’originaire africaine, maghrébine, sans être musulmans. Et être musulmans sans être communautaristes. 


La chasse est ouverte

Cette chasse à l’amalgame finit par devenir suspecte. De plus, elle est ouverte tout au long de l’année. Voilà qui n’est pas très écologique et qui empêche l’espèce protégée des détricoteurs de la stratégie islamiste de se reproduire et de s’exprimer. Une espèce qui a maintes fois prouvé son caractère indispensable dans la chaîne alimentaire de la réflexion et de la pensée.

Il nous faudrait même éviter les termes islamisme et islamiste, nous enjoint le CFCM.


Tiens donc !

Ah oui ! C’est vrai que nous disposons du terme générique de « jeunes ». Ça a servi à toutes les époques, des zazous aux hippies en passant par les « blousons noirs ».

Le problème, c’est que ces « jeunes » ne sont qu’au bout de la chaîne et ne nous suffisent pas pour embrasser toute la problématique. En amont, il y a toute une imprégnation d’une certaine frange de la jeunesse par des plus vieux, parfois des très vieux. Allez savoir, certains d’entre eux pourraient faire partie de ces dignitaires qui nous exhortent à éviter les amalgames.


Du boulot, et hop !


Aidés par les propos habituels de la gauche et de l’extrême-gauche que les médias plébiscitent continuellement, ils nous anesthésient en nous décrivant les causes sociales du phénomène et nous assurent que tout s’arrangera lorsque la courbe du chômage s’inversera.


C’est sûr, ça ! Oublions que les terroristes du 11 septembre étaient de riches Saoudiens diplômés, fermons les yeux sur le fait que les assassins convertis à l’islam qui tuent au nom d’Allah sont souvent des petits-bourgeois. Evitons de nous souvenir que la jeune Française tuée il y a 7 ans hier dans un attentat à Tel Aviv, est tombée sous les bombes de deux étudiants anglais musulmans, qui venaient pour la première fois au Moyen-Orient. De quel désespoir de quel chômage, de quelle exclusion se sont-ils vengés en tuant  Dominique Hass, 27 ans, étudiante à Paris elle aussi, qui travaillait comme serveuse dans un bar pour financer son année sabbatique? Ignorons que plusieurs des chefs « charismatiques » de mouvements « caritatifs » comme le Hamas ou le Hezbollah, qui envoient des jeunes se faire sauter au milieu de civils sont des médecins…


Fermons les yeux, rêvons. Si nous rêvons assez fort, lorsque plein emploi il y aura, les musulmanes se débarrasseront de leurs voiles et de leurs burkas, les rappeurs chanteront des odes à la gloire des keufs, les Youssouf Fofana et Mohamed Merah participeront à la Tsedaka (1) annuelle et Dieudonné ira fleurir tous les ans le mémorial de la Shoah.


La même mécanique autiste qui fait dire à certains « intellectuels » que l’équilibre géopolitique de la planète dépend de l’issue du conflit israélo-palestinien.

Aucun doute, là non plus ! Dès que la paix sera faite entre Israéliens et Palestiniens, les milices islamistes cesseront d’exterminer les quelques Soudanais animistes et chrétiens qui leur ont encore échappé. Ils laisseront en paix ceux qui ont accepté la conversion à l’islam, mais qu’ils continuent à tuer parce qu’ils ne sont pas assez arabes. Et puis les Thaïs ne subiront plus d’attentats sanglants de la part de leur minorité musulmane du sud. Au Mali et au Niger, les Touaregs ne seront plus victimes des tenants de la charia à tout crin, au Pakistan et en Afghanistan, les petites filles pourront aller à l’école sans être vitriolées, violées ou tuées, les Tchétchènes cesseront de mettre leurs voisins infidèles à feu et à sang, que ce soit chez eux ou chez nous…


Alors, appelez ça comme vous voulez, mais nier la prégnance du fait religieux musulman sur la détérioration de notre cohésion sociale équivaut à se lancer à une vitesse folle et sans casque sur une route sinueuse comme s’il s’agissait d’une ligne droite.


Tous les jours, en France et en Europe, des faits divers s’accumulent. Tant bien que mal, les autorités font ce qu’elles peuvent pour taire les origines des individus impliqués. Certaines informations sont même carrément occultées par les grandes chaînes d’infos comme celle concernant un gendarme de Roussillon poignardé, le 7 avril dernier, aux cris d’Allah Akhbar !


Impliqués, les musulmans ?


Le 29 avril 2012, une chance inouïe a été donnée à la communauté musulmane de prouver son implication dans le désir de sauver notre « vivre ensemble ». Un mois après les attentats de Toulouse, un appel fut lancé aux musulmans de France, relayé par le courageux imam de Drancy, Hassan Chalgoumi : manifester contre le terrorisme, un dimanche à Paris, et enfin prouver que ceux qui faisaient ces amalgames entre islam et terrorisme avaient tort.


Le rendez-vous a réuni… une centaine de personnes, pas toutes musulmanes. Certaines d’entre elles tenaient même un discours radical. Bref, un fiasco ! Alors que les musulmans de France se retrouvent régulièrement par dizaines de milliers pour fustiger Israël quand ce dernier a l’outrecuidance de défendre ses citoyens contre les attaques terroristes du Hamas ou du Hezbollah.


Contrairement aux apparences, il ne s’agissait pas d’un rendez-vous manqué. Il s’agissait de la révélation d’une évidence : au mieux l’indifférence totale des musulmans de France à l’image qu’ils véhiculent. Au pire, leur attitude attentiste devant un phénomène dont ils pourraient, à terme, en retirer les dividendes.

Cela, bien entendu, n’en fait pas des terroristes.


Reconnaissons juste que cela explique bien des tensions inter-communautaires et se contenter de pointer du doigt ceux qui amalgament peut sembler un peu court.

Jean-Pierre Chemla
 © Primo-info, 31 mai 2013

(1) Terme hébreu signifiant charité. Chaque année, une opération de collecte est organisée pour aider les nécessiteux.
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