lundi 3 juin 2013

ALEXIS DE TOCQUEVILLE

Mémoire sur le paupérisme, d’Alexis de Tocqueville


31 mai 2013, 
 Auteur :  
 

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Ce mémoire a été présenté à la Société académique de Cherbourg en 1835. 

Il s’agit d’une analyse de fond de la gestion de la pauvreté dans une société donnée, en général mais plus précisément dans une société moderne divisée en plusieurs «classes sociales».
Son analyse remonte en XIIème siècle en Europe, époque à laquelle «le tiers État» n’existait pour ainsi dire point encore». «La population était divisée en deux catégories, d’un côté ceux qui cultivaient le sol sans le posséder, de l’autre ceux qui possédaient le sol sans le cultiver
À cette époque «la terre suffisait pour ainsi dire à tous, l’aisance n’était nulle part; partout le vivre».
Avec l’avènement de la richesse et du confort, bref de de la civilisation, des besoins nouveaux ont été crées et tout le monde n’a pu en jouir aussi bien.
Se pose alors la question de la répartition des richesses et singulièrement la gestion des nécessiteux.

«Plus la nation est riche plus le nombre de ceux qui ont recours à la charité publique doit se multiplier
À partir de cette situation Tocqueville envisage deux espèces de bienfaisance : «l’une qui porte chaque individu à soulager suivant ses moyens les maux qui se trouvent à sa portée» et « l’autre moins instinctive et souvent plus puissante qui pousse la société elle-même à s’occuper des malheurs de ses membres et à veiller systématiquement aux soulagement de leurs douleurs».
La première à avoir obligé son peuple à opter pour la deuxième solution c’est Élisabeth d’Angleterre, la fille de Henri  VIII qui «frappée par l’aspect repoussant des misères du peuple songea à substituer aux aumônes que la suppression des couvents avait fort réduites une subvention annuelle fournie par les communes

Ce qui permet de constater que l’aumône était en grande partie le fait de l’Église. Une fois nationalisée par Henry VIII , la situation devenait plus délicate et Élisabeth d’Angleterre a donc décidé que la charité serait à la charge des collectivités locales. Tocqueville déroules les conséquences fatales de cette nouvelle politique : «Le pauvre ayant un droit absolu aux secours de la société on vit bientôt se généraliser les abus que la Reforme avait reproché à quelque pays catholiques ». Il constate  qu’« il y a deux motifs qui portent l’homme au travail: le besoin de vivre et le désir d’améliorer les conditions d’existence». «Or, une loi qui donne à tous les pauvres quelle que soit l’origine de la pauvreté un droit au secours du public affaiblit ou détruit le premier stimulant et ne laisse intact que le second.» «Est-il possible d’échapper à ces conséquences funestes? Pour moi j’avoue que je les considère comme inévitables».
Puis Tocqueville se pose quelques questions : «Qui empêche la société avant d’accorder le secours de s’enquérir des causes du besoin? Pourquoi la condition du travail ne serait pas imposée à l’indigent valide qui s’adresse à la  pitié du public?».

«Toute mesure qui fonde la charité légale sur une base permanente et qui lui donne une forme administrative crée donc une classe oisive et paresseuse vivant aux dépens de la classe industrielle et travailleuse. C’est là sinon son résultat immédiat du moins sa conséquence inévitable ».
Ce que Tocqueville n’avait pas vu c’est que la classe politique chargée de redistribuer la richesse se réjouirait de cet état de fait qui lui permet de s’assurer une clientèle électorale obligée.
Et enfin pour finir :

« Mais je suis profondément convaincu que tout système régulier, permanent, administratif, dont le but sera de pourvoir aux besoins du pauvre, fera naître plus de misères qu’il n’en peut guérir, dépravera la population qu’il veut secourir et consoler, réduira avec le temps les riches à n’être que les fermiers des pauvres, tarira les sources de l’épargne, arrêtera l’accumulation des capitaux, comprimera l’essor du commerce, engourdira l’activité et l’industrie humaines et finira par amener une révolution violente dans l’État, lorsque le nombre de ceux qui reçoivent l’aumône sera devenu presque aussi grand que le nombre de ceux qui la donnent, et que l’indigent ne pouvant plus tirer des riches appauvris de quoi pourvoir à ses besoins trouvera plus facile de les dépouiller tout à coup de leurs biens que de demander leurs secours ».

Bref,  Tocqueville avait bien vu, avant même qu’il ne se mette en place dans des proportions délirantes, tous les méfaits de l’État providence, malheur des hommes libres et destruction assurées des sociétés prospères, par le confiscation institutionnalisée du capital au profit des nécessiteux sans aucun bénéfice pour personne.

(enquete-debat.fr)
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