LES ROMS NE VOLENT PAS LES POULES, ILS VIVENT DE L'ELEVAGE DE VOLAILLES
Dimanche 1er mai, journal de 20 heures, France 2. La rédaction aborde la polémique provoquée par la déclaration de Manuel Valls à propos des Roms. Les mots insoutenables du ministre s’affichent à la gauche du brushing de David Pujadas : « Les occupants de campements ne souhaitent pas s’intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu’ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution. »
Horreur, malheur ! Les cheveux de Pujadas se dressent sur sa tête, brushing à refaire, stupeur et tremblement à tous les étages de France Télévisions, vite le reportage qui va démontrer à quel point Manuel Valls se trompe, sort de la ligne, roule pour le FN, peut-être pour Satan. Tout est possible. Allons-y.
En guise de hors-d’œuvre, France 2 a trouvé la perle rare : le Rom qui travaille et parle français. TF1 fait du casting de chanteurs, France 2 auditionne les Roms. Et ils ont déniché la star. Le héros est là, dans sa caravane, sympa, travailleur, entouré de ses enfants qu’il envoie à l’école. Prostitution ? Délinquance ? Ah, ah, ah… Laissez-moi rire !
Pour les autres, peut-être un peu de mendicité mais rien de méchant. Certains vivent de « ferraillage »… Au pays du journal de France 2, le vol de métaux sur les chantiers et le long des voies ferrées est appelé « ferraillage ». C’est de la novlangue. Pour l’action d’un pickpocket, dire « déplacement d’objet d’une poche vers une autre ». Formés à la rude école de David Hamilton, les journalistes ont parfaitement intégré le rôle majeur du flou artistique dans un reportage digne de ce nom.
Suivent deux témoignages de riverains d’un camp rom. L’un se plaint des rats, l’autre a peur mais ne sait pas expliquer pourquoi. Ils l’ont trouvé. Voilà. Les gens ont peur mais… pour rien. Peur ancestrale, crainte de la différence, délire xénophobe… mais rendons-nous plutôt à Montreuil, ville où la mairesse-femme Dominique Voynet a réglé le problème avec brio grâce à des logements « modulables ». Traduction novlangue/français : modulable = boîtes colorées du type ALGECO empilées les unes sur les autres. Démolissons les barres d’immeubles inhumaines et empilons plutôt des boîtes. Combien le loyer ? Le reportage évite le sujet. Devant son téléviseur, le retraité à 350 € par mois demande son logement modulable gratuit. Il l’aura pas. Une boîte d’accord, mais plus petite et avec des poignées.
Malgré l’aspect ludique de ce jeu de « Lego » compassionnel, à Montreuil se trouvent quand même des riverains idiots pour refuser son installation. Sit-in sur les lieux, évacués manu militari par les CRS, le Rom est roi. Fin du reportage. Était-ce un sujet pour le journal de Groland ? On zappe sur Moustique… Retour à Pujadas. Étrange ressemblance… Mêmes reportages à la gloire de la présipauté, même président de la République « à l’Ouest »… Diable ! Je suis devenu Grolandais. J’attends les papiers… qu’on me régularise !
le 3 mai 2013
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