lundi 13 mai 2013

JPPS EST UN SALAUD : IL PRATIQUE LA DELATION ...DES ENVAHISSEURS !

François de Pange : Réflexions sur la délation

François de Pange, aristocrate et révolutionnaire, fut membre de la Société des amis de la Constitution et de la Société de 1789, puis du club des Feuillants en 1791. Il se réfugia en Suisse au moment de la terreur. Il fut le premier à avoir publié un essai sur la délation dont il pouvait observer les effets dès les débuts de la Révolution

Révolution
« Dans le gouvernement qui s’établit, l’opinion va devenir souveraine, les suffrages du peuple élèveront à toutes les places ; ainsi les administrateurs, les prélats, les juges, les législateurs seront désormais les créatures de l’opinion ; tous ceux qui feront le sort de cet empire dépendront absolument d’elle, changeront avec elle, seront ineptes et vils si elle est aveugle ou trompée, seront grands et vertueux quand elle sera clairvoyante et juste. Est-ce donc au moment où l’opinion acquiert sur nos destinées cet ascendant suprême, qu’on doit être indifférent à ce qui peut influer sur elle ?
 
… On doit donc ne pas voir sans inquiétude l’esprit de délation qui se propage en France, et qui travaille sans relâche à pervertir l’opinion publique ; et l’on ne manquera pas de chercher avec intérêt quelles digues peuvent être opposées à ce torrent empoisonné !


Comme les délateurs, sous les tyrans, sont ceux qui vont noircir, dans l’esprit du maître, ce qu’on pensé, dit ou fait à son égard les particuliers, j’appelle délateurs, dans un état libre, ceux qui cherchent à noircir dans l’esprit du peuple les intentions, les discours, la conduite de leurs concitoyens. Ce sont les délateurs qui égarent l’opinion publique ; ce sont eux que je voudrais réprimer.

En effet, qui peut continuer d’attacher du prix à l’opinion, quand elle a cessé d’être juste ? Quel scélérat la redoute, quand il a vu d’autres scélérats la tromper ?

Tombée dans cet état d’avilissement, l’opinion publique continue de porter des jugements ; mais ils n’affectent plus aucun de ceux qu’ils condamnent ; et si quelque homme sage s’applique à l’observer, il remarque que, servant de jouet à des charlatans sans pudeur, elle ne sait plus que diffamer à la suite de l’envie ; il se retire en lui-même, résolu de ne plus compter que sur ses propres jugements ; et désormais, pour son esprit sceptique, les voix d’un peuple entier criant : « cet homme est un pervers » ne signifieront rien que « Cet homme fut heureux ».

Avant de terminer ces réflexions sur les délateurs, je ne dois pas taire que, de tous ceux qu’à produit la France, les plus méprisables et les plus sanguinaires ont été les journalistes ; ces hommes que la multitude stipendie ont besoin de lui plaire et nous avons montré que la délation en fournit les moyens. 

Il semble aussi qu’ils aient compté sur ce désir curieux et cruel que quelques âmes ressentent pour contempler de grandes vicissitudes de fortune, pour voir même (il faut l’avouer) couler du sang humain.

PANGE François de, 
Réflexions sur la délation, 1790, 
puis Editions Allia, 2011

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