UK : UNE NOUVELLE DAME DE FER
L'ambitieuse Theresa May-Thatcher
...fait de l'ombre à Cameron
Mis à jour
Theresa May devant le 10 Downing Street, le 12 mars à Londres.
Crédits photo : ANDREW WINNING/REUTERS
La ministre de l'Intérieur britannique se positionne en recours pour les conservateurs.
Correspondant à Londres
Sera-t-elle la future Thatcher? Downing Street a passé la semaine à tenter de calmer l'incendie Theresa May. Les manœuvres de la ministre de l'Intérieur irritent au plus haut point les proches de David Cameron. Tout en lui proclamant haut et fort sa fidélité, la titulaire du Home Office se positionne de plus en plus comme un recours face à un premier ministre en perte de vitesse.
Lundi, Cameron risque une nouvelle fois d'être mis en minorité lors d'un vote sur la régulation de la presse à la chambre des Communes. Alors que le Parti conservateur bruisse de rumeurs de complots contre le chef du gouvernement, Theresa May est sortie du bois de façon peu discrète.
L'offensive a commencé lorsqu'a fuité sa proposition de quitter les instances de la Cour européenne des droits de l'homme, contre l'avis du premier ministre. Un pas supplémentaire a été franchi le week-end dernier quand Theresa May a prononcé un discours aux allures de programme électoral conservateur, dépassant allègrement ses attributions ministérielles. Ce mercredi, lorsque Cameron a annoncé au Parlement qu'il renonçait à augmenter les prix minimum des spiritueux pour lutter contre l'alcoolisme, l'opposition l'a accusé d'avoir cédé à sa ministre qui a torpillé la mesure.
À 56 ans, Theresa May sent son heure approcher. Avec ses robes de designers, perchée sur d'immenses talons, cette figure de proue du parti Tory pense avoir une carte à jouer dans la difficile bataille pour les élections de 2015. Elle revient de loin.
L'an dernier, elle avait accumulé une série de faux pas: d'abord accusée de laxisme dans les contrôles aux frontières, le resserrement du dispositif avait entraîné ensuite une pagaille indescriptible dans les aéroports.
Des bourdes juridiques avaient empêché l'extradition du prêcheur islamiste Abou Qatada, toujours sur le sol britannique.
La préparation de la sécurité des JO avait aussi viré au fiasco en raison de la défaillance d'une société privée de sécurité.
Pas de pitié pour les délinquants récidivistes, combat acharné contre l'immigration, traque aux abus de prestations sociales, May interprète la partition politique d'une droite sans états d'âme. «Elle joue habilement avec l'image de Thatcher, celle d'une femme ferme bien ancrée à droite, à l'inverse de celle de l'homme faible lié avec les centristes que représente Cameron», analyse Rodney Barker, professeur émérite de Sciences politiques à la London School of Economics.
«Cette comparaison avec Thatcher commence à s'imposer et Theresa serait une candidate sérieuse en cas de contestation du leadership de Cameron», reconnaît Louise Mensch, ancienne député tory. Theresa May avait pourtant suscité l'indignation des barons de droite en appelant les conservateurs à se défaire de leur image de «nasty party» (parti méchant).
Depuis, elle a œuvré à la «détoxification» du parti, notamment en s'engageant pour le mariage gay.
Sera-t-elle la future Thatcher? Downing Street a passé la semaine à tenter de calmer l'incendie Theresa May. Les manœuvres de la ministre de l'Intérieur irritent au plus haut point les proches de David Cameron. Tout en lui proclamant haut et fort sa fidélité, la titulaire du Home Office se positionne de plus en plus comme un recours face à un premier ministre en perte de vitesse.
Lundi, Cameron risque une nouvelle fois d'être mis en minorité lors d'un vote sur la régulation de la presse à la chambre des Communes. Alors que le Parti conservateur bruisse de rumeurs de complots contre le chef du gouvernement, Theresa May est sortie du bois de façon peu discrète.
L'offensive a commencé lorsqu'a fuité sa proposition de quitter les instances de la Cour européenne des droits de l'homme, contre l'avis du premier ministre. Un pas supplémentaire a été franchi le week-end dernier quand Theresa May a prononcé un discours aux allures de programme électoral conservateur, dépassant allègrement ses attributions ministérielles. Ce mercredi, lorsque Cameron a annoncé au Parlement qu'il renonçait à augmenter les prix minimum des spiritueux pour lutter contre l'alcoolisme, l'opposition l'a accusé d'avoir cédé à sa ministre qui a torpillé la mesure.
À 56 ans, Theresa May sent son heure approcher. Avec ses robes de designers, perchée sur d'immenses talons, cette figure de proue du parti Tory pense avoir une carte à jouer dans la difficile bataille pour les élections de 2015. Elle revient de loin.
L'an dernier, elle avait accumulé une série de faux pas: d'abord accusée de laxisme dans les contrôles aux frontières, le resserrement du dispositif avait entraîné ensuite une pagaille indescriptible dans les aéroports.
Des bourdes juridiques avaient empêché l'extradition du prêcheur islamiste Abou Qatada, toujours sur le sol britannique.
La préparation de la sécurité des JO avait aussi viré au fiasco en raison de la défaillance d'une société privée de sécurité.
Sans pitié pour les délinquants
Mais les vents ont tourné. Theresa May a au moins réussi à expulser un autre islamiste, Abou Hamza. Surtout, elle peut s'enorgueillir d'un réel succès dans la réduction d'un tiers de l'immigration depuis un an, même s'il s'agit essentiellement d'étudiants.Pas de pitié pour les délinquants récidivistes, combat acharné contre l'immigration, traque aux abus de prestations sociales, May interprète la partition politique d'une droite sans états d'âme. «Elle joue habilement avec l'image de Thatcher, celle d'une femme ferme bien ancrée à droite, à l'inverse de celle de l'homme faible lié avec les centristes que représente Cameron», analyse Rodney Barker, professeur émérite de Sciences politiques à la London School of Economics.
«Cette comparaison avec Thatcher commence à s'imposer et Theresa serait une candidate sérieuse en cas de contestation du leadership de Cameron», reconnaît Louise Mensch, ancienne député tory. Theresa May avait pourtant suscité l'indignation des barons de droite en appelant les conservateurs à se défaire de leur image de «nasty party» (parti méchant).
Depuis, elle a œuvré à la «détoxification» du parti, notamment en s'engageant pour le mariage gay.
Par Florentin Collomp Journaliste Figaro |
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