NO COMMENT
Hitler sur une théière : de la provoc’ ?
Non, du révisionnisme !
Jusque-là, on pensait que le travail de Charles Krafft, céramiste américain de 65 ans basé à Seattle, était ironique et simplement provocateur. A travers un médium très kitsch – la porcelaine –, il réalise des œuvres modernes : caméras de surveillance, grenades, AK 47 et autres revolvers.
On peut d’ailleurs voir certaines de ces œuvres à la Halle Saint-Pierre (Paris, XVIIIe) dans le cadre de l’exposition « Hey ! », dont Rue89 est partenaire.
Il a semé des swastikas (la croix gammée, un symbole sanskrit réutilisé plus tard par les Nazis) un peu partout (savon et parfum avec la mention « Pardon », décoration de gâteau de mariage) et réalisé certaines céramiques à partir de cendres humaines.
En 2003, il a notamment réalisé une théière avec la tête d’Hitler, exposée en 2007 au musée des Beaux-arts de San Francisco, présentée avec cette notice :
« “Hitler, Idaho” de Charles Krafft ressuscite l’image d’Adolf Hitler pour critiquer le fascisme et le rôle du kitsch. Le bec et la poignée de la théière ressemblent aux cornes du Diable, suggérant que Hitler était un être démoniaque et mauvais.
L’inscription “Idaho” en police germanique fait allusion à la réputation de cet Etat d’être un refuge pour les les groupes racistes et néonazis comme Aryan Nations.
Le couvercle de la théière sert aussi de kippa, une référence aux révélations selon lesquelles plusieurs suprémacistes blancs étaient de descendance juive. »Ses œuvres ont été exposées à New York et San Francisco ; il a fait l’objet d’articles dans le New Yorker, Harper’s Magazine... Bref, Charles Krafft est reconnu. Un article de The Stranger, hebdomadaire de Seattle, a mis à mal sa réputation d’artiste provoc’ en dévoilant son antisémitisme et son négationnisme.
« Je crois que l’Holocauste est un mythe »
La journaliste Jen Graves a retrouvé un podcast de juillet 2012 sur un site appelé The White Network – baseline : « Des Blancs parlent aux Blancs des intérêts blancs. » Krafft y est interviewé :« Je crois que l’Holocauste est un mythe [...] utilisé pour promouvoir le multiculturalisme et la mondialisation. [...] Ce ne sont pas juste les juifs qui promeuvent cette chose. Oui, c’est leur petit mythe. Mais on va être regroupés par les juifs, on va être regroupés, si ça continue, par des gens comme nous. [...] Les juifs ont monté les Blancs les uns contre les autres. »Le révisionnisme est « une bonne arme à utiliser contre les gens qui essaient de nous remplacer », ajoute-t-il. Il explique avoir commencé à changer d’avis sur la Deuxième Guerre mondiale et l’Holocauste après avoir lu un livre sur un archevêque roumain extradé des Etats-Unis pour crimes contre l’humanité. Selon Krafft, qui a enquêté sur le sujet, les charges ont été fabriquées de toute pièce.
« Ça m’a amené à enquêter sur l’Holocauste en découvrant les écrits de Kevin MacDonald [professeur de psychologie aux thèses antisémites, ndlr] et des leaders intellectuels de ce qu’on appelle le mouvement des suprémacistes blancs. »Pas besoin d’aller très loin pour trouver d’autres preuves de son antisémitisme – Krafft ne s’en cache pas. Sur son compte Facebook (privé), il partage des articles sur le négationnisme. Le 14 janvier, il écrivait :
« Pourquoi y a-t-il parmi les monuments glorifiant l’histoire de cette nation, à Washington DC, un musée des horreurs dédié à des gens qui n’ont jamais vécu, ne se sont jamais battus, ni ne sont morts ici ?En février 2013, Jen Graves a envoyé cette question à l’artiste : « Croyez-vous que le régime d’Hitler a systématiquement tué des millions de juifs ? »
Le USHMM [le musée des Etats-Unis en mémoire de l’Holocauste, ndlr] a été érigé avant même qu’il y ait un monument aux 465 000 Américains morts pendant la Deuxième Guerre mondiale. Et personne n’a fait assez pour sauver les juifs d’Europe ? »
Réponse de Krafft :
« Je ne doute pas que le régime d’Hitler a tué beaucoup de juifs lors de la Seconde Guerre mondiale, mais je ne crois pas qu’ils aient été amenés de force dans des chambres à gaz et tués. »
« Je ne peux pas dire que j’ai été diffamé »
Contacté par une organisation de lutte contre la haine raciale, Krafft confirme :« Puisque j’ai admis être un sceptique de l’Holocauste et m’identifier comme un Wasp [à l’origine, acronyme de “White Anglo-Saxon Protestant” ; aujourd’hui, veut aussi dire “White race, Anti-Semite, Puritan”, ndlr] sur un site de nationalisme blanc, je ne peux pas vraiment dire que j’ai été diffamé.
Cependant, j’aimerais préciser que je n’ai jamais essayé de duper les collectionneurs d’art et les commissaires d’expo avec de la satire et de l’ironie dans mon art tout en me moquant d’eux. Mon opinion sur les races et l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale n’a changé que relativement récemment. »D’ironique, son art est devenu antisémite et négationniste. Que faire alors de ses œuvres ? The Globe And Mail résume :
« Les acheteurs et les admirateurs de l’art de Krafft sont gênés parce qu’ils ont eu une interprétation du travail de l’artiste différente de la sienne. Mais depuis quand les intentions de l’artiste signifient-elles tout ? Et depuis quand la personnalité haineuse d’un artiste invalide-t-elle son travail ?
(L’idée que nous devrions dénigrer les peintures de Picasso parce qu’il était mauvais envers les femmes est beaucoup avancée aujourd’hui, mais n’a pas poussé les grands musées à se débarrasser de son travail.
Et nous lisons toujours Ezra Pound et Yukio Mishima.) »
Aller plus loin
- Sur thestranger.comCharles Krafft est un nationaliste blanc qui croit que l'Holocauste est un mythe délibérément exagéré (en anglais)
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Selon
Wikipedia : Une traduction en arabe réalisée par le criminel de guerre
nazi Luis al-Haj, originellement nommé Luis Heiden, qui avait fui en
Égypte après la Seconde Guerre mondiale, fut publiée en 1963.
En 1995,
le livre, dont la couverture arbore une croix gammée et une photo
d'Hitler, a été réédité par les Éditions du Bisan à Beyrouth.
Le livre est également distribué par Al-Shourouq à Ramallah pour les Territoires palestiniens.
Selon l'Agence France-Presse, le livre qui
avait été interdit par Israël, a été autorisé en 1999 par l'Autorité palestinienne.
Il a atteint la 6e place dans la liste palestinienne des best-sellers.
En 2007, il a été présenté à la Foire internationale du livre du Caire
par une maison d’édition syro-égyptienne, al-Kitab al-Arabi, dont le
représentant, Mahmoud Abdallah, a déclaré : « il [ce livre] représente
une grande partie de notre succès, en particulier parmi le public des 18
à 25 ans ».
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