lundi 25 mars 2013

EPHEMERIDE MONARCHISTE

Ephéméride du 25 Mars.

1914 : Mort de Frédéric Mistral.
           Il reçut le Prix Nobel de Littérature 1904.  
          1. "On peut tenter de faire le compte de l’oeuvre immense. Pour nous ce n’est encore rien. Mistral a ressuscité au fond de nos coeurs notre histoire, notre légende, notre sagesse provinciale, notre raison même ; il a éclairé pour nous jusqu’au sens des choses, telles qu’elles sont, mais telles que nous ne les eussions jamais comprises sans lui. La respectueuse affection dont il avait bien voulu nous permettre d’entourer sa noble vieillesse ajoute à notre douleur. Mais je connais des Provençaux de ma génération qui ne l’ont jamais vu ou qui l’ont vu à peine : aujourd’hui dispersés sur tous les points du monde, ils sentiront qu’avec la personne brisée de Mistral se perd en eux le centre d’une attraction suprême auquel correspondaient, comme par un accord de sourires mystérieux, le nom et l’image de leur pays..." (extrait de l’article que Maurras publia dans L’Action française du 26 mars 1914).
     2. De Mistral, Maurras, a tiré la quintessence poétique et intellectuelle dans Maîtres et Témoins de ma vie d’esprit :
        "Au soubassement général de (son) oeuvre.... courent en lettres d’or et de feu deux mots-clefs qui en découvrent le sens profond : Multa renascentur. Le monde est fait, inspiré, excité, et comme nourri d’une renaissance perpétuelle : c’est de la cendre des empires et de la poussière des civilisations que sortent les progrès dignes de ce nom. La vie mourrait si elle n’était soutenue, stimulée et alimentée par les morts...."
          Voilà pour des réactions historiques. Mais, est-il raisonnable, est-il même simplement utile, de proposer au public de se souvenir de Mistral ? Et, aggravant notre cas en quelque sorte, de proposer de le lire ?
          La réponse, évidemment, et sans contestation possible, est : Oui !.....
Maîtres et témoins...(I): Frédéric Mistral.
 
 
Pour visualiser notre Album Mistral (81 photos) cliquez sur l'image ou sur le lien suivant :
 

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 Ci dessus et ci dessous, deux photos du Mas du Juge, où Mistral vit le jour le 8 septembre 1830. S'il passa toute sa vie dans son village de Maillane, Mistral y occupa trois maisons différentes. Le Mas du juge, où il naquit, fut la première, dans laquelle il passa les vingt-cinq premières années de son existence, et commença l'écriture de Miréio.

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             Alors surgit immédiatement une autre question, directement liée à la première : mais, pourquoi
             La réponse est fort simple. On peut évidemment le regretter, mais c'est ainsi: l'évolution des choses, l'histoire, a fait que le provençal est devenu, comme le grec et le latin, non pas une langue morte, mais une langue ancienne. Ce qui est bien sûr tout à fait différent.
             Il serait très difficile -et ce serait d'ailleurs tout à fait vain...- d'expliquer pourquoi et comment ce qui se passe dans la Catalogne espagnole ne s'est pas passé en Provence, à savoir le maintien d'une langue catalane extraordinairement vivace, et parlée au quotidien par plusieurs millions d'hommes et de femmes, et de jeunes. Et parlée dans tous les actes de la vie courante. Le castillan étant de fait comme une sorte de seconde langue. En France, le provençal, pas plus que les autres langues régionales d'ailleurs, n'est plus parlé au quotidien, vingt quatre heures sur vingt quatre, par l'ensemble de la population, dans l'ensemble de ses activités. Certaines langues régionales se portent peut-être un peu mieux -ou, plutôt, un peu moins mal...- que d'autres, mais le fait est là, et l'on est bien obligé d'en tenir compte.
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             En 1855, à la mort de son père, Frédéric Mistral quitte le Mas du Juge, son mas natal, et vient habiter avec sa mère à la Maison du Lézard. Il y restera vingt et un ans, jusqu'à son mariage, en 1876. Dans cette maison, il écrit "Mireio" et "Calendau". C'est aujourd'hui la bibliothèque municipale, le bureau du tourisme et le centre de recherches mistraliennes.
             C'est Mistral lui-même qui la baptisa Maison du Lézard en inscrivant au dessus d’un cadran solaire trois vers faisant référence au temps qui passe et mettant en scène un lézard.
            La traduction en est : "gai lézard, bois ton soleil, l'heure ne passe que trop vite et demain il pleuvra peut-être."

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             Faut-il donc, pour autant, se priver, se couper, des trésors que renferment -pour toujours- ces langues régionales ? Évidemment, non. Faisons une comparaison. Il ne viendrait à personne l'idée d'étudier le grec ou le latin pour aller faire ses courses en parlant grec ou latin dans les magasins ou dans le métro. Si l'on étudie ces deux langues anciennes, c'est uniquement, mais c'est l'essentiel et c'est essentiel, pour avoir un accès direct aux trésors de réflexion, de pensée, de sagesse, que renferment les textes anciens; et pour avoir un accès direct à ces oeuvres et à leurs auteurs. Tout le monde est bien d'accord là-dessus. On "fait" du grec, on "fait" du latin pour fréquenter Sénèque, Virgile ou Térence et, à leur contact, à leur lecture, les laisser nous guider vers les sommets, nous instruire, nous améliorer.
            André Malraux, dans Les voix du silence, a bien exprimé cette idée: en prenant l'exemple de Rembrandt, il parle en fait de tous les artistes du passé -mais aussi des écrivains, comme ici avec Mistral en l'occurence- lorsqu'il écrit "...non moins misérable néant si les millénaires accumulés par la glaise ne suffisent pas à étouffer dès le cercueil la voix d'un grand artiste... Dans le soir où dessine encore Rembrandt, toutes les Ombres illustres, et celles des dessinateurs des cavernes, suivent du regard la main hésitante qui prépare leur nouvelle survie ou leur nouveau sommeil..... Et cette main dont les millénaires accompagnent le tremblement dans le crépuscule, tremble d'une des formes secrètes et les plus hautes, de la force et de l'honneur d'être homme."
             Nous en sommes là maintenant, nous semble-t-il, avec le provençal, qui est maintenant à considérer de la même façon que le grec et le latin. Loin d'être une langue morte, il doit être considéré comme une langue ancienne, renfermant des trésors de sagesse et -pour Mistral- de poésie. Il peut, et il doit, donc, être connu et reconnu, pratiqué et aimé comme tel. Certes son rôle vernaculaire semble terminé, comme pour le latin et le grec; mais pas son rôle d'élévateur du coeur, de l'âme et de l'esprit.....
            Ci dessous, la troisième et dernière maison de Mistral, qu'il fit construire en 1876, au moment et à l'occasion de son mariage.
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             Voici la suite de notre évocation de Frédéric Mistral, à travers sa poésie, que nous déclinons en trois temps. Aujourd'hui, 25 mars, date anniversaire de sa mort, nous poursuivons la lecture commencée le 29 février (attribution du Prix Nobel de littérature), qui s'achèvera le 8 septembre, jour anniversaire de sa naissance. Et nous l'évoquons au moyen de deux poèmes (ou extraits) à chaque fois, soit au total six textes majeurs, qui permettront de se faire une première idée du fond de ses inspirations
             Le 29 février, nous avons lu un poème que l'on qualifiera de chrétien, tant est forte et sous-jacente partout chez Mistral cette source d'inspiration : La coumunioun di sant (La communion des saints) de 1858. Puis l'enracinement dans l'Histoire provençale et dans cette Provence charnelle, à travers ses paysages et ses villes. L'amour profond pour sa terre transparaît évidemment lui aussi partout chez Mistral: "...Se quauque rèi, pèr escasènço..." (Si Clémence était reine..., Mireille, Chant II)
            Aujourd'hui -25 mars- nous lisons un poème de combat, pourrait-on dire : I troubaire catalan (Aux troubadours catalans, partie I) de 1861. Puis, un poème peut-être un peu plus politique : A la raço latino (Ode à la race latine) de 1878.
            Ensuite -le 8 septembre- nous verrons le Mistral virgilien et homérique, paysan au sens fort et grand du terme, de l'invocation de Miréio (Mireille). Et, pour finir, l'invocation épique et historique de Calendau (Calendal).
            Il est très dommage que le logiciel de Hautetfort, l'hébergeur de ce blog, ne permette pas de mettre en paralèlle la traduction française, à droite du texte provençal. Vous devrez donc vous reporter à la fin du poème pour en connaître le sens, si vous ne connaissez pas le provençal; c'est très incommode, et nous vous prions de nous en excuser, mais nous n'y pouvons rien....
            Aujourd'hui, donc, 25 mars, deuxième partie de l'évocation (précédent, le 29 février; suivant, le 8 septembre).
     
                 III : Première partie de I Troubaire Catalan (Aux Troubadours Catalans). Le poème comprend deux Parties, de douze strophes chacune.

Fraire de Catalougno, escoutas ! Nous an di / Que fasias peralin reviéure e resplendi / Un di rampau de nosto lengo: / Fraire, que lou bèu tèms escampe si blasin / Sus lis oulivo e li rasin / De vosti champ, colo e valengo.                
Dou Comte Berenguié, fraire, bèn nous souvén, / Quand de la Catalougno adus pèr un bon vènt, / Emè si velo blanquinelo / Intrè din noste Rose, e recaupè la man / E la courouno e li diamant / De la princesso Doucinello.   
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               Blason de la Generalitat de Catalunya               
Prouvènço e Catalougno, unido pèr l'amour, / Mesclèron soun parla, si coustumo e si mour; / E quand avian dins Magalouno, / Quand avian dins Marsiho, a-z-Ais, en Avignoun, / Quauque bèuta de grand renoum, / N'en parlavias a Barcilouno                            
Cènt an li Catalan, cènt an li Prouvençau, / Se partajèron l'aigo e lou pan e la sau: / E (que Paris noun s'escalustre !) / Jamai la Catalougno en glori mountè mai, / E tu, Prouvenço, plus jamai / As agu siècle tan ilustre !                      
Li troubaire, -e degun lis a vincu despièi, -  / A la barbo di clergue, a l'auriho di rèi / Aussant la lengo poupulàri, / Cantavon amourous, cantavon libramen / D'un mounde nou l'avenimen / E lou mesprès di vièis esglàri.                      
Alor i'avié de pitre e d'aspre nouvelun: / La republico d'Arle, au founs de si palun, / Arresounavo l'emperaire; / Aquélo de Marsiho, en plen age feudau, / Moustravo escri sus soun lindau: / Touti lis ome soun de fraire.                       
Alor, d'eilamoundaut, quand Simoun de / Pèr la glori de Diéu e la léi dou plus fort, / Descaussanavo la Crousado, / E que li courpatas, abrasama de fam, / Vaulastrejavon, estrifant / Lou nis, la maire e la nisado;                     
Tarascoun, e Bèu-Caire, e Toulouso,  e Beziés, / Fasènt bàrri de car, Prouvènço, li vesiés, / Li vesiés bouie e courre is armo / E pèr la liberta peri touti counsènt.... / Aro, nous agroumoulissèn / Davans la caro d'un gendarmo !           
Segur, i'avié de chaple à grand cop de destrau, / E la lucho de-longo, e pertout plago e trau; / Mai lou fio caufo, se devoro ! / Alor avian de Conse, e de grand cièutadin / Que, quand sentien lou dre dedin, / Sabièn leissa lou rèi deforo.   
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Les remparts d'Avignon
Fuguessias rèi de Franço, e Louis Vue voste noum, / E cènt milo Crousa vosto armado, Avignoun / A si pourtau metié la tanco. / La vilo èro esclapado, èro espoutido à plat... / Mai noste libre Counsulat / Avié fa tèsto à l'armo blanco.                            
De Pèire d'Aragoun, fraire, bèn nou souvèn : / Segui di Catalan, venguè coume lou vènt, / Brandant sa lanço bèn pounchudo. / Lou noumbre e lou malastre aclapon lou bon dre : / Davans li bàrri de Muret / Soun touti mort à nosto ajudo !                    
Tambèn, coume lou clergue emè lou capelan, / Despièi, lou Prouvençau respond au Catalan / A travès l'oundo que souspiro; / A travès de la mar, tambèn, i'a de moumen, / Vers Barcilouno tendramen / Barcilouneto se reviro.   
                      Proposition de transcription en français:   
Frères de Catalogne, écoutez ! On nous a dit / Que vous faisiez au loin revivre et resplendir / Un des rameaux de notre langue: / Frères, que le beau temps épanche ses ondées / Sur les olives et les raisins / De vos champs, collines et vallées !
Du Comte Bérenger, frères, il nous souvient bien, / Quand de la Catalogne amené par un bon vent, / Avec ses voiles blanches / Il entra dans notre Rhône, et qu'il reçut la main / Et la couronne et les diamants / De la princesse Douce.
Provence et Catalogne, unies par l'amour, / Mélèrent leur langage, leurs coutumes et leurs / Et quand nous avions dans Maguelonne, / Quand nous avions à Marseille, à Aix, en Avignon, / Quelque beauté de grand renom, / Vous en parliez à Barcelone.
Cent ans les Catalans, cent ans les Provençaux / Se partagèrent l'eau, et le pain, et le sel: / Et (que Paris n'en prenne pas ombrage !) / Jamais la Catalogne ne monta plus haut en gloire, / Et toi, Provence, plus jamais / Tu n'as eu siècle aussi illustre !
Les Troubadours, et nul ne les a vaincus depuis, / A la barbe des clercs, à l'oreille des rois / Elevant la langue du peuple, / Chantaient avec amour, et chantaient librement, / L'avènement d'un monde neuf / Et le mépris des vieilles peurs.
Alors dans les poitrines montait un âpre renouveau: / La république d'Arles, au fond de ses marais, / Parlait en face à l'empereur; / Et celle de Marseille, en plein âge féodal, / Montrait ces mots, écrits sur son seuil : / Tous les hommes sont frères !
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Simon de Montfort
Alors, du septentrion, quand Simon de Montfort / Pour la gloire de Dieu et la loi du plus fort / Déchaînait la croisade, / Et que les noirs corbeaux, les corbeaux affamés / Voletaient, déchirant / Le nid, la mère et la nichée;
Tarascon et Beaucaire, et Toulouse et Béziers, / Faisant rempart de chair, Provence, tu les vis, / Tu les vis, bouillonants, courir aux armes, / Et pour la liberté périr, tous d'un seul coeur.... / Aujourd'hui, nous nous blotissons / Devant la face d'un gendarme !
Il y avait, sans doute,des tueries à grands coups de hache, / Et la lutte incessante, et partout plaies et trous; / Mais le feu chauffe, s'il dévore ! / Alors nous avions des consuls et des grands citoyens / Qui, quand ils sentaient le droit dedans / Savaient laisser le roi dehors.
Fussiez-vous roi de France, et Louis VIII votre nom, / Et cent mille Croisés votre armée, Avignon / Barricadait ses portes.  / La ville était brisée, était broyée, rasée... / Mais notre libre Consulat / Avait fait face à l'arme blanche.
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Bataille de Muret, 1213, Miniature des Grandes Chroniques de france, 1375-1379
De Pierre d'Aragon, frères, il nous souvient bien: / Suivi des Catalans, il vint comme le vent, / Brandissant sa lance bien pointue. / Le nombre et le destin accablent le bon droit : / Devant les remparts de Muret / Ils moururent tous à notre aide !
Aussi, comme le clerc avec le prêtre, / Depuis le Provençal répond au Catalan / A travers l'onde qui soupire; / A travers la mer, aussi, à certaines heures, / Vers Barcelone tendrement / Barcelonette se retourne.
                            
            IV : Un poème plus politiqueA la raço latino (Ode à la race latine).

                  Ci dessous, les cinq Etats latins d'Europe; aux cinq langues de ces pays, s'ajoutent la Catalan et bien sûr le Provençal pour faire les sept branches de ce grand fleuve qu'est la langue latine et qu'évoque le poète dans la deuxième strophe.
                  Le refrain de quatre vers Aubouro te, raço latino... s'intercale entre chaque strophe.
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Aubouro-te, raço latino, / Souto la capo dou souléu ! / Lou rasin brun boui dins la tino, / Lou vin de Dièu gisclara lèu.                   
Emé toun pèu que se desnouso / A l'auro santo dou Tabor, / Tu siés la raço lumenouso / Que viéu de joio e d'estrambord; / Tu siés la raço apoustoulico / Que sono li campano a brand: / Tu siés la troumpo que publico / E siés la man que trais lou gran.           
Ta lengo maire, aquéu grand flume / Que pèr sèt branco s'espandis, / Largant l'amour, largant lou lume / Coume un resson de Paradis, / Ta lengo d'or, fiho roumano / Dou Pople-Rèi, es la cansoun / Que rediran li bouco umano, / Tant que lou Verbe aura resoun.     
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En trois ans -du 20 septembre 1519 au 6 septembre 1522-
Magellan et El Cano réalisent le premier tour du monde....
Toun sang ilustre, de tout caire, / Pèr la justiço a fa rajou; / Pereilalin ti navegaire / Soun ana querre un mounde nou; / Au batedis de ta pensado / As esclapa cènt cop ti rèi... / Ah! se noun ères divisado, / Quau poudriè vuei te faire lèi?               
A la belugo dis estello / Abrant lou mou de toun flambèu, / Dintre lou mabre e sus la telo / As encarna lou subre-bèu. / De l'art divin siés la patrio, / E touto gràci vèn de tu : / Siés lou sourgènt de l'alegrio / E siés l'eterno jouventu !               
Di formo puro de ti femo / Li panteon se soun poupla; / A ti triounfle, a ti lagremo, / Touti li cor an barbela; / Flouris la terro quand fas flori; / De ti foulié cadun vèn fou; / E dins l'esclussi de ta glori / Sèmpre lou mounde a pourta dou.   
 
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 La Vénus d'Arles.     
Ta lindo mar, la mar sereno / Ounte blanquejon li veissèu, / Friso a ti pèd sa molo areno / En miraiant l'azur dou cèu. / Aquelo mar toujour risènto, / Diéu l'escampè de soun clarun / Coume la cencho trelusènto / Que déu liga ti pople brun.                        
Sus ti coustiero souleiouso / Crèis l'oulivié, l'aubre de pas, / E de la vigno vertuiouso / S'enourgulisson ti campas: / Raço latino, en remembranço / De toun destin sèmpre courous, / Aubouro-te vers l'esperanço, / Afrairo-te souto la Crous !                       
Aubouro-te, raço latino, / Souto la capo dou souléu ! / Lou rasin brun boui dins la tino, / Lou vin de Dièu gisclara lèu !              
                 Proposition de transcription en français :
Relève-toi, race latine, / Sous la chape du soleil ! / Le raisin brun bout dans la cuve, / Et le vin de Dieu va jaillir.
Avec ta chevelure dénouée / Aux souffles sacrés du Thabor, / Tu es la race lumineuse / Qui vit de joie et d'enthousiasme; / Tu es la race apostolique / Qui met les cloches en branle: / Tu es la trompe qui publie, / Tu es la main qui jette le grain.
Ta langue mère, ce grand fleuve / Qui se répand par sept branches, / Versant l'amour et la lumière / Comme un écho du Paradis, / Ta langue d'or, fille romane / Du Peuple-Roi, est la chanson / Que rediront les bouches humaines / Tant que le Verbe aura raison.
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Ton sang illustre, de toutes parts, / a ruisselé pour la justice; / Au loin, tes navigateurs / Sont allés découvrir un monde nouveau. / Au battement de ta pensée / Tu as brisé cent fois tes rois. / Ah, si tu n'étais pas divisée, / Qui pourrait, aujourd'hui, re dicter des lois ?
Allumant ton flambeau / A l'étincelle des étoiles, / Tu as, dans le marbre et sur la toile, / Incarné la suprême beauté. / Tu es la patrie de l'art divin, / Et toute grâce vient de toi: / Tu es la source de l'allégresse, / Tu es l'eternelle jeunesse !
Des formes pures de tes femmes / Les panthéons se sont peuplés. / A tes triomphes, comme à tes larmes, / Tous les coeurs int palpité. / La terre est en fleur quand tu fleuris; / De tes folies chacun s'affole; / Et dans l'éclipse de ta gloire, / Toujours le monde a pris le deuil. 
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Ta mer limpide, la mer sereine / Où blanchissent les vaisseaux, / Crêpe à tes pieds son sable doux / En reflétant l'azur du ciel. / Cette mer, toujours souriante, / Dieu l'épancha de sa splendeur, / Comme la ceinture étincelante / Qui doit lier tes peuples bruns.
Sur tes côtes ensoleillées / Croît l'olivier, l'arbre de paix, / Et de la vigne vertueuse / S'ennorgueillissent tes campagnes: / Race latine, en souvenance / De ton passé toujours brillant, / Elève-toi vers l'espérance/ Et fraternise sous la Croix !
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Le tombeau de Mistral à Maillane, réplique du Pavillon de la Reine Jeanne, des Baux de Provence (Val d'enfer).
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