dimanche 7 octobre 2012

MUSCADINS : ANCETRES DES CAMELOTS DU ROI


Les Inc'oyables & les Me'veilleuses et les Muscadins

Publié le 06/10/2012
par konigsberg


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Vous êtes Inc'oyable et vous vous êtes Me'veilleuse

Les Incroyables et Merveilleuses sont un courant de mode de la France du Directoire caractérisé par sa dissipation et ses extravagances, en réaction à la sombre tristesse qu'avait répandue la vermine révolutionnaire durant Terreur.
Le 27 juillet 1794, la chute de cette ordure de Robespierre marqua le début de la réaction thermidorienne. Dès le lendemain de la mort sur l’échafaud de cette crasse rouge, on vit reparaître les carrosses ; il y eut de nouveau des maîtres et des domestiques. Quand la loi du maximum fut abolie, et surtout, quand le Directoire eut succédé à la Convention, les magasins se signalèrent par leurs étalages.


Au lendemain de la Terreur, les Français sortis des prisons ou revenus d’exil, ou tout simplement soulagés de voir la fin de la Terreur, se jetèrent avec frénésie dans tous les plaisirs.
Parmi les trente ou quarante théâtres et 644 bals publics qui faisaient recette, il y avait les bals des victimes, où n’étaient admis que ceux qui affirmaient avoir perdu des parents par l’échafaud, où l’on dansait en habits de deuil, et où l’on saluait d’un coup sec de la tête, comme si elle eût été frappée du couteau de la guillotine. Dans les théâtres, on applaudissait les allusions qui semblaient avoir trait au jacobinisme, à la tyrannie ; la « jeunesse dorée », les muscadins, ainsi nommés parce que le parfum du musc et celui de la muscade faisaient alors fureur, applaudissaient les allusions hostiles à la République.

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On vit aussi, à cette époque, plusieurs parvenues du jour, illustrées par le personnage caricatural Madame Angot, offrir le spectacle burlesque de se travestir en merveilleuses et porter les vêtements grecs avec une risible et ridicule gaucherie.
Carle Vernet a donné, dans ses caricatures d’Élégants de 1795, d’Incroyables et de Merveilleuses du Directoire, de curieux spécimens du costume des classes oisives qui obtinrent un succès populaire.
En l’an III parut le Journal des Incroyables « ou les hommes à pa’ole d’honneu’ », par Car. — Diatribe contre les Incroyables.





Si la chute de Robespierre sonne le glas des espérances révolutionnaires, elle marque aussi le réveil des royalistes parisiens.

A la jeunesse jacobinne, vêtue "à la sauvage", volontairement sale et volontiers ordurière ("une propreté affectée devient ridicule", écrit le conventionnel Charlier, c'est ce que les sans-culottes ont appelé ingénieusement la propreté "muscadine") s'oppose la jeunesse royaliste, élégante à l'excès, raffinée, affectant de parler un langage des plus chatiés sans toutefois prononcer la lettre "R", par haine de la révolution. Outrancièrement parfumés de musc, ils vont être surnommés "les Muscadins".
L'excentricité des Muscadins, plus qu'une simple mode, révèle leur attitude contre-révolutionnaire.


Portent-ils des vestes étriquées de couleur verte? C'est que le vert est la couleur du Comte d'Artois. Leurs cols et parements sont-ils noirs? C'est pour rappeler la mort du Roi.
S'ils arborent, inévitablement dix sept boutons de nacre c'est bien évidemment en l'honneur de l'orphelin de la prison du Temple, Louis XVII. Leurs long cheveux tressés en cadenettes pendants des deux côtès de leurs joues sont bien utiles pour amortir les coups de gourdin, de sabre ou de hachoir que l'on prend parfois dans les bagarres contre les sans-culottes. Quant à l'énorme cocarde tricolore qu'ils fixent à leur chapeau, elle peut en un instant, grâce à un subtil mécanisme, se métamorphoser en une resplendissante cocarde blanche.


Ils sont près de 3000 à Paris, recrutés principalement parmi les étudiants, les garçons de courses et les employés de commerce. Dans leur quartier général du Palais Royal, ils paradent, lisent et commentent les gazettes royalistes, se réunissent au café de Chartres, leur état-major, ou à celui de la Foi, l'ancien café des chevaliers de St Louis, d'où ils partent par bandes écumer le pavé parisien.
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Malheur au sans-culotte avéré, au terroriste non repenti qui les croise, plus d'un de ces "culs-crottés" gôutera du "rosse coquin", le gourdin ferré des Muscadins. De véritables batailles rangées ont parfois lieu entre révolutionnaires et royalistes, après lesquelles la police ramasse morts et blessés.
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Peuple français, peuple de frères,
Peux-tu voir sans frémir d'horreur
Le crime arborer les bannières
Du carnage et de la Terreur ?
...
Le jour tardif de la vengeance
Fait enfin pâlir vos bourreaux !



Rapidement on passe des paroles aux actes. Les "muscadins", représentants de cette jeunesse dorée, bas blanc, collet noir, large cravate, botte basse et oreille de chien, armés de leur "pouvoir exécutif" (un gourdin) arpentent les rues de la capitale.

Malheur aux sans-culottes ou aux bonnets-rouges qui viendraient à croiser leurs chemins. Ils molestent les colporteurs des derniers journaux jacobins, fouettent les anciennes tricoteuses et brisent les bustes de Marat dans les lieux publics.
Un journal jacobin "Le Journal des Hommes Libres" écrit dès fructidor "Entendez les plaintes des patriotes opprimés par l'aristocratie qu'on lâche si imprudemment !". L'aristocratie n'a cependant pas grand chose à voir avec ces muscadins, ce ne sont que des bourgeois entraînés par Fréron et Tallien.

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Corrompu, Fréron s'est jeté dans la réaction et manie le gourdin muscadin après avoir manié "la massue cordelière" à Marseille et à Toulon. Tallien, accompagné de sa femme la célèbre Therezia Cabarrus "Notre-Dame de Thermidor", gravite plus haut en politicien rusé. Sous ces diverses pressions, la Convention évolue. Le 21 août on évoque la nécessaire réintégration des Girondins qui sera faite le 8 décembre 1794 (18 frimaire an III).
Petit à petit la droite de la Convention se renforce et la réaction ne cesse de s'amplifier. Le 16 octobre un décret de la Convention détache le club des Jacobins de ses filiales et interdit aux sociétés populaires de se confédérer. Le 9 novembre le club des Jacobins est attaqué par les muscadins, puis le 12 novembre (22 brumaire an III) le club est fermé sur ordre de la Convention. Le 2 décembre (12 frimaire an III) une habile amnistie était offerte à la Vendée.
Pour donner le change, les Thermidoriens faisaient également célébrer l'anniversaire du 21 janvier commémorant "la juste punition du dernier roi des Français". Les faubourgs ne s'y trompaient pas estimant selon les dires de la police :"qu'on ferait mieux de lui procurer de la farine que de décider des fêtes". Le 8 février 1795 (20 pluviose an III), les cendres de Marat sont expulsées du Panthéon.
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Le développement et la hargne des Muscadins sont tels que bien vite, les sans-culottes se trouvent ramenés dans les limites de leurs faubourgs.

Le gouvernement commence à craindre une réaction royaliste. Les 12 et 13 vendémiaires 1795 (5 octobre 1795), 25000 royalistes prennent les armes à Paris. Les combats font rage. Les insurgés, repoussés, sont écrasés au canon sur les marches de l'Eglise St Roch par un "général" au régimisme de circonstance, Bonaparte le futur boucher de la jeunesse française. Le mouvement royaliste est laminé, les chefs se terrent, les Muscadins sont cassés par la police et les sections "loyalistes".

Massacre des Muscadins par le calamiteux bonaparte devant l'Eglise Saint Roch à Paris

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Les Muscadins ancêtres des Camelots du Roi?

On ne peut en toute honnêteté franchir le même pas même si la filiation politique est évidente.
Il faut cependant souligner le courage, la volonté, la foi et "l'esprit camelot" avant l'heure dont fit preuve la jeunesse royaliste muscadine. Le rôle politique incontestable qu'elle joua pendant cette période troublée mérite en tous cas [...] d'être rappelé
 

(camelots en 1934)

 
actuels Camelots du Roi

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