"L'APPAT" (FLEUR D'ORIENT) CONDAMNEE A QUATRE MOIS FERMES...
Un an de prison pour le geôlier amoureux
Dans son livre, Florent Gonçalves plaide qu'il a été aveuglé par l'amour. Crédits photo : MARTIN BUREAU/AFP
Florent Gonçalves a été condamné pour sa relation en prison avec l'«appât» du «gang des barbares».
Lorsque, emmitouflée dans une parka informe, Emma A. entre dans la salle d'audience du tribunal de Versailles, Florent Gonçalves se lève d'un bond, lui cède sa chaise alors qu'il y en a deux autres disponibles, et s'assied derrière elle. Peu après, l'ancien directeur de la maison d'arrêt de Versailles, chassé de la Pénitentiaire, est à côté de celle dont il était tombé amoureux et qui a causé sa chute. Elle a ramené ses cheveux en un chignon enserré dans un tissu saumon qui évoque une sobre guirlande de fleurs.
Au début, elle semble ne pas prêter attention à lui. Mais soudain, le président, qui rappelle d'une voix lénifiante les faits poursuivis, s'interrompt et interpelle l'ancien fonctionnaire: «Vous allez changer de chaise. Je vous vois communiquer avec votre coprévenue, je n'apprécie pas que vous lui glissiez des mots à l'oreille.»
Le magistrat, peu avant, avait eu quelques difficultés à obtenir de M. Gonçalves - qui encourt trois ans de prison - le montant de l'avance versée par l'éditeur de son livre, qui sort jeudi. «30.000 €», finit par murmurer l'homme en costume vert-de-gris. Le magistrat relate ensuite les événements troublants survenus au sein de la maison d'arrêt de Versailles en 2009-2010.
Les visites incessantes du directeur à Emma A., détenue provisoirement dans le cadre de la tragique affaire Halimi (l'«appât» du «gang des barbares» a été condamnée à neuf ans de prison par les assises du Val-de-Marne).
La page Facebook ouverte par lui pour elle.
Le pseudonyme qu'il lui avait choisi: «Fleur d'Orient». Les puces et appareils téléphoniques en circulation libre dans la cellule n°30 - un ancien surveillant est également poursuivi dans ce dossier. Le sobriquet attribué par les autres détenues à «Fleur d'Orient», d'origine iranienne: «la directrice».
Les photos d'elle, «suggestives», envoyées au directeur.
Il a déjà tout perdu
Au micro, Florent Gonçalves est emprunté. Dans son livre, il plaide qu'il a été aveuglé par l'amour. Mais devant ses juges, il se défend pied à pied, conteste les charges, donne l'impression qu'on l'importune en lui demandant des comptes alors qu'il a déjà tout perdu - emploi, logement, compagne. « J'ai été excommunié sans procès, révoqué sur une simple lettre du parquet », se lamente-t-il.
Emma A., elle, ne souhaite pas commenter sa liaison avec le directeur déchu. «Je n'ai jamais cherché à le séduire», affirme-t-elle.
Le président: «Cela a duré combien de temps?»
La prévenue: «Comment ça?»
Le président, si mollasson tout à l'heure pendant son exposé, soudain vindicatif: «Je parle français, non?»
La prévenue: «Longtemps. Je n'ai pas envie d'en parler, c'est ma vie privée.»
Pendant ce temps, la représentante du ministère public fourbit ses armes. Elle se lève en fin d'après-midi et ne fait pas dans la demi-mesure. À ses yeux, M. Gonçalves est «quelqu'un de très dangereux» qui va jusqu'à « rentabiliser sa comparution pour des faits très graves» en publiant un livre - il est vrai que le coup éditorial n'est sans doute pas, judiciairement, bien malin. Aucun des trois prévenus ne trouve grâce aux yeux du procureur, qui brosse d'Emma A. le portrait d'un Machiavel de cachot, accumulant «stratagèmes, micmacs et magouilles». M. Gonçalves? Un bêta «manipulé par une jeune femme de 23 ans condamnée aux assises», mais aussi un homme pétri de duplicité qui, horresco referens, «entretient des relations sexuelles avec deux femmes» (sa compagne et Emma) - à noter que l'adultère n'est pas un délit, pas plus que les relations intimes consenties au sein de la maison d'arrêt. L'ancien surveillant, également révoqué, en prend pareillement pour son grade. Les peines requises sont d'une sévérité extrême: trois ans de prison dont un ferme pour les hommes, deux ans dont un ferme pour la femme. Florent Gonçalves a finalement été condamné à deux ans de prison dont un ferme et 10.000 € d'amende, le surveillant à dix-huit mois dont neuf ferme, Emma à un an de prison dont quatre mois ferme.
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