jeudi 21 juillet 2011

ESCROCS SANS FRONTIERES


Nos humanitaires et nous : anecdote

Ai reçu ce jour un appel. Au bout du fil, la charmante voix d’une télévendeuse, dont le roucoulant accent maghrébin ne laisse aucun doute, non plus que l’ambiance de fourmilière en arrière-fonds : la demoiselle m’appelle depuis une plateforme située au Maroc, en Tunisie ou en Algérie.

Qu’a-t-elle donc à me vendre ? De l’humanitaire ! Et pas n’importe lequel : Médecins sans frontières. L’obole sollicitée est minime, puisqu’elle se monte à 1 € par semaine. Jouant les candides, je laisse parler mon interlocutrice :

- « Nous sommes une organisation totalement indépendante politiquement, qui aide les populations en Afrique ou ailleurs », etc.

Réaction faussement étonnée de ma part :

- « Vous savez madame, je pense qu’il y a assez à faire en France, et assez de malheureux à aider ici ».

- « Oui, mais il y a déjà beaucoup d’organisations ; et puis, Médecins sans frontières fait aussi des actions en France. Par exemple, nous avons contribué à la création de la CMU ».

- « Ce n’était pas vraiment une riche idée ! »

- « Et puis nous avons aussi participé à la mise en place de l’AME, l’Aide médicale d’Etat ».

- « Encore mieux ! C’est une escroquerie, l’AME : on dépense des millions pour des clandestins, qui sont mieux traités que des français ou des étrangers en situation régulière ! ».

- « Euh, je respecte votre avis… ».

Salutations d’usage et fin de la discussion.

Deux constats :

1) Quoi qu’en prétendent leurs commerciaux, les organisations humanitaires ne sont pas – dans leur immense majorité – indépendantes des pouvoirs politiques : elles vivent partiellement de subventions publiques, bénéficient des canaux de diffusion des Etats, et ne manquent pas de faire appel à eux dès lors qu’un militant trop zélé est enlevé. Délibérément, elles concourent à la dictature intellectuelle et morale de masse voulant que l’on accorde plus d’intérêt à son lointain qu’à son prochain, favorisant de facto une forme dévoyée de mondialisation. Notion hautement politique s’il en est !

2) Sans doute comme ses organisations sœurs, Médecins sans frontières use de méthodes économiques et managériales semblables à celles des groupes privés : délocalisation du travail vers des pays à faibles coûts salariaux, mise en place de plateformes téléphoniques dont on connaît le caractère anxiogène pour les employés, du fait des cadences imposées, et autres joyeusetés.

Compatible avec une réelle éthique de l’humain ?


[FV / Photo : D.R.]

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