LES PROTESTANTS N'APPRECIENT PAS BEAUCOUP LES MINARETS
En France, un protestantisme à deux vitesses s’esquisse
Rendu public jeudi 18 novembre à l’occasion d’un colloque organisé par le CNRS (1), un sondage Ifop sur les protestants en France, réalisé pour l’hebdomadaire « Réforme », la Fédération Protestante de France, « La Croix » et l’EHESS, confirme l’émergence d’un nouveau protestantisme évangélique
Cliquez sur l'infographie pour l'afficher en grand format Un protestant sur quatre assiste chaque semaine au culte (26 %), un sur trois lit la Bible au moins une fois par semaine (34 %) et près d’un sur deux dit prier chaque jour (45 %)… Avec 39 % de pratiquants réguliers, la minorité protestante, qui représente entre 2,5 % et 2,8 % de la population de l’Hexagone, affiche à l’évidence une bonne santé. « On en a fini avec la thématique du protestantisme “peau de chagrin”, appelé à se diluer dans le monde moderne », relève le sociologue Sébastien Fath, qui voit même « une très légère augmentation » de la part du protestantisme en France depuis 10 ans. Tandis que son collègue Jean-Paul Willaime, directeur à l’École pratique des hautes études (Ephe), s’étonne de constater que « contrairement au schéma classique de la sociologie des religions selon lequel plus on est jeune, moins on pratique », les protestants de moins de 35 ans, toutes sensibilités confondues, sont plus pieux que leurs aînés. Pour autant, ce premier constat de l’enquête Ifop réalisée pour Réforme , La Fédération protestante de France, "La Croix" et l’École des hautes études en sciences sociales (Ehess), ne doit pas occulter les disparités de cette « famille recomposée ». L’importance prise par le pôle évangélique
Recompositions contemporaines du protestantisme
Les protestants convergent sur les questions sociales
En politique, l’attachement à la laïcité est relativement identique. Il est intéressant de noter qu’une large majorité des protestants (61 %) pense que les minarets, et donc la présence de mosquées, ne sont pas compatibles avec l’identité de la France, 36 % d’entre eux étant d’un avis contraire. En réalité, les clivages ne sont pas tant politiques qu’éthiques : les écarts sont de fait particulièrement forts sur le droit à l’avortement, la bénédiction des couples homosexuels et le choix du moment de sa mort.
Evangéliques : positions plus conservatrices
Dernier enseignement de ce sondage : les luthéro-réformés apparaissent un peu plus ouverts à la perspective de relations plus étroites entre catholiques et protestants, sans que la distinction avec les évangéliques soit très forte sur le sujet.
Quels que soient les différences ou les clivages, il serait abusif de parler de « deux mondes protestants », soutient Sébastien Fath, rappelant les nombreuses passerelles existantes, notamment la part significative de réformés et de luthériens de sensibilité évangélique.
Le défi principal reste « celui qui attend toutes les familles recomposées », estime-t-il : « conjuguer diversité, flexibilité, élargissement et esprit de famille ».
Céline HOYEAU
(1) Les protestants en France, une famille recomposée. État des lieux et repères. Du 18 au 20 novembre. Amphithéâtre « Bourgogne », 8 rue d’Athènes, Paris 9e.
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