SUR LE SITE DE JEAN-GILLES MALLIARAKIS
Communisme impuni et totalitarisme
"M. William Hinton, auteur bien connu de divers livres sur la Chine contemporaine, se trouvait à Pékin au moment des massacres. Je lis dans les journaux qu'il a vigoureusement dénoncé ces atrocités. On ne peut naturellement que partager son indignation, mais le langage dans lequel il l'exprime, semble trahir une étonnante confusion d'idées - hélas ! très répandue. Selon lui, en effet, les dirigeants qui ont ordonné les massacres « ne sont pas des communistes ; ce sont des fascistes.»Ce passage figure dans la préface publiée sous le titre "20 ans après", en 1989, au lendemain de la répression de la place Tian An-men et il me semble qu'il faille l'opposer à toutes les feintes dialectiques de toutes les fausses bonnes consciences (3). Le retournement sémantique du mot "totalitarisme" n'échappe donc pas à ces détournements de sens. Dans le vocabulaire mussolinien le "totalitarisme" se réduisait en définitive à une vision "étatiste" de la société que, certes, il convient de récuser du point de vue libéral comme du point de vue chrétien, et à cet égard il l'a été, mais qu'on ne peut confondre avec l'horreur du communisme, intrinsèquement pervers. On doit noter d'ailleurs une manipulation sémantique grossière fabriquée par l'appareil de propagande soviétique : la confusion entre fascisme et national-socialisme. Dans la novlangue précitée, la "grande guerre patriotique" n'est pas supposée avoir opposé, entre 1941 et 1945, l'URSS à l'Allemagne hitlérienne. Elle aurait été dirigée contre le "fascisme" en général, et contre "l'Allemagne fasciste" en particulier. Cet abus de langage, cette litote surprenante, constamment réitérée à l'est, se trouve rarement relevée à l'ouest. Or, ils se trompent ceux qui penseraient que tout cela appartient au passé. Dans l'article publié en mai 2005, pour le 60e anniversaire de la victoire, sous la signature de Vladimir Vladimirovitch Poutine dans Le Figaro, l'antienne réapparaissait sans pudeur. On fêtait en somme, à suivre VV Poutine, la victoire des "démocraties", URSS stalinienne comprise, sur le "fascisme". Et d'inclure par conséquent Joseph Vissarionovitch Staline au sein de la grande famille des démocrates. Au fond de l'enfer où il rôtit nécessairement le "Petit Père des peuples" en rigole certainement encore. "L'antifascisme", il connaît. Il a lui-même forgé le concept dans les années 1930 en utilisant son génial propagandiste Willy Mützenberg (4) et son compère tchèque Otto Katz. Quiconque combat réellement le communisme, et par là même, le totalitarisme s'expose à se voir cloué au pilori comme "fasciste", et l'a été d'une manière ou d'une autre. En ce sens on se retrouve, comme dans les geôles de la plupart des révolutions, entre gens classés de la sorte "ennemis du peuple", le plus souvent en excellente compagnie. (5) Je sais, je choque, mais je préfère choquer ainsi, en disant la vérité que de mourir idiot.
On peut formuler bien des accusations à l'endroit des dirigeants chinois, la seule chose qu'on ne saurait leur reprocher, c'est de ne pas s'être comportés en communistes. Le fond du problème, précisément, c'est qu'ils ont agi purement et exclusivement en communistes. Les comparer à des fascistes ', c'est recourir à un bien chétif lumignon pour éclairer le tableau. On pourrait aussi bien comparer la férocité d'un tigre du Bengale à celle d'un chat de gouttière.
D'un point de vue communiste, on ne saurait même pas condamner la sottise des massacres. Non seulement ils étaient nécessaires, mais leur logique apparaît impeccablement léniniste."
ApostillesJG Malliarakis
- Pour le Livre Noir du communisme qu'il a dirigé, bien sûr, mais aussi pour l'ensemble de son œuvre.
- Les "petites intrigues" que les mencheviks reprochaient déjà à Lénine s'inscrivent à la suite des écœurants grenouillages et des dénonciations sectaires auxquels se livrait Marx lui-même, de son vivant, au sein de l'Internationale. Edmond Laskine dans son livre "l'Internationale et le pangermanisme" les a remarquablement et précisément décrites. Ce travail, hélas sombre dans une explication, liée à la date de ce livre publié en 1916. Elle ne nous semble pas tenir la route : il s'agirait d'une vaste élimination, par les "méchants" allemands (il consacra un petit volume, dans le même esprit, aux "Socialistes du Kaiser") des "bons" socialistes français. Ces derniers peuvent être effectivement considérés comme plus libertaires, plus attachants, s'agissant de Proudhon, mais d'autres, parmi nos compatriotes, se révèlent au moins aussi "totalitaires" si l'on pense à Blanqui et/ou aux utopistes, aux communards ou aux saint-simoniens, etc. D'autre part, les crimes du stalinisme ont été préparés et mis en place par Lénine, continuateur de Blanqui et de Netchaïev, mais aussi par certains aspects, fort peu "humanistes", de l'œuvre de Marx et d'Engels, ne l'oublions jamais.
- cf. "Les Habits neufs du président Mao" édition 1989 du Livre de Poche Essais N° 4112 p. 7.
- Évidemment liquidé lors de la période d'alliance entre Staline et Hitler. On doit recommander à son sujet l'ouvrage de Stephen Koch "La fin de l'innocence" (tr. de l'américain, Grasset 1995)
- Un passage du "Zéro et l'Infini" d'Arthur Koestler, livre culte de notre jeunesse, doit être rappelé : celui où le héros, originellement communiste lui-même, se réjouit de découvrir dans sa prison "enfin un authentique contre-révolutionnaire".
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Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique sur le site de Lumière 101
(www.insolent.fr)
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