mercredi 4 novembre 2009

0.I.F.E : ACTES DE BARBARIE A DREUX



Justice : Cinq ans pour Faouzi ben Gatta

Publié le 02 novembre 2009

En octobre 2008, la victime avait été rouée de coups. Elle était morte un mois après.

Deux mineurs de quinze et... onze ans sont également poursuivis.


La victime ? Elle est morte un mois après son passage à tabac.

Côtes fracturées, poumons endommagés, visage si tuméfié que les ambulanciers eux-mêmes en seront « impressionnés »... De fait, la liste des blessures que ce
père de famille drouais a subies dans la nuit du 11 au 12 octobre 2008 en dit long sur la violence de la scène et sur la teneur d'un procès qui a frôlé la cour d'assises pour finalement se tenir devant le tribunal correctionnel de Chartres.

Des blessures que le président Gilles Pacaud résume en un mot : « tortures ».


À deux doigts des assises
Alors hier, le climat était lourd au moment de juger Faouzi Ben Gatta, 36 ans, détenu depuis les faits.
Bien sûr, juridiquement, on ne lui reprochait pas la mort de la victime.

Une expertise médicale a conclu que les seules blessures n'avaient pas suffi à provoquer le décès, mais qu'une pathologie antérieure avait joué son rôle.
À un cheveu des assises, le prévenu ne répondait donc au final « que » de violences volontaires.

Mais dans le prétoire, difficile d'écarter la triste fin de cette soirée de violence débridée de la part du prévenu, mais aussi, et c'est peut-être aussi ce qui fait de ce procès un procès hors norme, de la part de deux mineurs, qui seront quant à eux jugés par le tribunal pour enfants.

Deux très jeunes mineurs : l'un avait quinze ans tout juste
au moment des faits, l'autre... onze.

Bien évidemment absents du procès en correctionnelle, ces adolescents auront malgré tout participé aux débats par le biais des lectures de leurs déclarations. Incontournable.

Car Faouzi Ben Gatta leur a toujours attribué la très grande majorité des violences. Lui ne reconnaît qu'une « gifle » et « deux ou trois coups de poing ». À l'en croire, il aurait même insisté pour appeler les pompiers. Mais la victime s'y serait opposée...

Car pour comprendre, il faut rappeler que les deux hommes ne sont pas ennemis jurés, loin de là. « C'était un ami », soutient Faouzi Ben Gatta.

Ce soir-là, si Pascal, 42 ans, passe voir le prévenu chez lui, aux Bâtes, c'est, comme souvent, pour boire un verre.
Plusieurs, plutôt. Car Faouzi Ben Gatta a déjà, à 35 ans, un long passé d'alcoolisme qui lui a valu plusieurs cures, un placement sous curatelle en 2007 et quelques déboires avec la justice.

Son casier atteste de plusieurs condamnations pour violences. Il était au moment des faits sous bracelet électronique et comparaissait en récidive.

« Allez-y, vous pouvez taper... »

Cette soirée comme une autre va basculer pour une broutille. Une insulte que Pascal va lâcher et c'est la première gifle. Puis une autre, et une autre. Des témoins, il y en a pour le dire. Les deux mineurs, mais aussi l'amie de Faouzi Ben Gatta, qui, trop « terrorifiée » pour protester, a été quant à elle condamnée à cinq mois avec sursis pour non assistance à personne en danger.
Tous trois parleront des mêmes choses : de ces menaces de mort ; de cette lame exhibée ; de ces coups qui pleuvent, sur le corps, au visage, avec les mains, avec les pieds. « Il l'écrasait comme un insecte, avec le plat du pied », dira un des mineurs. De ces encouragements aux plus jeunes : « Allez-y, vous pouvez taper ».

Du sang sur les murs:

Eux reconnaîtront lui avoir « sauté dessus à pieds joints », d'où les côtes fracturées et l'hémothorax.
Ils admettront avoir inventé une nouvelle manière de « ping pong » : avec la tête de la victime.


La scène durera deux heures au bas mot. Jusqu'à ce que Pascal s'écroule.
« Il a la bouche tellement tuméfiée qu'il ne peut plus parler, rappellera la partie civile, Me Ingrid Babin-Grison.
Il gémit. Et la réponse c'est : “Ferme ta gueule et dors...” ».

Pascal parviendra à rentrer chez lui, seul, au matin, couvert de bleus et de sang.
« L'appartement porte encore des traces sur les murs... » , soulignera le président, Gilles Pacaud. Il sera hospitalisé le lendemain à Orléans où il mourra le 11 novembre.

Faouzi Ben Gatta ?

Il nie presque tout. Les autres « se sont concertés », forcément.

Des objections que le ministère public, Alain Déjardin, va balayer, estimant bien édulcorée cette version d'une scène « digne d'Orange mécanique ».
Et de requérir cinq ans ferme, au-delà de la peine plancher (4 ans) prévue pour la récidive.
La défense, Me Anne-Gaëlle Le Roy, elle, a tenté d'obtenir que la peine soit assortie dans sa totalité d'un sursis avec mise à l'épreuve avec obligation de soins, mettant en avant la problématique d'alcoolisme et les tentatives de suicide que le prévenu a faites en détention.

Le tribunal l'a entendue mais pour petite partie seulement : il a condamné Faouzi Ben Gatta à cinq ans, dont un avec sursis et mise à l'épreuve, et prononcé son maintien en détention.
Mais pour les proches de Pascal, un an après, le calvaire n'est pas terminé :

le procès des deux mineurs est encore à venir.
Isabelle Gabrion (www.fdesouche.com) %%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%

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