UN LIVRE IMPORTANT :
Axel TisserandDieu et le Roi.
Correspondance entre Charles Maurras et l'abbé Penon (1883-1928)
Gérard Cholvy
Toulouse,
Privat
2007.
Esprit & Vie n°204
- novembre 2008 -
2e quinzaine, p. 22-23.
Le futur évêque de Moulins voyait en Charles Maurras « le plus aimé de ses anciens élèves ».
Le mentor, le confident était devenu un ami attentif à une vie intellectuelle dont il admirait les manifestations.
On sait l'intérêt qu'offrent les correspondances privées.
Celles-ci, bien que présentant des lacunes, n'échappent pas au genre.
Si Dieu est invoqué dans le titre c'est parce que l'abbé Penon ne désespéra jamais d'y ramener celui qu'il avait envoyé à l'abbé Huvelin en 1886… l'année même de la conversion de Charles de Foucault et dont, en 1926 encore, il espérait le retour.
Quant au « roi », il ne figure qu'abusivement dans le titre du livre car il n'en est pratiquement jamais question dans ces échanges dont l'intérêt - si l'on excepte la question des rapports entre Église et Action française, mais cette histoire est bien connue - porte principalement sur la littérature, le Félibrige, la passion du jeune Maurras pour le provençal, ce que les engagements littéraires parisiens furent loin d'interrompre.
Les échanges littéraires entre le maître des débuts et l'intellectuel de haut vol qu'est Maurras permettent de croiser nombre d'écrivains, de romanciers, d'essayistes plus que d'apologistes.
Si Henri Bremond est souvent cité, c'est parce qu'il est Provençal et en raison de ses œuvres littéraires. Un bon index permettra au lecteur de se faire une idée rapide de la richesse des informations à relever.
Sur le « paganisme » de Maurras, que déplore Penon, la franchise des échanges ne cache rien : « Je reviens d'Athènes plus éloigné, plus ennemi du christianisme qu'auparavant […]. Quelle pauvreté que Notre-Dame […] près des ruines du Parthénon. » (28 juin 1896.) Maurras se refuse à toute démarche qui serait hypocrite :
« Je tiens à ne pas me donner pour croyant puisque je ne le suis pas. » (14 octobre 1912.) « Je ne puis dire que je crois quand je ne crois pas. » (27 avril 1927.)
Ces deux dates correspondent à ces deux moments difficiles que furent la menace d'une condamnation par Rome et la condamnation en elle-même.
On sait combien, en politique, le penseur distinguait le catholicisme, l'Église, force d'ordre qu'il lui arrivait d'admirer et le christianisme et ses prophètes juifs, le Magnificat et son « venin ».
(esprit-et-vie.com)
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