A LIRE DANS "LES 4 VERITES" UN EXCELLENT ARTICLE DE NICOLAS BONNAL



Le testament chrétien de Clint Eastwood
Sergio Leone disait de Clint Eastwood qu’il avait deux expressions :
l’une avec son chapeau, l’autre sans…
Notre bon cow-boy zen (ou janséniste ?) a depuis dépassé son maître qui avait redonné ses lettres de noblesse au western.
À 78 ans, il redonne ses lettres de noblesse au cinéma en composant (plus que réalisant) chaque semestre un chef-d’œuvre crépusculaire qui décrit, mieux que tout le carnaval de Cannes et des oscars, l’état eschatologique du monde actuel.
Depuis quand Clint Estawood est devenu un génie ?
On peut penser comme l’incontournable Jacques Lourcelles que c’est au moment de Joshua Welles, quand, en 1974, notre anar des grandes plaines quitte l’armée des confédérés, mitraille avec délectation un escadron de la mort yankee, rencontre un chef indien un peu chamane et s’en va pour un pays où l’on n’arrive jamais, plus loin encore que le petit prince ou un héros de Jules Verne.
Eastwood n’est pas dupe du cinéma post-moderne :
il faut une bonne histoire, comme disait Sam Fuller, et de bons méchants, comme disait Hitchcock.
Il faut peu de caméras, dit Clint, sinon cela prouve que l’on n’est pas metteur en scène, puisqu’on ne sait pas où la poser.
Après tout, Racine a eu besoin de peu de mots pour composer Phèdre.
Enfin, il ne faut pas d’effets spéciaux :
on laissera cela aux garnements de Pixar et aux techno-chamanes mal élevés.
Par contre, on parlera de ce qui concerne les gens :
la violence des enfants (Mystic river) et l’auto-justice imbécile ; le rapt d’enfants et l’indifférence de la police (Le Changement, filmé dans des décors sublimes avec une excellente Angelina Jolie) ; la boxe pour pauvres femmes blanches et l’euthanasie (Million dollar baby) ; et, bien sûr, l’immigration, l’écroulement de l’industrie automobile et l’insécurité des banlieues ruinées de l’Amérique de Bush (Gran Torino).
Clint est le dernier à parler de « concret ».
Dans le même élan, je dirais que, d’une manière stupéfiante, il n’a jamais incarné un bourgeois…Gran Torino n’a rien à voir avec ce que dit la critique.
Les grenouilles ont évoqué l’inspecteur Harry…
Et pourquoi pas le bon, la brute et le truand ou le Médecin malgré lui ?
Gran Torino parle de deux choses, qui crèvent l’écran, mais le crèvent sans doute trop pour nos laïcards :
la fin du monde et la manière chrétienne d’y répondre.
Le film commence et finit par une messe, et personne ne l’a dit…
Je précise qu’Eastwood, qui n’est pas un chrétien modèle, n’est pas non plus un catholique.
Mais, dans ce film, il nous fait la leçon, plus que Mgr Williamson.
La fin du monde, c’est ce rustbelt (la ceinture de rouille de l’ancienne Amérique industrielle) en crise, cette Amérique big and flat, ruinée par le libre-échange et envahie par une immigration incontrôlable.
La fin du monde, c’est la violence des gangs ethniques et la misère qui s’installe partout, l’impossibilité de tondre son gazon.
C’est la fin des « belles américaines » qui, comme la Ford Gran Torino, nous faisaient tant rêver…Et la réponse chrétienne, c’est de faire avec, et d’aimer malgré tout son prochain, de laisser tomber ses préjugés, et de se rapprocher de ceux qui nous ressemblent spirituellement plus que de notre famille, quand, pour celle-ci, tout n’est que piercings, rancoeurs, avarice et égoïsme.
La réponse chrétienne, c’est le sacrifice de soi, de type messianique :
car notre fameux Harry va se faire tuer, se sachant condamné par la médecine (autre sujet d’actualité, non ?), pour sauver ses jeunes voisins hmongs venus d’extrême-orient.
Et il en a remontré à son curé qu’étrangement, on n’a pas accusé de pédophilie.
Cela faisait longtemps !
Quel est donc le vin qui se bonifie aussi bien que Clint Eastwood en vieillissant ?
Nicolas Bonnal
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Sergio Leone disait de Clint Eastwood qu’il avait deux expressions :
l’une avec son chapeau, l’autre sans…
Notre bon cow-boy zen (ou janséniste ?) a depuis dépassé son maître qui avait redonné ses lettres de noblesse au western.
À 78 ans, il redonne ses lettres de noblesse au cinéma en composant (plus que réalisant) chaque semestre un chef-d’œuvre crépusculaire qui décrit, mieux que tout le carnaval de Cannes et des oscars, l’état eschatologique du monde actuel.
Depuis quand Clint Estawood est devenu un génie ?
On peut penser comme l’incontournable Jacques Lourcelles que c’est au moment de Joshua Welles, quand, en 1974, notre anar des grandes plaines quitte l’armée des confédérés, mitraille avec délectation un escadron de la mort yankee, rencontre un chef indien un peu chamane et s’en va pour un pays où l’on n’arrive jamais, plus loin encore que le petit prince ou un héros de Jules Verne.
Eastwood n’est pas dupe du cinéma post-moderne :
il faut une bonne histoire, comme disait Sam Fuller, et de bons méchants, comme disait Hitchcock.
Il faut peu de caméras, dit Clint, sinon cela prouve que l’on n’est pas metteur en scène, puisqu’on ne sait pas où la poser.
Après tout, Racine a eu besoin de peu de mots pour composer Phèdre.
Enfin, il ne faut pas d’effets spéciaux :
on laissera cela aux garnements de Pixar et aux techno-chamanes mal élevés.
Par contre, on parlera de ce qui concerne les gens :
la violence des enfants (Mystic river) et l’auto-justice imbécile ; le rapt d’enfants et l’indifférence de la police (Le Changement, filmé dans des décors sublimes avec une excellente Angelina Jolie) ; la boxe pour pauvres femmes blanches et l’euthanasie (Million dollar baby) ; et, bien sûr, l’immigration, l’écroulement de l’industrie automobile et l’insécurité des banlieues ruinées de l’Amérique de Bush (Gran Torino).
Clint est le dernier à parler de « concret ».
Dans le même élan, je dirais que, d’une manière stupéfiante, il n’a jamais incarné un bourgeois…Gran Torino n’a rien à voir avec ce que dit la critique.
Les grenouilles ont évoqué l’inspecteur Harry…
Et pourquoi pas le bon, la brute et le truand ou le Médecin malgré lui ?
Gran Torino parle de deux choses, qui crèvent l’écran, mais le crèvent sans doute trop pour nos laïcards :
la fin du monde et la manière chrétienne d’y répondre.
Le film commence et finit par une messe, et personne ne l’a dit…
Je précise qu’Eastwood, qui n’est pas un chrétien modèle, n’est pas non plus un catholique.
Mais, dans ce film, il nous fait la leçon, plus que Mgr Williamson.
La fin du monde, c’est ce rustbelt (la ceinture de rouille de l’ancienne Amérique industrielle) en crise, cette Amérique big and flat, ruinée par le libre-échange et envahie par une immigration incontrôlable.
La fin du monde, c’est la violence des gangs ethniques et la misère qui s’installe partout, l’impossibilité de tondre son gazon.
C’est la fin des « belles américaines » qui, comme la Ford Gran Torino, nous faisaient tant rêver…Et la réponse chrétienne, c’est de faire avec, et d’aimer malgré tout son prochain, de laisser tomber ses préjugés, et de se rapprocher de ceux qui nous ressemblent spirituellement plus que de notre famille, quand, pour celle-ci, tout n’est que piercings, rancoeurs, avarice et égoïsme.
La réponse chrétienne, c’est le sacrifice de soi, de type messianique :
car notre fameux Harry va se faire tuer, se sachant condamné par la médecine (autre sujet d’actualité, non ?), pour sauver ses jeunes voisins hmongs venus d’extrême-orient.
Et il en a remontré à son curé qu’étrangement, on n’a pas accusé de pédophilie.
Cela faisait longtemps !
Quel est donc le vin qui se bonifie aussi bien que Clint Eastwood en vieillissant ?
Nicolas Bonnal
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