LA FRANCE FOURNIT LES FAUX PASSPORTS ?
L'Europe désarmée face à l'afflux de clandestins
INFOGRAPHIE
- Le dernier bilan de Frontex, l'agence chargée de surveiller les
frontières extérieures de l'UE, alerte sur une explosion des flux
migratoires.
Entrées d'illégaux en hausse de 48%, avec 107.000 migrants -ils arrivent de Syrie,
du Maroc, d'Afghanistan, d'Albanie ou d'Érythrée, contrôlés aux postes
frontières, munis souvent de faux papiers, cachés dans des camions ou
entassés dans des boat people qui menacent de sombrer -, tandis que les
demandes d'asile explosent de 30%, pour atteindre plus de 350.000
requêtes en 2013, (et même plus de 400.000, selon Eurostat, dont 51.000
Syriens), soit autant que le nombre de séjours illicites détectés par
les autorités des États membres en un an!
Le dernier bilan de l'agence Frontex, bras séculier de l'Europe pour le contrôle des frontières extérieures de l'Union, contient tous les ingrédients d'une crise.
Le Figaro a décortiqué les analyses trimestrielles de cette institution stratégique, dont le rapport Q4 (sur le quatrième trimestre 2013), fraîchement imprimé, permet de remonter le film de l'année écoulée. On y découvre que Frontex a dû faire face à un afflux historique de migrants aux bordures de l'Europe. Une pression qui ne retombe pas et qui explique largement les dramatiques naufrages qui se multiplient en mer, de Malte à Lampedusa, ces derniers mois.
Le quatrième trimestre est «caractérisé par le plus grand nombre d'illégaux détectés aux frontières», pour une période équivalente, «depuis 2009», révèle l'agence, avec plus 30.000 entrées. Pour combien de passages non détectés? Frontex se garde bien de l'évaluer. Mais l'agence fait ce constat alarmant dans son précédent rapport trimestriel, passé totalement inaperçu:
«Depuis le début de 2013, il y a eu une augmentation massive des détections de clandestins, à un niveau encore plus élevé que lors du printemps arabe de 2011.» Plus de 42.000 passages recensés, de juillet à septembre 2013, contre 41.000 au plus fort trimestre de 2011. Si la tendance se confirme, l'année 2014 pourrait bien être la pire qu'aient connue les institutions européennes en matière d'immigration clandestine depuis longtemps.
Un spécialiste de la police aux frontières française (PAF) explique: «Les mois d'été correspondent généralement aux flux les plus importants, du fait du climat plus chaud qui facilite les traversées en mer.» Mais les derniers chiffres dévoilés par Frontex traduisent, selon lui, «un phénomène dont chaque État doit mesurer l'ampleur exceptionnelle». On comprend mieux les mises en garde de l'Italie (lire ci-dessous), point de convergence de nombreuses routes de l'immigration, qui dit ne pas se sentir assez épaulée par les autres États pour colmater la brèche.
Le bilan 2013 pointe, en effet, d'inquiétantes failles dans la réponse collective. Alors que la pression migratoire n'a jamais été aussi forte, les décisions de renvoi des clandestins ont diminué en un an de 16%. Sur un peu plus de 220.000 éloignements, 30% des mesures environ n'ont pas été exécutées. Les retours forcés ont été de 87.000 environ pour un peu plus de 63.000 retours volontaires.
Autre point noir: la détection des réseaux de passeurs en baisse de 10% en 2013. Selon Frontex, sur fond de facilitation de la fraude documentaire, les passeurs sont désormais «capables d'agir à distance et imperceptiblement plutôt que d'accompagner les migrants durant leur voyage à hauts risques». Une situation qui se dégrade donc, alors que le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, estime qu'«Interpol et Europol (agences de coopération de police respectivement internationale et européenne) doivent agir» contre ces réseaux «qui font leur fortune sur la misère et le trafic humain».
Or la France est particulièrement visée par les fraudes décrites. Dans son dernier rapport trimestriel, Frontex a classé les documents falsifiés: 10% des faux passeports détectés sont français, le plus fort taux de tous les pays européens, mais aussi 30% des faux visas, là aussi un record.
Il y a les clandestins qui entrent et il y a ceux qui restent. Or, dans cette catégorie, force est de constater que l'Hexagone s'illustre tout autant. Le troisième trimestre de l'année 2013, celui où tous les records furent battus en matière d'entrées illicites aux frontières extérieures de l'Europe, la France décrochait la première place au palmarès des pays de forte affluence en termes de séjours illégaux détectés: +26% d'augmentation, devant l'Allemagne (+24%) et la Suède (+6%), ces trois pays ayant détecté, à eux seuls, durant cette période, «40% de tous les séjours clandestins mis à jour en Europe», relève Frontex.
Le territoire français représente bien un eldorado pour les migrants du monde entier. Ces chiffres témoignent également de l'activité de contrôle de la police et de la gendarmerie en France, même si les services de la Place Beauvau ont sensiblement levé le pied en termes de lutte contre l'immigration clandestine par rapport aux années Sarkozy. Les éloignements d'étrangers en situation irrégulière, par exemple, ont diminué en 2013, par rapport à l'année précédente: de 1850 par mois environ en 2012 à 1750 en moyenne l'an dernier sur le seul territoire métropolitain.
Les nouvelles tendances en Europe sont claires.
Les Syriens, qui fuient par dizaines de milliers la guerre civile, sont devenus «les plus représentés parmi les illégaux entrants ou séjournant» dans l'Union, dit Frontex. La brèche la plus importante qu'ils empruntent est «entre la Turquie et la Bulgarie», au rythme de 1000 entrées par mois pour ce seul point d'accès.
Selon l'agence, désormais les nouveaux «migrants syriens suivent les conseils de leur famille de refuser les prises d'empreintes» lorsqu'ils sont contrôlés.
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Le dernier bilan de l'agence Frontex, bras séculier de l'Europe pour le contrôle des frontières extérieures de l'Union, contient tous les ingrédients d'une crise.
Le Figaro a décortiqué les analyses trimestrielles de cette institution stratégique, dont le rapport Q4 (sur le quatrième trimestre 2013), fraîchement imprimé, permet de remonter le film de l'année écoulée. On y découvre que Frontex a dû faire face à un afflux historique de migrants aux bordures de l'Europe. Une pression qui ne retombe pas et qui explique largement les dramatiques naufrages qui se multiplient en mer, de Malte à Lampedusa, ces derniers mois.
Le quatrième trimestre est «caractérisé par le plus grand nombre d'illégaux détectés aux frontières», pour une période équivalente, «depuis 2009», révèle l'agence, avec plus 30.000 entrées. Pour combien de passages non détectés? Frontex se garde bien de l'évaluer. Mais l'agence fait ce constat alarmant dans son précédent rapport trimestriel, passé totalement inaperçu:
«Depuis le début de 2013, il y a eu une augmentation massive des détections de clandestins, à un niveau encore plus élevé que lors du printemps arabe de 2011.» Plus de 42.000 passages recensés, de juillet à septembre 2013, contre 41.000 au plus fort trimestre de 2011. Si la tendance se confirme, l'année 2014 pourrait bien être la pire qu'aient connue les institutions européennes en matière d'immigration clandestine depuis longtemps.
Un spécialiste de la police aux frontières française (PAF) explique: «Les mois d'été correspondent généralement aux flux les plus importants, du fait du climat plus chaud qui facilite les traversées en mer.» Mais les derniers chiffres dévoilés par Frontex traduisent, selon lui, «un phénomène dont chaque État doit mesurer l'ampleur exceptionnelle». On comprend mieux les mises en garde de l'Italie (lire ci-dessous), point de convergence de nombreuses routes de l'immigration, qui dit ne pas se sentir assez épaulée par les autres États pour colmater la brèche.
Le bilan 2013 pointe, en effet, d'inquiétantes failles dans la réponse collective. Alors que la pression migratoire n'a jamais été aussi forte, les décisions de renvoi des clandestins ont diminué en un an de 16%. Sur un peu plus de 220.000 éloignements, 30% des mesures environ n'ont pas été exécutées. Les retours forcés ont été de 87.000 environ pour un peu plus de 63.000 retours volontaires.
Autre point noir: la détection des réseaux de passeurs en baisse de 10% en 2013. Selon Frontex, sur fond de facilitation de la fraude documentaire, les passeurs sont désormais «capables d'agir à distance et imperceptiblement plutôt que d'accompagner les migrants durant leur voyage à hauts risques». Une situation qui se dégrade donc, alors que le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, estime qu'«Interpol et Europol (agences de coopération de police respectivement internationale et européenne) doivent agir» contre ces réseaux «qui font leur fortune sur la misère et le trafic humain».
Or la France est particulièrement visée par les fraudes décrites. Dans son dernier rapport trimestriel, Frontex a classé les documents falsifiés: 10% des faux passeports détectés sont français, le plus fort taux de tous les pays européens, mais aussi 30% des faux visas, là aussi un record.
Il y a les clandestins qui entrent et il y a ceux qui restent. Or, dans cette catégorie, force est de constater que l'Hexagone s'illustre tout autant. Le troisième trimestre de l'année 2013, celui où tous les records furent battus en matière d'entrées illicites aux frontières extérieures de l'Europe, la France décrochait la première place au palmarès des pays de forte affluence en termes de séjours illégaux détectés: +26% d'augmentation, devant l'Allemagne (+24%) et la Suède (+6%), ces trois pays ayant détecté, à eux seuls, durant cette période, «40% de tous les séjours clandestins mis à jour en Europe», relève Frontex.
Le territoire français représente bien un eldorado pour les migrants du monde entier. Ces chiffres témoignent également de l'activité de contrôle de la police et de la gendarmerie en France, même si les services de la Place Beauvau ont sensiblement levé le pied en termes de lutte contre l'immigration clandestine par rapport aux années Sarkozy. Les éloignements d'étrangers en situation irrégulière, par exemple, ont diminué en 2013, par rapport à l'année précédente: de 1850 par mois environ en 2012 à 1750 en moyenne l'an dernier sur le seul territoire métropolitain.
Les nouvelles tendances en Europe sont claires.
Les Syriens, qui fuient par dizaines de milliers la guerre civile, sont devenus «les plus représentés parmi les illégaux entrants ou séjournant» dans l'Union, dit Frontex. La brèche la plus importante qu'ils empruntent est «entre la Turquie et la Bulgarie», au rythme de 1000 entrées par mois pour ce seul point d'accès.
Selon l'agence, désormais les nouveaux «migrants syriens suivent les conseils de leur famille de refuser les prises d'empreintes» lorsqu'ils sont contrôlés.
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