mercredi 19 mars 2014

LES ARABES N'AIMENT PAS BEAUCOUP LES BERBERES...

Forte tension en Algérie à l’approche de la présidentielle

Parmi les terroristes islamiques, y a-t-il plus d'arabes  -ou de  berbères  ? (JPPS)


Trois jeunes sont morts le 15 mars lors de nouveaux affrontements entre les communautés arabe et berbère à Ghardaïa, dans le Sud algérien.


 

 

 

Funérailles des victimes des affrontements à Ghardaia, à 600 kilomètresd’Alger. (FAROUK BATICHE/AFP)



Avec cet article


La contestation du quatrième mandat du président Bouteflika gagne la Kabylie. Elle s’ajoute à la mobilisation des jeunes du mouvement Barakat, des partis d’opposition, des universitaires et des étudiants.

La tension est montée d’un cran en Algérie, les 15 et 16 mars, alors que les autorités cherchent à ressouder les rangs autour de la très critiquée candidature pour un quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika à l’élection présidentielle du 17 avril. « Même si elle était attendue, la validation de son dossier par le Conseil constitutionnel confirme que la fraude est déjà là : aujourd’hui un certificat médical mensonger, demain la voix des quelques Algériens qui iront voter », affirme Hafidh Bahri. 

Cet élu local est l’un des soutiens d’un ex-candidat, Sofiane Djillali, qui s’est retiré de la présidentielle pour ne pas cautionner « le passage d’un processus électoral à un coup de force institutionnel ». 

La colère enfle

Dans les Aurès, région berbérophone du Sud constantinois, dans l’est du pays, la colère a enflé en raison des propos maladroits du premier ministre, Abdelmalek Sellal – devenu directeur de campagne d’un Bouteflika très affaibli par un accident vasculaire cérébral –, à l’encontre des Chaouis (minorité berbère), qui se sont sentis offensés. 

Des centaines d’étudiants d’Oum Bouaghi ont affronté, dimanche 16 mars, la police. « Tous les jours, le pouvoir est obligé de colmater une nouvelle brèche. Avec à chaque fois plus de risque de chavirage », explique Hafidh Bahri.

 Le gouvernement a déjà beaucoup à faire, depuis deux mois, avec les affrontements intercommunautaires à Ghardaïa dans la vallée du M’zab, longtemps à majorité berbérophone et mozabite de rite ibadite. Le premier ministre par intérim, Youcef Yousfi, a dû s’y rendre en urgence, dimanche, après la mort par balles de trois jeunes émeutiers arabophones.

Affrontements dans le M’Zob

 « Les arabophones parlent de représailles contre les mozabites. Si ce sont des membres des forces de sécurité qui ont fait cela, comme nous le pensons, vu le quartier dans lequel c’est arrivé, il faut prendre les sanctions pour couper le cycle de la violence. Il faut que les résultats de l’enquête soient rendus publics au plus vite », souligne Salim Hadj-Derrag, développeur Web à Beni Izgen, la médina la plus traditionnelle de la vallée.

En janvier-février, quatre mozabites avaient été tués par des jeunes arabophones déclassés. Les prévenus avaient été déférés devant la justice au bout d’un mois d’enquête. « Les tensions à Ghardaïa annoncent des divisions dans toute l’Algérie, souligne Salim Hadj-Derrag. Ici tout le monde se souvient bien des affrontements de 1990. » Des militants du Front islamique du salut avaient attaqué des mozabites, qu’ils considéraient comme « hérétiques », à Berriane, deuxième ville du M’Zab.

Le souvenir du « printemps noir »

Mais la référence la plus fraîche dans les mémoires est celle de la Kabylie, en 2001, quand un jeune avait été tué d’une rafale de kalachnikov dans une gendarmerie. Ce qui avait donné le coup d’envoi des six mois d’émeutes du « printemps noir », durant lesquels plus de 120 civils étaient tombés sous les balles des forces de sécurité. 

Les étudiants des grandes villes de Kabylie, Béjaïa et Tizi Ouzou ont manifesté, dans le calme, contre le quatrième mandat, la semaine dernière.

 « Dans le contexte électoral, le régime approche du seuil du tolérable. C’est pour cela qu’il fait tout pour désamorcer la colère des Chaouis et la crise à Ghardaïa », estime Hafidh Bahri. C’est aussi, sans doute, ce qui explique le changement d’attitude de la police, après le tollé provoqué sur Internet par les images des interpellations violentes de partisans du mouvement Barakat (« Ça suffit ») manifestant dans le centre d’Alger contre le quatrième mandat de Bouteflika. Ce mouvement s’ajoute en effet aux rassemblements de la coordination des partis pour le boycott des élections, aux regroupements d’universitaires et aux sit-in d’étudiants.

Du côté des soutiens au président, on souligne que l’Algérie est un grand pays, avec ses 36 millions d’habitants. « Dans leur grande majorité, ils ne sont pas impliqués dans ces agitations, affirme Lounes Blidi, militant FLN, le parti du président, à Sidi Bel Abbès (ouest du pays). Les familles se préparent aux vacances de printemps pour profiter des revenus qu’ils ont obtenus grâce à la gestion des années Bouteflika ».-------------------------------------------

 Un scrutin très contesté 
Le président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, brigue un quatrième mandat pour l’élection présidentielle du 17 avril prochain. Le Conseil constitutionnel a également retenu cinq autres candidats le 13 mars dernier (sur 12 candidatures), dont celle de l’ancien premier ministre Ali Benflis.
Le premier ministre Abdelmalek Sellal mènera la campagne électorale à la place du président, très affaibli depuis son AVC d’avril 2013. Il a été remplacé à la tête du gouvernement par Youcef Yousfi, 72 ans, un fidèle du chef de l’État. Plusieurs juristes ont soulevé le caractère anticonstitutionnel de cette nomination d’un premier ministre par intérim, sans démission du gouvernement.

Le mouvement Barakat (« Ça suffit »), opposé à un quatrième mandat, multiplie les manifestations et se dote d’une coordination nationale. 

Après Amnesty, c’était au tour de Human Rights Watch de dénoncer, lundi 17 mars, la répression et de réclamer l’abrogation du décret de 2001 interdisant toute manifestation à Alger.

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