"FRANCOIS VA, ET REPARE MA MAISON", LUI DIT NOTRE SEIGNEUR
Saint François d’Assise, l’homme qui prêchait aux oiseaux
Saint François d’Assise est
l’un des saints catholiques les plus apprécié, par les religieux comme
par les laïcs.
Il mena une vie de pauvreté et prêcha l’amour de toute la Création. La joie de vivre et l’amour de la Nature furent ses principales préoccupations.
Il mena une vie de pauvreté et prêcha l’amour de toute la Création. La joie de vivre et l’amour de la Nature furent ses principales préoccupations.
Né dans la paille
François d’Assise est né entre les mois
de mai et de septembre 1181 ou 1182 à Assise, en Italie. On raconte que
sa mère, subissant un accouchement difficile, a reçu la visite d’un
pèlerin qui l’a invité à accoucher au premier plancher, au milieu des
bêtes, pour que celui-ci se déroule sans encombre.
Cette mère, Dona Joanna Pica de
Bourlémont, était une femme pieuse originaire de Provence – alors
possession du Saint Empire Romain Germanique, mais de culture française.
Quant au père de François, Pietro Bernadone dei Moriconi, il était un
très riche marchand drapier de la ville. De retour d’un voyage
commercial en France, il décide de nommer son fils Francesco (François, « le français ») en hommage à la France, alors que sa mère l’avait fait baptiser Giovanni (Jean, du nom de l’apôtre).
Élevé dans l’opulence
Quoi qu’il en soit, François grandit
dans la richesse et l’opulence, menant une vie de fêtes et de
jouissances. Il fait des études de Latin et se laisse aller aux plaisirs
de son âge et de son statut : insouciance, sorties tardives entre amis,
et peut-être même le pêché de chair (dixit son Testament).
Appréciant
les troubadours, il se plait à chanter en public.
Il rêve d’accéder à la
noblesse et désire être chevalier. Il participe même à la guerre qui
oppose les bourgeois d’Assise aux nobles de la ville rivale de Pérousse.
Mais il sera capturé et emprisonné
un an.
Attiré vers la foi et la sagesse
Malade et emprisonné, il est contraint
de méditer sur sa vie.
Libéré grâce à l’argent de son père, il est prêt à
s’engager dans l’armée pour accomplir ses desseins mais, soudain, une
voix le questionne : « Pourquoi sers-tu le serviteur et non le maître ? »
Cet événement est important dans la vie de François et lui impose une
totale remise en question. Peu à peu, il se défait de son ancienne vie
agitée, de ses anciens amis ; il s’éloigne des lieux de fête et se
tourne vers les chapelles et la foi.
En 1205, alors qu’il prie devant la croix de la chapelle San Damiano, en ruine, Jésus crucifié lui dit : « François va, et répare ma maison, qui, tu le vois, tombe en ruine. »
De
ce pas, il s’en va vendre, dans la ville voisine de Foligno, des
marchandises appartenant à son père dans le but de restaurer la
chapelle. Furieux, ce dernier n’hésite pas à l’assigner en justice pour
le déshériter. Devant l’évêque d’Assise, François se dévêtit
entièrement, se dépouillant du luxe qu’il porte – dans le but,
symbolique, de se détacher de son père – et déclare, nu devant la
foule : « Jusqu’ici je t’ai appelé père sur la terre ; désormais je
peux dire : Notre Père qui êtes aux cieux, puisque c’est à Lui que j’ai
confié mon trésor et donné ma foi. » L’évêque le prend alors sous sa
cape pour couvrir sa nudité et, de ce fait, lui accorde sa protection.
Saint François d’Assise ne sait pas que, au-delà de la restauration
d’une simple église, c’est l’Église elle-même qu’il va refonder.
Plus tard, il se rend à Gubbio où il
trouve une communauté terrorisée par les attaques d’un loup. Partant à
la rencontre de l’animal, il s’adresse à lui, l’appelant « Frère loup »,
parvient à l’apaiser et le loup se jette à ses pieds, subjugué par ses
paroles. La légende voudrait que la bête, pour promettre de ne plus
jamais attaquer la ville, soit venue déposer sa patte dans la main que
lui tendait François, qui mit ses méfaits sur le compte de la faim et
lui pardonna. Le loup aurait ainsi vécu ensuite parmi les habitants,
passant de maison en maison sans que personne ne le craigne. Il mourut
de vieillesse et tout le village le regretta.
François ne déconsidère aucun être vivant. Ainsi prêche-t-il aux bêtes et aux oiseaux, comme ici : «
Mes frères les oiseaux, vous avez bien sujet de louer votre créateur et
de l’aimer toujours ; Il vous a donné des plumes pour vous vêtir, des
ailes pour voler et tout ce dont vous avez besoin pour vivre.
De toutes les créatures de Dieu, c’est vous qui avez meilleure grâce
; il vous a dévolu pour champ l’espace et sa simplicité ; Vous n’avez
ni à semer, ni à moissonner ; il vous donne le vivre et le couvert sans
que vous ayez à vous en inquiéter. » À ces mots, rapportent le
saint lui-même, les oiseaux expriment à leur façon une admirable joie,
allongeant le cou, déployant leurs ailes, ouvrant le bec et le regardant
attentivement.
De retour de Gubbio vers l’été 1206, François mendie pour financer la restauration de la chapelle San Damiano, mais aussi désormais de celles de San Pietro et de la Portioncule. Il décide d’ « épouser Dame Pauvreté », s’habit d’une tunique avec une corde en guise de ceinture et gagne son pain de l’aumône et de travaux manuels.
Lors de la rencontre d’un lépreux, il l’embrasse plutôt que de le fuir et se prend de passion pour soigner ces pauvres hommes. «
Voici comment le Seigneur me donna, à moi frère François la grâce de
commencer à faire pénitence. Au temps où j’étais encore dans les péchés
la vue des lépreux m’était insupportable. Mais le Seigneur lui-même me
conduisit parmi eux ; je les soignais de tout mon cœur ; et au retour,
ce qui m’avait semblé si amer s’était changé pour moi en douceur pour
l’esprit et pour le corps. Ensuite j’attendis peu, et je dis adieu au
monde. » Testament 1-3.
Naissance du franciscanisme
Petit à petit, une communauté se
resserre autour de François et il fonde l’Ordre des Frères mineurs. La
première règle qu’il rédige pour cet ordre sera approuvée par le pape
Innocent III de manière orale, en 1210. En 1212, il accueille Claire,
une jeune noble d’Assise, avec laquelle il fonde l’Ordre des pauvres
dames – appelées aujourd’hui les Clarisses.
Ensuite, bien décidé à mettre fin à la
guerre entre Chrétiens et Musulmans, il parvient, après avoir été
capturé, à rencontrer le sultan de Babylone en personne et tente, en
vain, de le convertir. Il prêche l’Évangile avec un tel charisme et une
telle dévotion que le sultan lui accorde toute son attention. « Témoin
en effet de cette ardeur et de ce courage, le sultan l’écoutait avec
plaisir et le pressait de prolonger son séjour auprès de lui. Il offrit à
François de nombreux et riches cadeaux que l’homme de Dieu méprisa
comme de la boue: ce n’était pas des richesses du monde qu’il était
avide, mais du salut des âmes », raconte saint Bonaventure.
Revenu en Europe, et devant ce qu’est
devenue sa communauté et les désaccords qu’il entretient avec elle –
notamment au sujet de l’éducation –, il se résigne à la diriger. En
1215, il crée à Bologne un troisième ordre pour les laïcs, le
Tiers-Ordre, dont la première règle sera approuvée en 1221. En 1223, il
invente le principe de la crèche de Noël au couvent de Greccio, près
d’Assise. Il se retire ensuite dans un ermitage pour écrire la deuxième
règle du Tiers-Ordre, qui sera approuvée la même année par Honorius III.
Retraite et mort
Menant toujours une vie retirée, il
reçoit les stigmates du Christ en août 1226. Puis, François tombe malade
et se réfugie dans une hutte près de la chapelle San Damiano, comme un retour aux origines. Dans un état très fragile, il y écrit le premier texte en italien moderne : le « Cantique des créatures », où il fait part de son amour de toute la création et en remercie le Seigneur. Il meurt le 3 octobre 1226 dans la chapelle du Transito.
Postérité
L’homme
qui prêchait aux oiseaux et considérait tout être vivant comme un frère
est canonisé par le pape Grégoire IX deux ans après sa mort, en 1228.
Ainsi saint François d’Assise, cet amoureux de la Nature et de l’unité
de la Création qui prêchait l’humilité, la paix et l’Amour, est-il
devenu le saint patron des louveteaux – enfants scouts de 8 à 12 ans –
et des animaux. Il aimait les bêtes et, dit-on, celles-ci le lui
rendaient bien, comme si elles ressentaient l’Amour bienveillant qui se
dégageait de sa personne. En 1979, le pape Jean-Paul II le nomme, pour
son œuvre, saint patron des écologistes. L’actuel pape François, de son
aveu même, a choisi ce nom en hommage à ce saint illustre.
Après une jeunesse agitée, il a voulu toute sa vie être pauvre parmi les pauvres, « suivre nu le Christ nu ». Son nom évoque un art de vivre et une manière d’être Chrétien. « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix »,
disait-il dans l’une de ses prières. Il s’est fait maître de la
contemplation, a chanté partout son amour de la Création, et a répandu
la joie de l’Évangile. Par les similitudes de son parcours avec celui de
Jésus – de là est peut-être née la légende de l’accouchement dans la
paille –, on va parfois jusqu’à l’appeler « l’autre Christ ». Saint
François d’Assise est fêté le 4 octobre.
Christopher Lings
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