ATTENTION A NE PAS STIGMATISER LES MOHAMED !
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mardi 26 février 2013
Merah. La "frustration" des familles face à l’enquête
Les familles des victimes de Mohamed Merah sont frustrées, à l'image de celle de Mohamed Legouad. |
Photo PHOTOPQR/LE PROGRES/MaxPPP
Kahina Sekkai
- Parismatch.com
Onze mois après les tueries de Toulouse et Montauban, et la mort de Mohamed Merah, l’enquête est toujours en cours.
L'aîné du tueur, Abdelkader, présenté par leur frère Abdelghani Merah comme étant responsable de la radicalisation de leur cadet, a vu le parquet demander son maintien en détention cette semaine. L’homme de 28 ans est incarcéré depuis mars 2012 et sa mise en examen pour «complicité d’assassinats, association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme et vol en réunion». L’information a été confirmée aux familles des victimes, reçues lundi par les trois juges d’instruction placés sur l’enquête: «Dans leur esprit, ils considèrent qu’il y a des éléments suffisants en l’état pour le mettre en cause, puisqu’il est mis en examen, pour des faits de complicité d’assassinats», a déclaré à ParisMatch.com Me Olivier Morice, l’avocat de la famille d’un militaire tué par Mohamed Merah, Mohamed Legouad.
«Les magistrats nous ont ensuite exposé les différentes investigations qu’ils comptaient réaliser, mais ils nous ont demandé une discrétion à cet égard», a poursuivi l’avocat. Il a simplement précisé que la piste du «troisième homme» était toujours étudiée, et qu’ils étaient «en train d’essayer d’identifier». De son côté, l’avocate de la famille Ibn Ziaten, Me Samia Maktouf, a confirmé à l’agence Reuters que des commissions rogatoires avaient été lancées au Pakistan, en Israël et en Egypte, sur les traces de Mohamed Merah.
"Un sentiment de grande frustration"
Si ce rendez-vous avec les magistrats instructeurs, quinze jours après une rencontre avec le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, a permis aux familles d’avoir un aperçu sur l’enquête en cours, elle ne répond pas à toutes leurs interrogations: «Il y a d’une part un respect pour le travail qui a été accompli par les juges, mais d’une autre part une grande frustration qui est de constater, qu’aujourd’hui, nous n’avons pas un certain nombre de réponses, notamment quant aux dysfonctionnements qui ont eu lieu dans la surveillance de Mohamed Merah», a déploré Me Morice.«On a désactivé une fiche de renseignement le concernant et au lieu d’accroitre la surveillance le concernant, celle-ci a totalement disparu à une époque où, si elle avait perduré, on se serait rendu compte de l’extrême dangerosité de celui-ci», nous a expliqué l’avocat. D’autres dysfonctionnements restent mystérieux, et ont été abordés avec Manuel Valls mais restent, pour le moment, «sans réponse». Les magistrats instructeurs ont également fait de nouvelles demandes de déclassification, «tant auprès du ministère de l’Intérieur que celui de la Défense».
«Nous sommes, du côté de la famille Legouad, dans un sentiment de grande frustration, parce que cette famille a la conviction qu’on aurait pu interpeller Mohammed Merah avant qu’il ne commette tous ses crimes, nous a affirmé Me Morice. Et puis, encore une fois, l’une des promesses qui avait été faites par Nicolas Sarkozy aux familles des victimes, celle d’intercepter Mohamed Merah, de le capturer vivant, n’a pas été tenue et ils sont extrêmement frustrés de cette situation qui veut que l’assassin principal ne puisse être jugé.»
La lassitude des familles est telle qu’une plainte visant les services de renseignement français a été déposée par certaines, qui veulent faire toute la lumière sur les manquements dans la surveillance de celui qui est devenu le «tueur au scooter».
Mais, Me Morice a «quelques doutes» quant à l’enquête préliminaire qui a été ouverte: «La confier à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale, Ndlr), alors que l’IGPN a déjà remis un rapport à la demande du ministre de l’Intérieur de l’époque, en oubliant un certain nombre de dysfonctionnements, cela me semble augurer ce qui pourrait être réalisé dans le cadre de l’enquête préliminaire».
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