mercredi 12 septembre 2012

MARCO D'AVIANO, VOUS CONNAISSEZ ?

Mercredi 12 septembre 2012
Histoire  de la bataille pendant laquelle Marco d’Aviano* chassa le Turc hors de Vienne le 12 septembre 1683.
(* Marco d'Aviano était un prêtre qui a joué un rôle important dans la lutte contre l'islam, le pape Jean-Paul II l'a proclamé "bienheureux" le   27 avril 2003.)
 
 
 Ca faisait un petit moment que les Turcs tournicotaient en Autriche. Ils avaient déjà mis à sac les  Balkans et à feu et à sang la Hongrie et les voilà maintenant aux portes de Vienne !  L'empereur Léopold I° de Habsbourg commença à regarder ce petit jeu d'un mauvais oeil. Le soir on ne pouvait même plus sortir de chez soi et les amants qui rentraient aux petites heures risquaient de se faire égorger par les ottomans. Alors soit on négligeait les dames, soit on  risquait de se faire pincer par les maris insomniaques.
 
 Chaque jour l'empereur recevait des réclamations de ses princes et de ses sujets et une telle situation ne pouvait pas continuer durer (blijven duren: dialecte ad hoc). Alors, un beau matin il envoya un courrier au Pape Innocent XI  pour lui dire que ça devait changer parce que, à ce train là, les Turcs ils allaient s'installer en ville et alors s'en était fini de la saison lyrique et au lieu des amours de Orphée et Eurydice tout ce qu'on allait entendre c'était les litanies des muezzin. Ces vilains bougres  étaient même capables de transformer l'opéra en mosquée et en avant la musique...
 
« Oeioei ! - dit le Pape en secouant sa tête en dessous de sa grande mitre - je vais réfléchir à la question... »

 Ensuite le temps passa car il consulta toutes les tendances politiques de son staff. Les conservateurs ne voulaient pas dépenser l'argent qui avait été mis de côté pour engager des nouveaux gardes suisses et donc ils firent traîner les affaires. La gauche prétendit que ces Turcs étaient des gens sympathiques et qu'ils allaient élargir les marchés. Les jésuites calculèrent qu'on aurait pu faire semblant de faire alliance, on pouvait les laisse venir encore un peu plus loin, et puis tout d'un coup : trac on leur coupe leur arrière-garde et on les massacre... Les bénédictin eux ne  voulaient pas de violence car ils savaient que les Turcs voyageaient avec beaucoup de livres qu'ils lisaient le soir quand ils étaient couchés sur des coussins autour des narghilés et donc ils reluquaient avec concupiscence ces nouveaux textes qui sans doute étaient coquins...
 
 Ensuite on vint à savoir que  Louis XIV , le roi de France avait de nouveau joué un tour de cochon comme il l'avait déjà fait à Lépante et s'était allié avec les ottomans, évidemment pas par sympathie pour ces arabes, mais pour faire un croche pied à son rival, l'empereur germanique.
 
 Les mois passèrent, Léopold devint vraiment inquiet et il appela son ami Marco et lui dit :
«  Toi qui as tes entrées au Vatican dis une fois au Pape que s'il ne se décide pas, moi j'interpelle les communistes russes !

 -  Quoi ! ? s'exclama le Pape ? des bolcheviques ! ça jamais !!! appelez-moi ce Marco !»
 Et puisque Marco se trouvait de l'autre côté de la porte avec l'oreille collée au trou de la serrure pour suivre les débats, il entra tout de suite e se prosterna devant le Saint Père en disant :
« Sainteté...  avec l'accent de son terroir.

 - Garde à vous !  dit le Pape et Marco claqua des talons.
 - Toi, qu'est -ce que tu en dis ? Il y a ici ceux des Abruzzes qui me disent d'attaquer tout de suite alors que tes conationaux du Frioul me disent de temporiser...
 - Pour l'amour du Ciel ! Vous n'allez tout de même pas écouter ceux de Conegliano ou de Belluno !!! Ceux-là ils ne pensent qu'à aller grimper dans la Civetta ! Ils ont même établi leur camp de base à Vazzoler !Qu'à Dieu ne plaise et qu'il nous garde d'un pape de Belluno... On n'a pas besoin de mauviettes, mais de types qui ont du poil de la bête... des polonais, des bavarois, des saxons et quelques volontaires de la Padania. Ca va pas être facile de les tenir, mais je m'en occupe ! carte blanche ... j'ai besoin de carte blanche et pour le reste faites moi confiance !
 - Hmm, Hmm - pensa le Pape - s'ils se mettent à élire des papes de Belluno, on est foutus, mieux vaut qu'ils en prennent à Bergamo... Quant à ce Marco ... ça m'a l'air d'un mec réglo... si ça foire ce sera la faute de ceux d'Aviano qui est loin de Rome... C'est d'accord ! Marco, sur le champ je te nomme défenseur de la foi et de l'Europe chrétienne , fais comme tu veux, mais ne nous fais pas ridiculiser.
 - Amen... » - dit Marco et il se retira.
 Sitôt dit, sitôt fait, il appela son ami l'empereur et il lui dit :
« Rassemblement ! on est parti !!!
 - Oui mais - dit Léopold - qu'est -ce que moi je fais maintenant, est-ce que je dois quand même en parler aux Français ?
 - Non ! surtout pas ! laisse les s'amuser avec leurs illusions, châteaux, palais, parcs et turqueries qui sont à la mode. Nous on va s'envoyer les Turcs pour du vrai et empocher le butin !
 - Le butin ?
 - D'abord la victoire et ensuite les récompenses...
 - Bon, alors, si tu ne veux rien dire... je rassemble ceux que tu as dit qui ont du poil de la bête et pas froid aux yeux. »
 Cela dura encore quelques semaines et finalement ils se trouvèrent sur les collines autour de Vienne ce fatidique 12 septembre 1683.
 
 C'était une journée ensoleillée mais il faisait frisquet. De l'autre côté de la ville les Turcs dormaient encore dans leurs tentes. Les muezzin avaient déjà appelé à la prière. Tout le monde s'était levé, ils avaient fait leurs ablutions avec de l'eau glaciale... horrible... et puis tout le tralala de leur rosaire  et ensuite ils avaient couru se replonger dans leur sac de couchage en attendant les premiers rayons du soleil et en ronchonnant contre le Grand Vizir qui aurait mieux fait de rester à la maison surtout que en cette période c'était le temps des vendanges et des louqoums à la rose.
 
 Par contre le Grand Vizir Kara Mustapha avait profité de ce réveil à l'aube pour enfiler un peignoir en broquart de Damas écarlate parfumé au jasmin  et après ses dévotions il s'était dirigé vers les tentes de son Harem mobile. En fait il y avait une petite nouvelle dont la conquête était autrement plus agréable que celle de cette maudite Vienne, si froide et pleine de brouillard quand il ne pleut pas.
 
-« Bonjour ma pouletteke...  murmura (en dialecte byzantin) Mustapha à l'oreille de son p'tit chou qui dormait encore car elle n'avait certainement pas entendu de muezzin vu que le Vizir avait défendu de déranger les dames.

 -  Mmmm... ?  répondit la blondinette qui en changeant de position ouvrit largement ses petits bras dodus et découvrit son charmant petit corps tout blanc et tout tendre et intégralement nu au milieu des coussins de soie rouge, orange et jaune comme une fournaise.
 -  Mon Dieu ! - murmura Mustapha - quel jardin de délices.... » et, enlevant son peignoir, il se glissa à coté de cette profusion de rotondités brûlantes qui déjà gémissait par anticipation du plaisir...
 -  Ô Musty, fais le moi encore, fais moi encore kara kara...  gémit l'enfant lascive en s'enroulant autour de lui comme un pampre de vigne.
 -  On n'est pas pressés, ma Krollebolleke...  susurra (toujours en dialecte byzantin)  le Grand Vizir qui appelait ainsi sa petite blonde parce qu'elle avait les cheveux en longs tire-bouchons  et puis il s'insinua dans cet intense ondoiement de coussins, duvets, bras, jambes, cheveux et tétines qui ressemblaient à des framboises déposées sur des jattes renversées de crème vanille.
 - Ah... - pensa Mustapha - si les 72 petites vierges du paradis sont comme celle-ci... »
  -  Mon Seigneur ! » tonna un militaire qui fit irruption dans la pièce avec la fougue d'un destrier à l'assaut.
 -  Quel emmerdeur ! - s'exclama le Grand Vizir - On n'est donc jamais tranquille dans ce camping bordelique ! Coupez-lui la tête ! »
 Les gardes se précipitèrent et zimmmm avec le cimeterre ils coupèrent la tête du général sans même avoir regardé à qui elle appartenait.
 
 Le Grand Vizir reprit ses préliminaires raffinés et Krollekopke continua à ronronner comme une petite chatte, quand un deuxième guerrier bondit dans la chambre en hurlant comme un fou.
« Encore ! Y en a marre ! Coupez-lui la tête et laissez-moi baiser en paix ! » hurla le Grand Vizir avec vraiment le raz l'bol.

 Ainsi encore d'autres nombreuses précieuses minutes s'écoulèrent  en jouissances extrêmes et finalement quand Krollekopke se fut rendormie, Mustapha se leva et alla sous la douche. Lorsque  les soldats l'entendirent chanter l'air du Duc de Mantoue, ils pensèrent que finalement était arrivé le bon moment pour lui soumettre le cadre de la situation sans trop risquer de se voir trancher le cou.
 
 En fait, Mustapha s'assit pour boire un p'tit café et tout souriant demanda à son garde :
« Alors, Abdulla, quoi de neuf dans cette délicieuse journée ? »

 -  Euh... hm, hm... - dit prudemment le soldat qui tenait particulièrement à son propre chef - le fait est, Monseigneur, que ces infidèles sont en train de s'aventurer à ... euh... à s'approcher ... démesurément de notre camp...
 - Qu'est que c'est que tu es en train d'insinuer là ? »
 -  Ben... moi, de préférence... je n'insinuerais rien du tout... je me permettrais seulement de suggérer à votre Seigneurie de prendre les jumelles et de donner un petit coup d'oeil à la situation... de par vous même... »
 Mustapha finit son expresso et puis il se dirigea vers l'entrée de la tente, prit ses jumelles et regarda vers les lignes ennemies. Il eut un sursaut qui secoua tous les cordages et tous les piquets qui soutenaient la tente et il hurla comme un tonnerre qui fit trembler toute la vallée :
 « MERDE ! » comme il l'avait appris de ses alliés français.
 En effet, ça n'était pas en train d'aller comme  sur des roulettes car outre au fait que le Grand Vizir avait fait couper la tête des principaux généraux, les infidèles étaient déjà en route depuis un bon moment et n'étaient plus qu'à un jet de pierre, d'ailleurs ils avaient déjà épaulé leurs fusils et n'attendaient plus que l'ordre de tirer.
 
 Les croisés manoeuvraient avec ordre et méthode. Le plan de la bataille avait été étudié et expliqué clairement. Les troupes étaient déployées dans les points stratégiques de façon à faire tomber le mahométan dans un piège mortel  sans compter que les trappistes flamands avaient rempli les gourdes des soldats avec leur bière double malt qui leur donnait un punch jamais égalé par le passé.
 
 A ce moment Marco aperçut la silhouette du Grand Vizir  et abattit son atout gagnant c'est à dire qu'il sauta sur un monticule et à gorge déployée il hurla :
«  Grand Vizir Mustapha, moi des Turcs comme toi, j'en bouffe cinq à mon petit déjeuner !  Puis il saisit son sandwich à deux mains avec les pouces en dedans et écrasa le pain en forme de croissant en y laissant l'empreinte de ses dix doigts et en une bouchée, gloub,  il l'avala. Puis, il arracha quatre tartines des mains de soldats voisins, et idem les engloutit, toujours en hurlant :

« T'as vu c'que j'en fais  moi du Croissant ? » évidemment en faisant référence au croissant symbole de l'islam et à l'alliance perverse avec le roi de France et puis pour conclure, il lança en l'air sa main droite avec les cinq doigts bien écartés et en criant :

«  T'as vu, moi des pistolets comme toi j'en bouffe cinq pour déjeuner ! »

 (Churchill ne pointait que l'index et le majeur car il avait l'habitude de faire signe « deux brioches » au garçon quand il entrait le matin dans le  café en face du 10 Downing street)
 
-« Wadesmada ! » jura le Grand Vizir (en dialecte byzantin) et puis il prit le choc de sa vie (aussi parce qu'il comprenait un peu de français à cause des petites françaises de son Harem) quand il vit Marco arracher une énorme croix en bois et hurler à ses troupes :

« En avant, sus à l'ennemi, pas de quartier, no prisoners, sakernondjiuu ! zigouillezlestous ! » Il cria très fort car face à 150 000 mahométans, les croisés n'étaient que 70 000...

 Alors le Grand Vizir lui aussi se mit à hurler :
« Alarme ! Ces types sont cinglés ! Ils ne respectent rien, ni les règles du parfait petit soldat, ni le bon sens, ni même les Conventions de Genève, ils sont enragée, ils ont sûrement la rage... sauf qui peut, fuyez, save your soul ! » et lui-même sauta sur le premier destrier et ne s'arrêta que quand il fut arrivé aux portes du Bosphore.

 Ce fut un beau carnage, mais ce qui allait suivre allait être un pas décisif dans l'histoire de la civilisation européenne et la récompense promise.
 Quand Marco et Léopold arrivèrent à la tente du Harem ils découvrirent toutes ces petites chéries terrorisées.
« Pace e Bene, sorelle, la paix soit avec vous mes soeurs ! » - dit Marco comme l'avait enseigné Saint François quand il allait dans les bordels pour remettre les âmes égarées sur le droit chemin.

 Puis il les baptisa et leur promit qu'elles seraient toutes engagées comme soubrettes au palais impérial à condition qu'elles expliquassent le secret des légendaires performances sexuelles des Turcs.
«  Rien de plus simple - dit Krollekopke en s'expliquant comme elle pouvait en français, car elle connaissait les chanson de George Brassens, et en faisant battre ses longs sils comme les ailes d'un papillon - c'est le café qui fait bander...

- Le café ??? - s'exclama Léopold - qu'est ce que c'est que ça ???

 -  Rien de plus simple - dit Krollekopke et elle appela sa demoiselle de compagnie  - Sultanineke, apporte une fois un p'tit café pour ces messieurs. »
 Mais comme les Turcs buvaient le café à la turc, il y avait plein de marc dedans et il était affreusement amer.
« Bèèèèèèèkes ! C'est dégueulasse - hurla l'empereur Léopold I° en crachant du café partout - ils veulent m'empoisonner !!!

 - Du calme, du calme - dit Marco - je te l'ai déjà dit au sujet de ta femme Eléonore, tu es trop impétueux, calme et sang froid ... allez... donne-moi une fois ta p'tite jatte, voilà moitié café et moitié lait à la mode des capucins... avec peut-être un peu de miel ... qu'est ce que tu en dis  »
 -« A la bonne heure ! ça c'est un cappuccino digne d'un café-crème ! t'as plus un de tes croissants ? »
 
 Avec ce genre de viatique, les croisés repoussèrent les Turcs hors de Budapest (1684-1686) Neuhäusel (1685) Mohacz (1687) et Belgrade (1688) pour finir avec la Paix de Karlowitz (1689) au son du cris de guerre : «  Foutez l'camp, rentrez chez vous et ne revenez plus jamais nous emmerder ! » En réalité puisqu'ils employaient un langage troupier ils disaient des choses beaucoup plus osées et même salaces.
 
« Je n'en peux plus, mais le Pape commande... » - finit pas avouer Marco qui commençait à en avoir marre du camping.

 
 Evidemment, les Français  hargneux et râleurs parce qu'une fois de plus ils avaient vu qu'on n'avait pas besoin d'eux , se vengèrent en faisant croire que le croissant-café-crème c'était eux qui l'avaient inventé...
 
 Les siècles passèrent.
 
 Un beau matin le Pape Jean Paul II qui était assis dans son petit fauteuil en rotin sur la terrasse de Castel Gandolfo à l'ombre d'un pin maritime en fleur dont le pollen faisait éternuer , savourait son croissant-cappuccino. Les petits oiseaux chantaient, on était vraiment bien et le Pape se laissa entraîner dans une profonde méditation sur l'injustice et sur l'arrogance de ces cons de  français (entre autre aussi mécréants, socialistes et franc massons) et par contre sur la noble figure qu'avait été Marco d'Aviano.
 
« J'm'le béatifie ! » s'exclama JP- Camerlingue, mon écritoire !

 - Tout de suite... »  répondit Joseph (Ratzinger) car le camerlingue était en week-end et il apporta l'écritoire avec un stylo bic et le Saint Père écrivit en gothique :
 
 «  En ce jour du 27 avril de l'an 2003 de grâce du Seigneur, je déclare Béat , Marco d'Aviano pour avoir été le « médecin spirituel de l'Europe » en lui apportant le croissant-café-crème qui fait du bien à la santé mentale, physique et spirituelle. Le peuple des fidèles se souviendra de l'anniversaire de la naissance du Béat, le 17 novembre avec d'adéquates libations et la récitation du rosaire. Indulgence commeci-commeça. Deo grazia ! Amen! »
 
 Suite à ce geste courageux qui marqua un tournant dans le destin de l'Europe chrétienne, le peuple demanda que le Pape Jean Paul II fut fait saint tout de suite : Santo Subito !


écrit par Anne M. G. Lauwaert dans le dialecte de son terroir.

christinetasin.over-blog.fr)
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Marco d'Aviano
(1631-1699)
Le prédicateur qui remplissait les confessionnaux
par Gianni Cardinale
Il fut baptisé sous le nom de Carlo, en l’honneur de saint Charles Borromée qui, environ un demi-siècle auparavant avait réconforté la population de Milan durant la peste de 1576. Lorsqu’il vint au monde, le 17 novembre 1631, l’autre grande peste – celle de Manzoni – qui avait sévi dans les territoires de la République de Venise, commençait à s’éteindre. Aviano, dans le Frioul sud-occidental, était un village de la Serenissima, alors sur le déclin. C’est là que naquit Carlo Domenico Cristofori qui, quelques années plus tard, devenu novice chez les franciscains, prit le nom de Marco d’Aviano. Un garçon timide, réservé, réfléchi et pacifique: il était difficile de prévoir qu’à l’âge adulte, il allait devenir l’hôte préféré de toutes les grandes cours européennes, ou qu’il allait devoir se protéger des foules qui l’acclamaient comme un saint, ou encore qu’il allait devenir l’ami et le conseiller de Léopold Ier de Habsbourg, empereur du Saint Empire Romain.
Après avoir prononcé ses vœux en 1649, été ordonné prêtre en 1655 et après être devenu prédicateur itinérant en 1664, Marco commença à voyager; un pèlerinage continuel – entrepris par obéissance à ses supérieurs – qui le conduira en différents lieux. En Italie mais aussi dans une bonne partie de l’Europe, où il se rendra, appelé par des évêques, des nobles, des autorités civiles, et des populations de villes et de villages entiers, à un rythme d’autant plus accéléré que se diffusaient plus largement sa réputation de sainteté et les récits des miracles survenus pendant les bénédictions qu’il donnait. France, Belgique, Hollande, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Autriche, Slovénie: ce sont là les pays d’aujourd’hui où le capucin originaire du Frioul se rendit et dans lesquels il prêcha, sans d’ailleurs connaître d’autre langue que l’italien et le latin. Le conceptisme du XVIIe siècle avait envahi jusqu’au langage des homélies de l’époque («La finesse, la merveille est le propre de l’artiste: / que celui qui ne sait étonner, aille se faire étriller», était la règle instituée par Giovanbattista Marino (le Cavalier Marin), mais Marco préféra dire aux gens du commun et aux nobles qui l’écoutaient des choses simples, sans métaphores. Par ailleurs, ce qui frappait les gens qu’il rencontrait c’était, plus que ses paroles, sa personne. C’est ce que dit un poète anonyme du Tyrol qui parle ainsi de l’effet qu’il produisait: «Au premier regard / son visage montre une telle grâce, / que chacun se repent / avant même qu’il n’ait prononcé un mot».
Prêches, carêmes, bénédictions, messes: la vie du père Marco fut en grande partie composée de ces activités. Mais c’était à la pratique de la confession qu’il tenait le plus. Voici ce que raconte le père Venanzio Renier, vice-postulateur de la cause de béatification: «Ce qui intéressait surtout le père Marco, c’était la vie de grâce et le retour à celle-ci des gens qui avaient pu s’en éloigner. Apôtre du pardon par excellence, il fit remplir les confessionnaux, au point que les jésuites de Belgique, pays où Marco d’Aviano se rendit en 1681, écrivirent qu’ils n’avaient jamais tant confessé que durant le passage de ce capucin italien. Et que cela fût son but premier, un but si important qu’il lui faisait supporter tous les désagréments, il le disait lui-même: “S’il s’agit du salut des âmes, je me dépenserai tout entier”». Et il se dépensait vraiment tout entier, vu qu’il était pratiquement suivi, partout où il allait, d’une foule de gens. Il s’arrêtait chaque fois, et, de là où il se trouvait – sur un balcon, dans une église, sur un terre-plein –, il invitait tout le monde à réciter l’Acte de douleur parfaite et il donnait sa bénédiction. C’est précisément durant les bénédictions, lit-on dans les chroniques de l’époque, que se produisaient les guérisons miraculeuses qui répandaient partout sa réputation de thaumaturge. En 1681, le père Marco obtint d’Innocent XI le privilège, qui n’avait jamais été accordé auparavant à aucun religieux, de donner la bénédiction pontificale et, liée à celle-ci, l’indulgence plénière pour les défunts, le jour de la communion générale. Son obéissance aux circonstances de la vie, aux ordres de ses supérieurs et du Pape, le conduisirent à prêcher, non sans fatigue, partout où il était appelé à le faire. Il écrivit en 1683 à l’ambassadeur impérial à Venise, le conte Della Torre, en ces termes: «Les occupations sont si grandes qu’il est impossible de résister sans une aide spéciale de Dieu». Et, en 1688, il écrivit ceci à l’empereur Léopold: «L’affluence du peuple est déjà telle que je ne suis tranquille ni jour ni nuit». Les événements le mirent aussi au cœur des problèmes politiques qui affligeaient l’Europe de ces années-là, des rapports tendus entre les États – la France du Roi-Soleil qui s’opposait à l’Empire de Léopod de Habsbourg – au dialogue avec les protestants – avec lesquels il chercha à tisser des rapports fondés sur la charité – des rapports entre la papauté et la noblesse à la pression des Turcs qui en étaient arrivés à assiéger Vienne en 1683. «On veut que je sois un politique, chose que j’abhorre plus que la mort», disait-il dans un moment de grande fatigue. «À l’écart de la conversation des hommes, je suis totalement avec Dieu et il me semble être au Paradis». Dans toutes ces situations, explique le père Renier, «il se présenta comme un “prophète désarmé”, un homme du dialogue et de la paix, en vrai fils de saint Fançois. Son salut aux foules qui l’acclamaient était toujours: “Pacem habete, pacem diligite”. Et sa présence – commandée par l’obéissance au Pape et à ses supérieurs – sur les lieux de certains événements belliqueux qui ensanglantèrent l’Europe de son temps doit être lue, elle aussi, comme une tentative extrême pour sauver l’homme, qu’il s’agisse des individus ou des communautés. Lorsque l’Église, dans le décret de reconnaissance de ses vertus héroïques exalte la “sainteté de sa vie”, elle prend certainement en considération cet aspect qui a caractérisé tout le généreux apostolat du père Marco». Un aspect de la personnalité du franciscain qui fut aussi reconnu et apprécié des juifs et des musulmans de son temps. En 1684, en effet, les juifs de Padoue étaient sur le point d’être lynchés parce que leurs coreligionnaires de Buda étaient accusés, à tort, d’avoirs commis des actes de cruauté contre les chrétiens de la ville hongroise, où l’on combattait contre les Turcs. Le père Marco, qui était en Hongrie, écrivit tout de suite une lettre pour démentir ce mensonge et sauva la vie à beaucoup de gens. Aujourd’hui encore, les juifs de Padoue fêtent le “Purim de Buda” en souvenir de cet événement. De la même façon, après la bataille de 1688 dans laquelle l’armée impériale s’empara de Belgrade contre les milices ottomanes, Marco sauva la vie à huit cents Turcs, qui s’étaient rendus et qui étaient enfermés dans la ville. Un chroniqueur du temps atteste la façon dont la réputation qu’avait Marco d’être un homme juste «se répandit aussi parmi les musulmans».
Dans de nombreuses lettres que nous avons conservées de lui, transparaît le désir continuel de se retirer des activités qu’il était constamment obligé d’accomplir dans ses périples européens, dans les cours des princes et au milieu de l’agitation du monde. Il désirait rentrer dans son couvent de Padoue: «Je jouis plus de ma solitude que de toutes les délices et de toutes les grandeurs des grands de ce monde», écrit-il dans une lettre. Mais les événements ne lui permirent pas de réaliser ce désir; il continua à voyager et sa dernière étape fut précisément Vienne où l’empereur Léopold l’avait appelé, heureux de la paix à laquelle il était finalement arrivé avec la France et les Turcs. «Que votre révérence m’aide», écrit Léopold à Marco en 1699, «à rendre grâce à ce Dieu, qui nobis dedit illam quam mundus dare non potuit pacem». Marco, fatigué et malade,
 se rendit à Vienne cette même année et, le 13 août, mourut en serrant sur son cœur le crucifix, dans le couvent 
des capucins, au cœur de la ville. Dieu, à la fin, lui avait accordé la paix qu’il avait tant souhaitée, la seule qui soit éternelle.
Béatifié le 23 a   avril 2003, à Rome, par Jean-Paul II.
30 Giorni
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