lundi 10 septembre 2012

LES PERES JUIFS QUI ONT FAIT CIRCONCIRE LEUR FILS, DANS LES ANNEES 30, LES ONT TAGUES POUR LES CHAMBRES A GAZ !

Circoncision et démocratie : incompatibles ?

Un tribunal de Berlin vient de rendre une nouvelle décision : la circoncision est autorisée dans le Land. La décision semble avoir été prise en souci d’apaisement, alors que le débat est âpre voire violent, et dans l’attente d’une nouvelle loi sur la question.

Une nouvelle décision à Berlin

L’autorisation de circoncision est soumise à conditions, selon l'info de
Romandie :

« Il faut que les deux parents ou tuteurs légaux donnent leur autorisation par écrit après avoir été informés en détail sur les risques pour la santé de l'enfant, explique le sénateur.

Par ailleurs, exigent les autorités locales, il doit être démontré la nécessité religieuse de cette circoncision qui ne peut en outre être appliquée qu'en accord avec les normes médicales appropriées.


Cela implique en particulier un environnement et des instruments stériles ainsi qu'une prise en charge de la douleur aussi importante que possible, précise le communiqué. »

 

Le récent débat proposé : « Circoncision : Dieu a besoin de sang », est très virulent. Une partie de ce débat porte sur le respect de l’intégrité physique de l’enfant et sur le libre consentement concernant son corps - les motifs médicaux restant réservés. Il porte aussi sur les origines et les motifs de la circoncision, ainsi que sur ses conséquences quant au plaisir sexuel des hommes circoncis. Enfin il constate que les alliances entre dieu et les hommes passent le plus souvent par un sacrifice sanglant - sauf sans le christianisme où le cannibalisme (manger le corps du Christ et boire son sang) est devenu symbolique.

La culture européenne s’est développée sur les principes de libre consentement et d’intégrité corporelle afin de faire peu à peu reculer la notion de contrainte, contrainte qui est la base même de toute criminalité. La contrainte est contraire à la liberté et à la sécurité. Cette valeur de liberté de choix s’est construite par une lente progression depuis des siècles. La religion chrétienne a contribué à cette évolution, à l’exemple de Jésus qui plaçait chacun devant ses propres choix et sa propre conscience.



La tradition de la circoncision pratiquée sur des bébés ou des enfants, quelles qu’en soient les origines et les raisons, se heurte aujourd’hui à une défense de cette valeur d’intégrité physique, de libre consentement et de non-contrainte. Il ne s’agit donc pas d’une réflexion contre les religions ou les cultures qui la pratiquent mais d’une défense des valeurs de la civilisation occidentale.



Démocratie et multiculturalisme

La tolérance ancienne, laissant chaque communauté décider de ce qui est bon pour les siens, semble devoir être confrontée à une conception plus rigoureuse de la démocratie, dans laquelle le multiculturalisme est subordonné aux valeurs et à la loi. En d’autres termes, ce n’est pas la loi qui doit se plier aux communautés, mais les communautés qui doivent plier devant la loi. 




Pourquoi cela ? Parce que que l’une des valeurs piliers de la démocratie est l’égalité devant la loi. On se souvient des réactions très hostiles à l’introduction de tribunaux islamiques appliquant en partie la charia, dans les pays occidentaux. Pourquoi ? Parce que c’est une brèche considérable dans le principe de l’égalité devant la loi. Les lois deviendraient à géométrie variable selon notre origine ethnique ou communautaire. Ce serait une modification fondamentale, profonde, de la démocratie. On pourrait même considérer que l’autorisation de la circoncision en tant que valeur culturelle et/ou cultuelle, différencie les citoyens et pose une discrimination devant la loi. Certains auraient des droits légaux grâce à leur religion, que d’autres n’auraient pas.



Circoncision6.jpg

Cela sans remettre ici les précédentes questions sur la notion de mutilation génitale, ses raisons et ses conséquences - fût-elle moindre que l’excision. Mais même moindre elle peut générer de réel dégâts à vie pour l'homme (voir ici). Circoncire c'est l'équivalent d'enlever le capuchon vulvaire sur les organes génitaux féminin.


Démocratie à plusieurs vitesses ?

En autorisant la circoncision pour des raisons religieuses n’introduit-on pas une démocratie à deux vitesses ? Sommes-nous encore égaux devant la loi ? Si l’on change ce pilier fondateur de la démocratie, jusqu’où ira-t-on ? Ne retourne-t-on pas vers une société multicouche, corporatiste, aux liens sociaux déconstruits (ils sont déjà mis à mal actuellement) ?


Sera-ce encore une démocratie, ce projet encore en construction visant à donner la même valeur d’être et les mêmes droits juridiques à tous ? N’irons-nous pas vers une nouvelle société de castes où les appartenances communautaires empêcheront toute interaction transversale dans la société et conduiront à son appauvrissement intellectuel et à de nouvelles et meurtrières confrontations ? N’est-ce pas un retour de la prévalence religieuse sur la laïcité ?



Mais comment situer, dans cette question complexe, le
libre droit des parents d’éduquer leurs enfants comme ils l’entendent selon leur convictions et traditions, sans que l’Etat ne viennent leur prendre un peu plus de cette liberté tout aussi fondamentale ? Liberté individuelle et parentale qui est également un pilier de la démocratie occidentale ?


Le débat est profond, complexe, et demande à être mené aussi loin que possible, car il ne s’agit pas simplement d’une question religieuse mais de valeurs occidentales fondamentales pour lesquelles nos ancêtres se sont battus et dont aujourd’hui nous bénéficions tous.


La société laïque et libre a changé l'Histoire. Le travail des religions est peut-être ailleurs que dans la défense acharnée de certains marqueurs communautaires. Il est peut-être davantage dans le développement d'une vraie dynamique de paix entre les humains - si elles le peuvent, si elles le veulent. On peut se poser la question. Mais cela, c’est une autre histoire.


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