DRONGO : PLUS ESCROC QUE MOI TU MEURS !
Le drongo, oiseau escroc
Ce passereau, dont la belle robe noire brille au
soleil d'Afrique, sait mentir avec talent: il imite les cris d'alarmes
d'autres espèces pour les faire fuir et mieux voler leur nourriture. Et
surtout, il sait modifier ces cris afin que ses victimes ne puissent pas
apprendre à déjouer l'escroquerie…
Des chercheurs australien,
britannique et sud-africain ont passé près de 850 heures à observer le
comportement de ces drôles d'oiseaux escrocs.
Dans le désert du
Kalahari, en Afrique du Sud, ils ont enregistré les fausses alarmes
lancées par 64 Dicrurus adsimilis lors de pas moins de 688 tentatives de vol de nourriture, et publient dans la revue américaine Science le produit de leurs observations.
Faux prétextes
Les oiseaux ont, affirment les chercheurs, passé un quart de leur temps à suivre des cratéropes bicolores (Turdoides bicolor),
une autre espèce de passereau, et des suricates, petits mammifères
carnivores. Tous deux raffolent des mêmes insectes qui font l'ordinaire
du drongo.
Ces derniers poussaient d'honnêtes cris d'alarme lorsqu'un
prédateur approchait. On pourrait y voir une tactique de mise en
confiance… Mais obéir aux sirènes lancées par d'autres est fréquent dans
le monde animal: cela permet de consacrer du temps à la recherche de
nourriture, tandis que les voisins veillent.
Plus rare est cette
capacité qu'a le drongo de mentir à ses voisins pour mieux profiter de
leur naïveté. De son œil rouge, il attend son heure et observe le manège
de ces «cibles». Lorsque l'une d'entre elles trouve une belle réserve
de nourriture, le malin lui fait croire qu'un prédateur approche.
Souvent en imitant le cri de sa victime: un total de 51 cris différents a
été enregistré lors des fausses alarmes, dont 45 simulant ceux d'autres
espèces.
Moduler son cri pour tromper le naïf
«L'intérêt
des drongos à imiter une telle variété d'espèces n'est pas clair»,
précise l'auteur principal de l'étude, Tom Flowers. L'une des
possibilités, explique ce biologiste de l'Université du Cap, est que
l'on fait plus facilement confiance à ses semblables… Ou à ceux qui se
font passer pour tels. Lorsque le drongo lance une fausse alerte, sa
victime fuit… et se fait voler son repas, des larcins qui représentent
tout de même 23 % de l'alimentation du passereau menteur.
Mieux
encore, le drongo sait moduler ces cris. Car lorsqu'un mensonge est trop
fréquent, on peut apprendre à le déjouer. Le drongo modifie donc les
cris d'alarmes lancés pour que ses victimes continuent à être dupes et à
fuir des menaces qui n'existent que dans l'imagination de l'oiseau
escroc. Si une première tentative de vol a échoué, le drongo saura
d'autant mieux moduler son cri pour tromper le naïf.
D'autres usent de la force
«Beaucoup
d'espèces volent les autres, comme les goélands ou certains rapaces»,
explique Jérôme Fuchs, enseignant-chercheur au département systématique
et évolution du Muséum national d'histoire naturelle.
Mais elles misent
plutôt sur la force pour commettre leur forfait. «D'autres, comme les
geais ou les corneilles, peuvent se souvenir de l'endroit où les
mésanges ont caché de la nourriture pour venir les chiper lorsque la
nourriture se fait rare», ajoute Jérôme Fuchs. On sait aussi que
certaines espèces savent mentir, pour sauver leur peau ou attirer leurs proies.
Mais
le drongo serait le seul à user de faux prétextes pour éloigner ses
victimes, et chiper leur déjeuner.
C'est pourtant un excellent chasseur
quand il s'en donne la peine.
«Mais c'est moins fatigant de rester assis
sur une branche et d'observer les autres, plutôt que de chasser
soi-même!» indique Jérôme Fuchs.
- Les pigeons de Paris sont de bons physionomistes
- Les crocodiles, rois du guet-apens
- !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
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