jeudi 24 avril 2014

PLAN ANTIJIHAD

Cyberpatrouilles et familles au cœur du plan «antidjihad»



Un Numéro Vert et une page d'accueil sur Internet seront ouverts d'ici jeudi pour prévenir les départs de plus en plus nombreux de djihadistes vers la Syrie, où se trouvent 300 combattants français.

L'hémorragie des combattants volontaires français prenant la route de Damas n'a jamais été aussi forte. Selon un dernier état des lieux établi par les services de renseignements, près de 300 de nos compatriotes mènent aujourd'hui le djihad en Syrie. Parmi eux figurent désormais une quinzaine de mineurs, mais aussi une centaine de femmes.

 Le fléau fait tache d'huile pour toucher, selon le ministère de l'Intérieur, des profils assez variés dans 70 départements. Il a coûté la vie à 25 Français engagés dans les rangs de rebelles cherchant à faire trébucher le régime de Bachar el-Assad. Au total, 740 personnes ont été détectées comme appartenant à ces filières, sachant que 130 combattants sont en transit et 130 autres sont de retour après «un ou plusieurs séjours» dans les rangs islamistes.

 «Le phénomène s'est développé», a confirmé Bernard Cazeneuve, mercredi midi, place Beauvau, après avoir dévoilé en Conseil des ministres le détail d'un plan gouvernemental articulé sur trois axes.

Pour venir d'abord en aide aux familles démunies face à la radicalisation brutale d'un enfant, une page d'accueil sur Internet et un Numéro Vert seront ouverts d'ici jeudi afin d'alimenter une plate-forme de signalements. Chaque message sera traité avec la «garantie de la plus grande confidentialité, au plus près du terrain», par la préfecture des départements concernés. «Au cas par cas, le préfet adaptera un dispositif de suivi sur mesure dans lequel pourront intervenir des travailleurs sociaux, des agents de la protection judiciaire de la jeunesse, une équipe médico-psychiatrique ou encore des responsables religieux», insiste le nouveau locataire de la place Beauvau. Les architectes de ces subtils Meccano risquent d'être sous pression dans la mesure où une «réactivité très forte» leur sera demandée au moment de «mobiliser l'ensemble des acteurs territoriaux».

«Les services de police vont-ils conserver les renseignements dans une base de données? Et si oui, qui va les contrôler, les gérer? Cette base sera-t-elle soumise à une quelconque autorité?», s'interroge l'islamologue et universitaire Mathieu Guidère.

Tout aussi critique, Éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) considère de son côté que «le pouvoir politique est dans une démarche de réassurance de l'opinion ; c'est un peu comme les militaires dans les gares, cela rassure, mais en termes d'efficacité de lutte contre le terrorisme, l'effet est nul». Des critiques qualifiées de «dures et pas forcément justifiées» au ministère de l'Intérieur, où ont été reçues des familles en détresse.

Si le risque d'exode d'un candidat à la guerre sainte est avéré, son nom sera aussitôt inscrit au Fichier des personnes recherchées (FPR) et intégré dans le Système d'information Schengen (SIS), qui permettrait de tirer la sonnette d'alarme dès que le suspect signalé se présente aux portes de l'Europe. 

Les adultes «fléchés» pourraient quant à eux se faire confisquer leur passeport. Ce qui, en théorie, ne dissuadera pas les plus endurcis de tenter de rejoindre la frontière syro-turque par le bus, sachant que les cartes d'identité ne peuvent être retirées qu'à l'occasion d'un contrôle mené dans le cadre d'une procédure judiciaire.

 «L'idée d'empêcher le retour des djihadistes sur le sol français est inapplicable car contraire à toutes les règles du droit international, objecte aussi Bernard Cazeneuve. 

En revanche, les criminels qui ont décapité et torturé sur place seront traduits de manière intraitable en justice…»

Pour lutter contre les «microfilières» qui embrigadent sur Internet, le plan propose d'accentuer les cyberpatrouilles en permettant aux policiers d'infiltrer les réseaux sous pseudo, un peu à l'image de leurs collègues engagés dans la traque contre les pédophiles. Par ailleurs, la durée de détention des données de connexion récupérées à distance sera allongée de 10 jours à un mois afin d'approfondir les investigations. 

Le député (UMP) de l'Yonne Guillaume Larrivé a quant à lui déposé une proposition de loi visant à punir de «deux ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende les internautes qui consultent de façon habituelle» les sites faisant l'apologie du terrorisme. 

Dès le 30 avril prochain, Bernard Cazeneuve se rendra à Londres pour étudier avec ses homologues anglais, belge et allemand le moyen technique de bloquer, par le ciblage des administrateurs de site, les contenus diffusant des messages de haine et des images barbares.

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