ET SURTOUT N'OUBLIEZ PAS QUE MICHEL GARROTE EST LE REDACTEUR EN CHEF DE "DREUZ.INFO"
Que ferait Saint Louis s’il était Roi de France aujourd’hui ?
Cela s’est passé il y a 800 ans, jour pour jour : né et baptisé le 25
avril 1214 à Poissy, le Roi Saint Louis (Louis IX) était l’un des cinq
fils de Louis VIII. Blanche de Castille assure la régence du Royaume.
Saint Louis est le modèle du Roi chevalier et du Roi Chrétien :
chevalier sans peur et sans reproche, érudit, capable de discussions
théologiques avec Saint Thomas d’Aquin, symbole de la Justice
personnifiée, chrétien d’une charité extraordinaire qui régulièrement
vient soulager les lépreux, les pauvres et indigents. L’Eglise le
canonise le 11 août 1297.
1214 – 2014 : Saint Louis aujourd’hui.
Mgr
Aumônier, évêque de Versailles rappelle (extraits adaptés) que Saint
Louis a cherché à vivre en chrétien, à assumer son devoir de roi en
chrétien. Il l’a fait compte tenu de son époque, parfois en s’opposant
aussi à la culture ambiante. Chef d’Etat à une époque où le pouvoir
était concentré en un seul homme, Louis IX (Saint Louis) n’a pas échappé
aux difficultés inhérentes à l’art de la politique : susciter
l’adhésion mais entendre les critiques, favoriser le consensus mais
savoir dire non, vouloir la paix mais savoir faire la guerre.
Le
roi saura même s’opposer respectueusement mais fermement au Pape
lorsque ce dernier empiètera sur le pouvoir royal. Le roi Louis
assistait à deux messes par jour, une première pour communier, la
suivante pour rendre grâce, récitait la liturgie des heures, se
confessait souvent et se rendait régulièrement à l’abbaye de Royaumont.
Mais la sainteté n’est pas la perfection.
Saint Louis a fait des erreurs
et ses actes de gouvernement ne sont pas infaillibles. Ce ne sont pas
les décisions d’un homme qui sont canonisées, mais la personne
elle-même, précise Mgr Aumônier.
Saint Louis et les Juifs
Pour
mémoire, En 1242, un juif converti, Nicolas Donin, assure au pape que
le Talmud, livre sacré des juifs, contient des injures contre le Christ.
Une controverse a lieu à Paris entre rabbins et prêtres. En juin 1239,
le pape Grégoire IX envoie aux évêques de France l’ordre de saisir les
livres des juifs. Le roi Louis IX, futur Saint Louis, décide de faire
brûler tous les manuscrits hébreux de Paris en place publique. Le total
représente 24 charrettes. Dans le même temps, en 1269, Saint Louis
impose aux juifs de porter sur la poitrine une rouelle, c’est-à-dire un
rond d’étoffe rouge, pour les distinguer du reste de la population et
prévenir les unions mixtes.
Saint
Louis applique ce faisant une recommandation du Concile de Latran en
1215 de marquer les juifs à l’image de ce qui se pratiquait déjà dans le
monde musulman, tout en interdisant qu’il leur soit fait du mal. En
1254, Saint Louis bannit théoriquement les juifs de France sans les
bannir concrètement, car la mesure est rapportée quelques années plus
tard en échange d’un versement d’argent au trésor royal.
Contre
les persécutions de Juifs, on avait pourtant vu se lever Saint Bernard
de Clairvaux : « Ne touchez pas aux Juifs, ils sont la chair et les os
du Seigneur. Il ne faut pas s’attaquer aux Juifs, ni les tuer, ni même
les expulser ».
Ce ne sont pas les décisions d’un homme qui sont
canonisées, mais la personne elle-même, précise donc, en 2014, Mgr
Aumônier, évêque de Versailles. Certes. Mais cela n’abolira pas la
controverse. A noter qu’au 20e siècle, c’est au tour du philosophe
catholique Jacques Maritain de reprendre le point de vue de Saint
Bernard de Clairvaux, cette fois dans un christianisme clairement
judéophile par opposition au génocidaire national-socialisme.
Saint Louis – Histoire d’un Roi
Saint
Louis a bénéficié dès sa jeunesse d’une éducation chrétienne avec sa
mère alors Régente auprès de qui il acquière le goût de la Justice à
travers le difficile équilibre entre Autorité et Charité (ci-après, extraits adaptés ; source : Geneviève Esquier, Ceux qui croyaient au Ciel, Editions l’escalade, pages 143-144).
C’est
à Saint Louis que l’on doit les premiers tribunaux d’instance, ouverts à
tous. Il nomme dans toutes les provinces de Frances des représentants
de la justice royale et crée le premier parlement qu’il préside lui-même
à Vincennes. Il est aussi à l’origine de la libération du servage,
d’une caisse d’aide pour les agriculteurs âgés, d’une multitude d’œuvres
caritatives à travers tout le pays.
Sa
sagesse et son esprit de justice sont tels que le pape demande son
intercession et le roi d’Angleterre sa médiation pour juger des affaires
interne à son royaume. Cela n’empêche pas Saint Louis de prendre la
tête des armées royales pour châtier des coupables, pour faire respecter
le droit et combattre les mahométans en Terre promise. Il meurt atteint
par le typhus (fin des extraits adaptés ; source : Geneviève Esquier, Ceux qui croyaient au Ciel, Editions l’escalade, pages 143-144).
De Saint Louis à Louis de Bourbon
Né le même jour que Saint Louis, un 25 avril, son descendant, Louis de Bourbon, duc d’Anjou a répondu aux questions du Figaro (extraits) :
Le Figaro – Pourquoi avoir souhaité marquer l’anniversaire de Saint Louis, ici, à Aigues-Mortes ?
Louis
de Bourbon, duc d’Anjou –
Beaucoup de villes commémorent cette année la
naissance de Saint Louis. En mars, je suis allé à Poissy, qui était
associée à un très beau triduum de vénération de la sainte couronne
d’épines, organisé par les diocèses de Versailles et de Paris. Pour le
25 avril, j’ai souhaité un geste fort, et il m’a semblé qu’être, en ce
jour, à Aigues-Mortes était symbolique.
Aigues-Mortes est une ville
importante de l’histoire de France, dont l’image est totalement attachée
au souvenir de Saint Louis, qui l’a fait bâtir en 1240 pour donner au
royaume une porte sur la Méditerranée. Par la suite, il lui a octroyé
une des premières chartes communales ouvrant la voie à une profonde
réforme des institutions. Cela a permis d’affranchir les villes du
pouvoir des féodaux. Le roi y est venu plusieurs fois, et la ville est
toujours fidèle au souvenir de Saint Louis, qu’elle fête chaque 25 août.
Le roi Louis IX (ndmg – le roi Saint Louis) fut à la fois un grand
souverain sachant réformer son Etat et imposer la paix, un mari et un
père de famille exemplaire et ce fut aussi un grand saint. Cette triple
qualité n’est pas très courante. Bel et lourd héritage, car comment
pourrait-on l’égaler ? Saint Louis est un modèle.
Que retenez-vous de Saint Louis après huit siècles d’histoire ?
Les
trois qualités que je viens de signaler : un bon mari et un excellent
père de famille ; un souverain reconnu par tous ses contemporains ; et
un saint. Il me semble que ces trois vertus sont toujours actuelles dans
notre monde en pleine mutation où la jeunesse est inquiète. La société
contemporaine manque de repères et se replie sur elle-même. J’ai été
frappé de voir, ces dernières années, que l’abstention domine dans les
élections, même au niveau le plus local.
Comment peut-on s’abstenir de
la vie sociale ?
Voilà quelque chose que Louis IX n’aurait pas compris.
Nos contemporains ne croient malheureusement plus dans leurs
institutions et préfèrent l’individualisme à l’ouverture aux autres. Ils
manquent de confiance en l’avenir. Pourtant, la petite lueur de
l’espérance n’est pas éteinte.
Saint Louis peut-il servir d’exemple pour ranimer cette espérance ?
Pourquoi
pas ?
Le roi est souvent présenté comme celui qui rend la justice sous
le chêne de Vincennes. Belle image. Cette aspiration n’est-elle pas
toujours celle de notre temps ? Les gouvernements doivent être les
garants de la justice et de l’intérêt général. Ce message est bien
actuel. Saint Louis demeure l’un des fondateurs de la France et de ses
institutions. Il faut s’en souvenir au moment où, comme au XIIIème
siècle, un cycle historique s’achève, pour ouvrir de nouvelles pages de
notre histoire commune.
Mais ces pages ne peuvent s’écrire qu’en
respectant les valeurs qui ont toujours fait la grandeur de la France.
Le respect du beau, du vrai et du bien et, comme le rappelle notamment
le pape François, il faut remettre l’homme au centre de l’action
politique.
Quel
rôle peut encore jouer la monarchie en France ? N’est-elle pas une
nostalgie regardée avec sympathie, mais sans avenir, par les Français ?
Avec
ma position d’héritier de l’une des plus vieilles dynasties d’Europe,
j’ai du mal à parler de la royauté en termes nostalgiques.
Pour moi,
elle est beaucoup plus concrète. En observant les huit siècles de
monarchie ininterrompue, j’ai plutôt envie de parler d’une continuité.
Ce régime a fait ses preuves et il y a deux manières de le regarder.
Ceux qui parlent de nostalgie se retournent vers le passé et essayent
d’y voir un âge d’or qui serait meilleur que le présent. Ce n’est pas ma
manière de voir.
Ceux qui ont fait la royauté française, c’est-à-dire
les rois et les Français, eux, n’étaient pas des nostalgiques. Ils ont
toujours cherché à aller de l’avant. A faire progresser leur pays. A
l’agrandir, à lui donner la première place en Europe, à faire triompher
ses lettres et ses industries, ses arts et sa langue.
La royauté « à la
française », comme Saint Louis nous le rappelle, est avant tout un
esprit, une volonté d’agir, guidée par la foi, qui donne les principes,
et la raison, qui permet de rester dans le réel.
Cet esprit est celui de
l’unité contre la division, de la vérité contre le scepticisme qui mine
nos sociétés, d’un sens de l’aventure commune contre les
individualismes, d’un monde qui respecte l’homme de sa conception à sa
mort plus que l’argent, d’une société qui protège la famille.
Reproduction autorisée avec mention :
Michel Garroté réd en chef www.dreuz.info
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