samedi 29 mars 2014

UNE GRANDE TURQUIE EUROPEENNE ET MUSULMANE, DONT LA CAPITALE SERAIT VIENNE






Jean III Sobieski, roi de Pologne.

 Bataille de Vienne


La civilisation européenne, combattante, se sauve du péril ottoman



L'union des princes européens a sauvé notre civilisation du danger mortel que constituait l'Empire ottoman en reprenant Vienne, encerclée par les troupes innombrables de Kara Moustapha.

 Un siècle et demi auparavant, Vienne avait été assiégée une première fois. Le Roi d'Espagne s'était rangé du côté des Autrichiens. De même à l'époque de la Bataille navale de Lépante, l'Espagne et le Saint-Empire avaient fait cause commune contre l'invasion barbare des Ottomans. 


Le scénario politico-militaire de la seconde moitié du 17ème siècle était inquiétant, les guerres se succédaient et aucune paix ne semblait se dessiner à l'horizon; ce fut un siècle terrible, un siècle de malheurs, qui a marqué l'Europe à jamais. 

La Guerre de Trente Ans (1618-1648) avait commencé comme une guerre de religions mais s'était poursuivie par un conflit entre la maison royale de France, les Bourbons, et les Habsbourgs. 

Ces derniers finiront pas conserver leur hégémonie sur l'Allemagne, centre de l'Europe, et par assumer l'autorité impériale romaine-germanique, seule légitime.

 Pour contester l'hégémonie habsbourgeoise sur le Saint-empire, le ministre français Armand du Plessis, Cardinal-Duc de Richelieu (1585-1642), inaugure une politique de rébellion ouverte contre la légitimité impériale en forgeant des principes d'action politique axés sur les seuls intérêts nationaux français au détriment des intérêts de l'Europe catholique. Richelieu s'allie ainsi avec les princes rebelles protestants.


Les Traités de Westphalie de 1648 sanctionnent l'affaiblissement définitif du Saint Empire Romain en Allemagne, territorialement mutilé et divisé entre catholiques et protestants, fractionné politiquement; en Europe, le Roi de France Louis XIV (1638-1715) détient une hégémonie de fait. 

Le rôle prépondérant qu'il joue sur le continent induit le "Roi-Soleil" à briguer la couronne impériale et, dans cette perspective, il n'hésite pas à s'allier avec les Ottomans, se montrant totalement indifférent à tout idéal européen et catholique. 

Le résultat de cette alliance calamiteuse et de cette trahison sans vergogne a provoqué la ruine de l'Europe, a perpétué des divisions religieuses inutiles, a affaibli l'ensemble civilisationnel européen par des luttes dynastiques tout aussi inutiles, le tout sur fond d'une crise économique et d'un déclin démographique, conséquences de la guerre. L'Europe était donc particulièrement vulnérable au lendemain de la Guerre de Trente Ans.


L'offensive turque



L'Empire ottoman, qui avait déjà conquis les pays balkaniques et s'était installé dans la plaine hongroise, avait été toutefois contenu dans ses tentatives d'expansion, le 1 août 1664, par les armées impériales commandées par le Lombard Raimundo Montecuccoli (1609-1680) à la Bataille de Saint-Gotthard en Hongrie. 


Mais rapidement, les Ottomans se remettent de cette défaite, sous l'énergique impulsion du Grand Vizir Kara Moustapha (1634-1683) et reprennent leurs offensives, encouragés inconsciemment pas la politique de Louis XIV, résolument anti-habsbourgeoise, et par la faiblesse du Saint-Empire et de l'Europe toute entière.


Seule la République de Venise combattait efficacement les Ottomans à l'époque, le long des côtes de l'Egée, en Grèce et en Dalmatie. Ce fut un combat impavide et glorieux, la dernière guerre que la Sérénissime République mènera en tant qu'Etat indépendant. Cette guerre s'achèvera par la chute de Candia en 1669, défendue héroïquement par Francisco Morosini, dit du Péloponnèse (1618-1694). 


Après la Crète, la Podolie, partie de l'actuelle Ukraine, est arrachée en 1672 à la Pologne et, en janvier 1683, à Istanbul, les étendards de guerre sont tournés vers la Hongrie. Une immense armée se met en marche en direction du coeur de l'Europe, sous le commandement de Kara Moustapha et du Sultan Mehmet IV (1642-1693), dont les intentions étaient claires : créer une "grande Turquie européenne et musulmane" dont la capitale serait Vienne. 


Les forces impériales, peu nombreuses et appuyées seulement par les milices urbaines et rurales hongroises, commandées par le Duc Charles V de Lorraine (1643-1690), tentèrent de résister mais en vain. Le grand chef de guerre lorrain, au service des Habsbourg, a accepté cette mission difficile, malgré qu'il était convalescent et sortait à peine d'une grave maladie qui l'avait quasiment amené au seuil de la mort, dont, dit-on, l'avait sauvé les prières d'un capucin, le vénérable Marco d'Aviano (1631-1699). Ce prêtre italien, envoyé par le Saint Père auprès de l'Empereur, était un prédicateur infatigable, qui ne cessait de prêcher la croisade contre les Turcs, conseilla aux militaires impériaux de placer l'image de la Mère de Dieu sur les insignes des armées du Saint Empire. C'est pourquoi les bannières militaires autrichiennes ont porté toutes l'effigie de la Vierge pendant plus de deux siècles et demi, jusqu'au jour où Adolphe Hitler (1889-1945) les a fait retirer.


Les cloches sonnent pour avertir l'Europe du danger turc



Le 8 juillet 1683, l'armée ottomane quitte la Hongrie et s'avance en direction de Vienne, installe son campement autour de la ville le 13 et commence le siège. Pendant la progression de cette armée, les régions traversées sont dévastées, les villes et les fermes sont mises à sac, les églises et les monastères détruits, les populations autochtones de confession chrétienne sont soit massacrées soit réduites à l'esclavage.


L'Empereur Léopold I (1640-1705), après avoir confié le commandement militaire de la place de Vienne au Comte Ernst Rüdgier von Starhemberg (1638-1701), quitte la ville et s'installe à Linz pour organiser de là la résistance des peuples germaniques au péril mortel qui fond sur elles. 


Dans tout l'Empire, les cloches sonnent à toute volée pour signaler l'arrivée des Turcs, comme en 1664 et un siècle auparavant. 
Alors commence la mobilisation de toutes les ressources du Saint Empire, tandis que l'Empereur négocie fébrilement pour faire convoquer tous les Princes, catholiques comme protestants. Cette initiative est lâchement torpillée par Louis XIV et par Frédéric Guillaume de Brandebourg (1620-1688). Il sollicite l'intervention immédiate de l'armée polonaise, invoquant la nécessité suprême de sauver l'Europe (chrétienne).


Le Pape Innocent XI



A ce moment dramatique de l'histoire européenne, la politique continentale et orientale préconisée depuis plusieurs années par le Saint Siège, surtout grâce au Cardinal Benedetto Odescalchi (1611-1689), élu Pape sous le nom d'Innocent XI en 1676 et béatifié en 1956 par le Pape Pie XII (qui occupa le Saint Siège de 1939 à 1958). 


Se posant comme le gardien du grand esprit des croisades, le Pontife énergique, qui fut auparavant Cardinal-Gouverneur de Ferrara et avait gagné le titre de "Père des pauvres", avait amorcé une politique prospective, visant à créer un système d'équilibres entre les princes chrétiens pour permettre à sa politique extérieure, hostile à l'Empire ottoman, de se consolider. Pour y parvenir, il s'est servi d'hommes habiles, capables de décision, comme les nonces Obizzo Pallavicini (1632-1700) et Francisco Buonvisi (1626-1700), du Vénérable Marco d'Aviano et d'autres.
La diplomatie pontificale s'était posée en médiatrice conciliante entre les antagonismes européens, amenant la paix entre la Pologne et l'Autriche, favorisant tous les rapprochements possibles avec le Brandebourg protestant et la Russie orthodoxe, allant jusqu'à défendre les intérêts des protestants hongrois face à l'épiscopat local, car, à ses yeux, toutes les divisions qui traversaient l'Europe chrétienne devaient s'estomper et disparaître au profit d'une unité combatttante face au péril islamique. Malgré les échecs, les querelles et les incompréhensions, en 1683, année dite "des Turcs", le Pape avait réussi à devenir l'âme de la grande coalition chrétienne, donnant de l'argent à toute l'Europe pour financer les troupes des grands et des petits princes, payant personnellement un détachement de cosaques pour l'armée polonaise.


Le siège de Vienne



Pendant ce temps, à Vienne, submergée par les réfugiés, commence le "chemin de croix" que constitue le siège. La ville tiendra, héroïquement. Six mille soldats et cinq mille miliciens urbains, isolés du reste du monde, vont s'opposer à une immense armée ottomane, soutenue par 300 canons. Toutes les cloches de la ville sont réduites au silence, sauf celles de la Cathédrale Saint Etienne, que l'on appelle l'Angstern, l'"angoisse", qui, de ses battements incessants, convie les défenseurs à exécuter leurs tâches. 

Les assauts contre les murailles de la ville, les batailles au corps à corps se succèdent jour après jour et chaque jour semble être le dernier... mais les secours sont en route. Avec la bénédiction du Pape et sous la direction de l'Empereur, qui prend la tête de ses armées, les troupes impériales avancent à marches forcées vers la ville assiégée. Le Roi de Pologne Jean III Sobieski (1624-1696) se joint à elles, car, par deux fois déjà, il a sauvé la Pologne des Turcs. Finalement, le 31 août il opère sa jonction avec les troupes du Duc Charles de Lorraine, qui exerce le commandement suprême. 

Quand Impériaux et Polonais ont conjugué leurs forces, l'armée chrétienne-européenne marche enfin sur Vienne, où la situation est vraiment dramatique. Les Turcs ont ouvert des brèches dans les murailles et les défenseurs survivants, après avoir repoussé dix-huit attaques et effectué vingt-quatre sorties, sont totalement épuisés. Les janissaires ne cessent d'attaquer, exaltés par les imams. Les cavaliers tatars ravagent l'Autriche et la Moravie. Le 11 septembre, Vienne vit dans l'angoisse : elle a l'impression qu'elle vit ses dernières heures de liberté. Le Comte Starhemberg envoie à Charles de Lorraine un ultime message désespéré : "Ne perdez pas de temps, mon très clément Seigneur!".


La bataille



Le matin du 12 septembre 1683, le Vénérable Marco d'Aviano célèbre la messe et le Roi de Pologne y fait fonction d'acolyte. Il bénit ensuite l'armée massée à Kahlenberg près de Vienne : 65.000 soldats européens-chrétiens vont affronter sur un champ de bataille 200.000 Ottomans.

Les princes de Bade et de Saxe, les Wittelsbach de Bavière, les seigneurs de Thuringe et du Holstein sont présent à la tête de leurs troupes; viennent ensuite les Polonais et les Hongrois, le Général Comte italien Enea Silvio Caprara (1631-1701) ainsi que le jeune Prince Eugène de Savoie (1663-1736) qui va connaître son baptême du feu. 


La bataille va durer toute la journée et se terminer par une terrible charge à l'arme blanche, conduite par Jean Sobieski en personne; elle met les Ottomans en fuite et donne la victoire à l'armée européenne. Celle-ci ne perd que deux mille combattants, tandis que les Ottomans doivent en déplorer 20.000. L'armée du Sultan prend la fuite en désordre, abandonnant son butin et son artillerie, après avoir massacré les prisonniers et esclaves chrétiens.

 Le Roi de Pologne envoie au Pape les bannières capturées, en les accompagnant de ces paroles : "Veni, vidi, Deux vincit" ("Je suis venu, j'ai vu et Dieu a vaincu"). Par décision du Pape Innocent XI, le 12 septembre est dédié au "Plus saint Nom de Marie", en souvenir et en remerciement de la victoire. 


Le jour suivant, l'Empereur entre dans Vienne, joyeuse et libérée, à la tête des princes du Saint Empire et des troupes confédérées. Il assiste au Te Deum d'action de grâces en la Cathédrale Saint Etienne, où officie l'évêque de Vienne-Neustadt, qui fait fonction de Cardinal, le Comte Léopold-Charles Kollonic (1631-1707), âme spirituelle de la résistance.


Le ressac de l'Islam



La victoire de Kahlenberg et la libération de Vienne sont le point de départ de la contre-offensive des Habsbourg contre les Ottomans dans l'Europe danubienne, ce qui conduira, au cours des années suivantes, à la libération de la Hongrie, de la Transylvanie et de la Croatie, permettant à la Dalmatie de se joindre à Venise. C'est le moment historique où se manifeste de la manière la plus éclatante la vocation et la mission de la Maison d'Autriche, qui consistaient à libérer et à défendre l'Europe dans le Sud-est du continent.
 Pour réaliser cette mission, elle a mobilisé sous la bannière impériale romaine-germanique des Allemands, des Hongrois, des Tchèques, des Croates, des Moraves, des Slovaques, des Italiens, des Roumains, des Lorrains, des Savoisiens, des Franc-Comtois, des Flamands, des Wallons, des Luxembourgeois, des volontaires irlandais et arméniens, alliés aux Polonais et aux Vénitiens.

 La Maison d'Autriche a pu, ainsi, créer cet Empire multi-ethnique, multi-confessionnel mais entièrement européen qui donnera à l'Europe centrale et orientale la stabilité et la sécurité jusqu'en 1918. 


La Grande Alliance a donné vie aux projets du Pape Innocent XI, qui entendait s'inscrire dans la tradition d'un énergique prédécesseur, Saint Pie V (1504-1572), artisan de la victoire navale des Européens à Lépante, le 7 octobre 1571. 

La Bataille de Vienne constitue un tournant majeur dans l'histoire européenne, si bien qu'on peut parfaitement la comparer à la fameuse Bataille de Poitiers de 732, emportée par le chef austrasien Charles Martel (688-741), qui a arrêté l'avance des Arabes vers le Nord. 

Rappelons également que l'alliance reconduite en 1684, ratifiée sous le nom de Sainte Ligue, a sanctionné une alliance unique entre Allemands et Polonais, a redoré le blason de l'Empire exsangue après la Guerre de Trente Ans, a rapproché Protestants et Catholiques grâce à la clairvoyance et à la diplomatie d'un grand Pape, bien décidé à réaliser l'objectif qu'il s'était donné : libérer l'Europe des Turcs. 


En cette année s'est forgée une fraternité d'armes entre tous les peuples de l'Europe christianisée, ce qui a permis une grande croisade victorieuse, qui a éliminé définitivement le danger mortel de l'ottomanisme.

 Force est de constater tout de même que ce danger millénaire, une fois écarté, a été vite oublié. 

Mais le siège de Vienne doit nous rappeler que, toujours dans nos mémoires, les cloches qui sonnent pour mobiliser l'Europe contre le péril turc et islamique ne doivent jamais cesser de sonner.
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Erdogan: "les minarets sont nos baïonnettes" 01 Jul 2013

Dix années d’islamisation insidieuse menacent de définitivement entamer l'héritage kémaliste. Comment vider la laïcité de son sens? Mode d'emploi.

Erdogan, par Tignous«Des arbres, pas des immeubles. Des écoles, pas des mosquées. La liberté d’expression, pas la prison. De la bière, pas de l’ayran (boisson traditionnelle turque, à base de yaourt). La démocratie, pas le fascisme. La Turquie, pas Dubaï.» 

Voilà quelques slogans des manifestants turcs qui pourraient bien résumer l’agenda politique de Recep Tayyip Erdogan.

 Les écolos du parc Gezi tombent mal pour le Premier ministre turc. Celui qui n’a jamais caché son ambition de briguer la présidentielle en 2014 avait jusqu’ici effectué un parcours sans fautes dans son entreprise de mutation de la Turquie pour en faire une puissance moderne, certes, mais islamique avant tout. Ses dérives autoritaires ont fini par jeter l’opposition dans les rues, exigeant le départ immédiat de celui qui a pourtant été plébiscité par les urnes. 

Fort de sa légitimité démocratique, il n’a pas hésité le samedi 15 juin à disperser manu militari le dernier village gaulois qui tenait encore le parc menacé, îlot de verdure qui aura eu raison du mythe d’infaillibilité d’Erdogan. La contestation démarrée le 31 mai par quelques activistes écologistes est loin d’être une routine militante, elle cache un profond malaise de l’islamisme politique «fréquentable», un modèle qui atteint ses limites.

La laïcité met les voiles

Arméniens, par TignousLa belle soixantaine, le chef du gouvernement qui gouverne un pays de 73 millions d’âmes d’une main virile a savamment su allier grands chantiers économiques et discrètes mesures liberticides. Arrivé à la tête du pouvoir en 2003, réélu en 2007, puis en 2011 avec 50% de voix, cela fait dix ans qu’il n’a cessé d’éroder l’édifice de la laïcité. 

Avec 326 sièges sur 550, le Parti Justice et Bienfaisance (AKP) n’est qu’à cinq sièges de la majorité des deux tiers qui lui permettrait de réformer la Constitution. Pas étonnant avec une telle marge de manœuvre que ce soit le Parlement qui autorise en 2008 le port du voile à l’Université, impensable durant l’âge d’or du kémalisme. Il tente également de légiférer contre l’adultère avec un projet de loi qui punit l’infidélité conjugale. Finalement, le texte sera abandonné sous la pression de l’armée et des médias. Il est vrai qu’Erdogan n’est pas un leader politique qui s’illustre par ses frasques sexuelles.

 Marié depuis 1970 à Emin Gülbaran, il est un père rangé de quatre enfants. Rencontrée dans un meeting politique, Mme Erdogan imposera son voile au plus haut sommet du pouvoir, au nez des militaires. Trop proche du mouvement de Fethullah Gülen2, qui prône une islamisation de la société par la mainmise sur le système éducatif, notamment en appelant à la réintroduction du créationnisme dans les programmes scolaires, l’AKP favorise un climat de censure religieuse de plus en plus insupportable pour les laïques. Surtaxation de l’alcool, pressions administratives sur les bars proches des mosquées, condamnations pour blasphème, interdiction d’œuvres artistiques ou audiovisuelles, autant de mesures qui deviennent une routine sous Erdogan.

Gazs à istanbul, par TignousL’adolescent qui vendait des friandises dans les rues d’Istanbul pour aider les siens a été mis très tôt sur le droit chemin par ses parents. Stambouliote de naissance, il a grandi à Rize, sur les bords de la mer Noire, où son père était garde-côte. De retour dans la capitale ottomane à l’âge de 13 ans, il intègre une école religieuse pour être désigné imam adjoint dès l’âge de 16 ans.

 En 1970, il adhère aux jeunesses du Parti du Salut national (MSP). Dirigée par Necmettin Erbakan, la formation islamiste est interdite en 1980 à la suite d’un putsch militaire. Proche du leader islamiste, Erdogan transhume d’un parti à l’autre au gré des interdictions, jusqu’à ce qu’il fonde l’AKP en 2001, où il rassemble les résidus d’anciens partis islamistes dissous. 

En 1996 déjà, alors maire d’Istanbul, il a interdit l’alcool dans les établissements publics qui dépendaient de sa municipalité. Son mandat de maire a pris fin en 1998, lorsqu’il a été arrêté pour «incitation à la haine». 

Lors d’un meeting politique à Siirt, il a cité un passage du poète nationaliste Ziya Gökalp: «Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes, et les croyants nos soldats.»

Un islamiste de la première heure

Erdogan des landes par TignousSorti de prison en 2001, il n’exècre pas pour autant les délits de plume. S’il se prévaut d’avoir élargi le champ de la liberté d’expression, les geôles turques comptent plus de 74 journalistes emprisonnés, soit plus du triple qu’à son arrivée au pouvoir. Islamiste? 

Il refuse de se reconnaître comme tel, et se compare volontiers aux partis démocrates-chrétiens d’Europe occidentale. À l’heure où il est plus contesté que jamais, Erdogan n’affiche pas pour autant l’assurance d’un démocrate. 

Ses invectives envers ses opposants ne diffèrent guère de celles de Bachar el- Assad ou Kadhafi, qui taxaient allègrement les leurs de «terroristes» et de «vandales». 

Clin d’œil de l’Histoire, le leader de l’AKP a été le lauréat du prix Kadhafi des droits de l’homme en 2010, le dernier décerné par le dictateur avant sa chute. 

Zineb El Rhazoui

Article paru dans Charlie Hebdo n°1096 du 19 juin 2013
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