dimanche 30 mars 2014

SABLE, EAU, MINERAI

 

Les ressources minérales risquent-elles de disparaître ?


À l’origine de nombreux équipements technologiques, les métaux sont devenus des ressources très convoitées. 

27/3/14

cle Sable, eau, minerai... Et si les ressources venaient à manquer?
 


La notion de « réserves disponibles » est cependant complexe : elle recouvre à la fois des aspects géologiques et économiques. D’un point de vue géopolitique, la gestion de ces ressources peut de fait donner lieu à des tensions importantes. 


En revanche, la communauté scientifique est beaucoup plus divisée sur le fait de savoir si ces réserves sont sur le point ou non d’être épuisées.


Ainsi, pour Jean-Claude Guilleneau, du BRGM, les projections dans l’avenir ne doivent pas évoquer la disparition des métaux mais la « raréfaction ».
 
ENTRETIEN 

Jean-Claude Guillaneau, directeur des géoressources au BRGM 

La Croix : Peut-on parler de finitude concernant les métaux ? 

Jean-Claude Guillaneau : Évoquer la finitude, c’est souvent faire une analogie entre hydrocarbures et métaux, un raccourci très discutable. Rappelons-nous qu’en 1972, le club de Rome alertait sur le manque de certains métaux à partir des années 2000 en se basant sur la consommation de l’époque. Aujourd’hui, il s’avère qu’il n’y a pas eu de pénurie. Certes, plus on consomme de métaux, plus la teneur des nouveaux gisements diminue, ce qui les rend plus chers à exploiter. Mais la croûte terrestre recèle une quantité illimitée de métaux.

Comment estime-t-on les ressources en métaux disponibles ? 

La notion de ressources disponibles se fait à un instant donné, par rapport aux marchés, à ce que l’on connaît des ressources géologiques, au prix de vente des différents métaux. Il est donc difficile de faire des projections et d’évaluer les risques de pénurie.
La carte présente les pays qui concentrent plus de 5% des réserves mondiales connues pour un métal. Les métaux représentés sont menacés d'épuisement : antimoine, argent,  chrome, cobalt, cuivre, étain, manganèse, minerai de fer, nickel, or, plomb, titane, zinc, zirconium. Source : U.S Geological Survey   (Cette carte est interactive. Zoomez et cliquez sur les points pour obtenir les chiffres. Pour voir la carte en grand, cliquez en haut à droite de la carte sur l’icône [ ] oucliquez ici 

Quelles seraient les alternatives à la raréfaction des métaux ? 

Quand des métaux deviennent rares ou sont produits dans des pays en crise, il faut pallier cette vulnérabilité. C’est notamment le cas du lithium utilisé pour les montres et les téléphones portables. Plusieurs solutions. Recourir au recyclage, qui ne suffira cependant pas à répondre entièrement à la demande. Trouver des matériaux de substitution, souvent moins chers. Ou découvrir de nouvelles mines. Avec un bémol pour cette dernière solution, car il faut du temps pour pouvoir exploiter de nouveaux gisements. Cela nécessite parfois une dizaine d’années pour mettre en œuvre une nouvelle exploitation minière.

Quels sont les enjeux politiques et économiques autour de ces métaux ? 

La géopolitique fait partie des paramètres à prendre en compte dans l’étude des ressources de ces métaux. Exemple : la Chine, premier producteur mondial de terres rares, utilise les 18 métaux indispensables à l’industrie de pointe comme un moyen de pression face au Japon, à l’Europe et aux États-Unis. Elle a ainsi mis en place depuis 2011 des quotas d’exportation tout en favorisant l’installation d’usines étrangères sur son sol avec accès aux terres rares pour « protéger ses ressources naturelles et leur assurer un développement économique durable ».
Que dire de l’extraction des métaux dans les pays en développement ? 

Les industries extractives ont mauvaise presse. Il existe pourtant l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives. L’ITIE concerne les pays producteurs et les sociétés extractives dans le domaine des hydrocarbures et des métaux. Son objectif : augmenter la transparence des flux financiers afin d’éviter la corruption et faire en sorte que le bénéfice de ces ressources soit réinvesti dans les pays producteurs.

Par ailleurs, le 21 février dernier, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, a annoncé la création de la Compagnie nationale des mines de France (CMF). L’idée de cette société est de pratiquer l’exploration conjointe avec des pays d’Afrique francophone, d’Amérique du sud et d’Asie centrale, avec la mise en place d’une gestion « gagnant-gagnant » permettant le maximum de retour vers les pays producteurs. 

Tout en sécurisant les approvisionnements en métaux pour la France.

Retrouvez notre séquence : un monde nouveau 



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