VOILE ISLAMIQUE
 Ce contrôle tendu suivi du placement en garde à vue de Michaël Khiri, 
l'époux de la jeune femme avaient créé une forte émotion dans le 
quartier des Merisiers à Trappes, théâtre dans les jours suivants de 
graves débordements.
La loi sur le voile en question
Michaël Khiri, l'époux de Cassandra, a déjà été condamné à 3 mois de prison avec sursis pour
 s'être violemment opposé à ce contrôle, justifié par la loi sur la 
dissimulation du visage de 2011, une loi qu'il a qualifiée lors de sa comparution
 d'«illégitime». Cassandra Belin doit pour sa part être jugée pour 
outrage, les policiers l'accusant d'avoir proféré des insultes. Ce 
qu'elle a partiellement admis, reconnaissant avoir dit «Ferme ta 
gueule!», mais niant avoir lancé aux policiers «Allah va t'exterminer!».
Au-delà
 de ces faits, ce procès devant le tribunal correctionnel sera également
 celui de la loi qui a justifié ce contrôle d'identité - un texte 
interdisant de «porter une tenue destinée à dissimuler son visage», 
entré en vigueur en avril 2011. 
En effet, Me Philippe Bataille, l'avocat
 de la jeune femme, a déposé une question prioritaire de 
constitutionnalité (QPC), pour que soit examinée la compatibilité de 
cette loi avec la Constitution. 
En d'autres termes, l'avocat considère 
que les termes de cette loi entrent en contradiction avec les principes 
fondamentaux de la République. Si le tribunal correctionnel décidait de 
transmettre cette QPC à la Cour de cassation - qui aurait ensuite à 
décider de la faire suivre ou non pour examen au Conseil constitutionnel
 -, le procès serait une nouvelle fois renvoyé, dans l'attente d'une 
réponse à cette question qui touche au coeur même de l'infraction: la 
loi qui la définit.
Un «test des institutions»
Pourtant, 
cette loi est déjà passée devant les Sages du Conseil constitutionnel, 
avant même d'être votée, à la demande des présidences de l'Assemblée 
nationale et du Sénat, précisément pour éviter cette «insécurité 
juridique».
Mais, selon l'avocat, «le principe de la liberté d'aller et 
venir, consacré par le Conseil constitutionnel comme principe 
fondamental, les principes généraux de laïcité, de dignité humaine, de 
sécurité publique et d'ordre public» notamment, n'ont pas été examinés. 
Le parquet s'est malgré tout d'ores et déjà opposé à cette QPC. Me 
Bataille, lui, reste combatif: «plus je me documente, plus cette loi 
suscite des critiques…»
Un avis que ne partage pas Me Thibault de 
Montbrial, avocat des policiers plaignants. Lui considère le fait de 
refuser un contrôle policier comme le «test de nos institutions par une 
minorité radicale islamiste. Ils bousculent les institutions tout en se 
prévalant de nos lois et valeurs pour obtenir des exceptions à ces lois.
 Si les institutions cèdent, on se prépare à des lendemains 
difficiles…», avait-il lancé le 30 octobre, lors d'une première audience devant le tribunal, renvoyée pour des questions de procédure.
«Une supposée islamisation rampante»
Entre-temps,
 le parquet de Versailles a ouvert une information judiciaire contre un 
des trois policiers ayant participé au contrôle d'identité pour 
«incitation à la haine et à la discrimination raciale». Il avait 
notamment publié sur son compte Facebook une photo du groupe «Les femmes
 blanches sont les plus belles» dénigrant une femme en niqab. 
Cet autre 
volet de l'affaire de Trappes montre, selon Me Bataille, qu'il y a «une 
forte suspicion sur les conditions du contrôle d'identité», pouvant 
justifier de défendre la jeune femme au nom de l'excuse de provocation. 
«Cette loi mise entre les mains de certains policiers islamophobes est 
un permis de chasser les femmes intégralement voilées», avait-il lâché à
 la presse le 30 octobre.
Cassandra Belin sera quant à elle 
absente à l'audience de mercredi. «Elle ne veut pas être perçue à tort 
comme le symbole d'une supposée islamisation rampante», justifie son 
avocat Me Philippe Bataille.
La loi sur le port du voile a déjà été contestée le 27 novembre devant la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg, saisie par une Française de 23 ans portant le niqab.
La décision, sans appel, sera rendue en 2014.
                                                
- Femme voilée de Trappes: le mari condamné à du sursis
- L'interdiction du voile intégral devant la Cour européenne
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