CORNELIUS GURLITT
Trésor nazi : 39 œuvres de Toulouse-Lautrec retrouvées
Les personnages hauts en
couleurs, proches de l'artiste, constituent le gros du bataillon de
sujets dont les dates d'exécution vont de 1893 à 1898. Ainsi Henry Somm,
Coquelin l'aîné ou mademoiselle Pois Vert, Jane Hading, Judice ou
Jeanne Granier.
Parfois on repère un anonyme, une prostituée ou une spectatrice. Mais en général les sujets, tels Réjane et Galipaux dans Madame Sans-Gêne,
étaient des personnages connus. Toulouse-Lautrec stylise par exemple en
cinq couleurs la fameuse danseuse moderne Loie Fuller.
«Cette
lithographie est connue commente Anne Roquebert ancienne conservatrice
en chef au Musée d'Orsay, chargée de cours à l'École du Louvre et
spécialiste de Toulouse-Lautrec. Une majorité de ces feuilles tourne
autour de la musique et particulièrement autour du bassoniste Désiré
Dihau.
C'était un ami de Toulouse-Lautrec mais aussi d'Edgar Degas. Pour
lui, l'Albigeois du Moulin-Rouge a réalisé pas mal de travaux, dont des
illustrations de chansons que Dihau avait mises en musique. De tels
travaux sont conservés à la Bibliothèque nationale de France. Au total,
on doit à Toulouse-Lautrec environ trois cents thèmes pour estampe.»
Ces
feuilles retrouvées à Munich, dont il faudra savoir s'il s'agit de
premiers tirages pour collectionneurs ou d'autres ultérieurs réalisés à
l'attention des simples amateurs, renvoient au gai Paris. Ainsi la Tige
au Moulin Rouge ou la Goulue en réinterprétation de la célèbre affiche.
Beaucoup se réfèrent à des spectacles vus par Toulouse-Lautrec comme la
couverture du programme de la pièce L'Argent. Scènes de répétitions au Théâtre Libre, aux Folies Bergère ou à l'Opéra (Madame Caron dans Faust)
alternent enfin avec des études de femmes ou des scènes de procès au
palais de justice. Le tout a le fumet du Montmartre festif et canaille
de la fin du XIXe siècle, déjà très prisé internationalement du temps de
l'artiste.
«Les enquêteurs devraient regarder du côté du
collectionneur et critique d'art Julius Meier-Graefe, conseille Anne
Roquebert qui, sous la Direction des musées de France, a été membre de
la Mission d'étude sur la spoliation des juifs de France. Meier-Graefe
est mort en 1935.»
Pendant ce temps à Munich, les cinq experts emmenés
par l'historien d'art allemand Uwe Hartmann poursuivent l'identification
de la collection. Ils en sont à 118 œuvres classées litigieuses
publiées.
Cela sur 1.280 placées sous séquestre. Parmi ce total, seules
590 seraient des biens contestables par les ayants droit de familles
spoliées durant les années 1930 et 1940.
- Trésor volé par les nazis: les Alliés abusés en 1946
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