ART "DEGENERE" ?
Provenant en partie de purges nazies dans des musées ou de
spoliations de juifs, 1 406 œuvres ont été retrouvées à Munich en
février 2012.
Les héritiers veulent faire valoir leurs droits.
Les efforts se multiplient pour accélérer les recherches sur la provenance des 1 406 œuvres retrouvées à Munich (Bavière) en février 2012 et identifier d’éventuels ayants droit.
Depuis que l’hebdomadaire Focus a révélé l’affaire, le 3 novembre, le parquet d’Augsbourg (Bavière), chargé de l’enquête judiciaire, le gouvernement fédéral allemand et celui du Land (État régional) de Bavière sont sous pression, sommés de lever le voile sur la procédure en cours et de permettre aux potentiels héritiers de se manifester.
Découvertes au domicile de l’octogénaire Cornelius Gurlitt, les peintures, esquisses et dessins de maîtres, d’une grande valeur marchande, auraient été amassés par son père, Hildebrand Gurlitt, marchand d’art chargé par le régime nazi d’écouler des œuvres de collectionneurs juifs spoliés, ou saisies pour leur non-conformité avec la définition restrictive de l’art du IIIe Reich.
Le 11 novembre, des photos de 25 œuvres ont été publiées sur le site « Lostart.de », banque de données officielle en ligne qui répertorie des objets d’art disparus sous le régime nazi.
Selon « des indices concordants », ces œuvres signées Marc Chagall, Eugène Delacroix, Otto Dix, Henri Matisse auraient été « saisies dans le cadre des persécutions nationales-socialistes ».
« contribuer à la transparence »
Le gouvernement allemand et celui du Land de Bavière ont indiqué qu’il s’agissait « de contribuer à la transparence et d’aider à la recherche sur (leur) provenance » et que le site pourrait être « régulièrement actualisé ». Ils ont annoncé la création d’une « force opérationnelle d’au moins six experts », placée sous la direction d’Ingeborg Berggreen-Merkel, fonctionnaire reconnue dans le monde de la culture. Toutes les pièces pouvant provenir de spoliations nazies – soit 590 – devraient être publiées sur « Lostart.de » dès cette semaine.L’établissement d’une force opérationnelle « est un premier pas positif » pour rompre le silence qui a entouré l’affaire depuis la découverte des œuvres en 2012, a réagi le Comité juif américain (AJC). Rüdiger Mahlo, représentant outre-Rhin de l’Association juive pour les spoliations (JCC), a souhaité que l’ensemble des 1 406 pièces puissent être connues du public « si possible avant la fin de l’année », tout comme le Congrès juif mondial, qui avait réclamé la publication d’un inventaire complet.
Selon l’hebdomadaire Focus, dans son édition du 10 novembre, certaines œuvres pourraient être rendues à Cornelius Gurlitt, visé par une enquête pour fraude fiscale et recel. Un audit de l’Office central des douanes allemandes, consulté par le magazine, indique que les droits des propriétaires initiaux ou de leurs héritiers « ne peuvent pas s’appliquer » aux objets considérés par le régime nazi comme de « l’art dégénéré » et saisis dans des « musées nationaux, municipaux ou régionaux ».
Les pièces vendues ou cédées par des collectionneurs juifs sous la pression des nazis ont plus de chances de revenir à des ayants droit, à condition que leur parcours soit retracé. De nombreuses personnes se sont déjà manifestées auprès du parquet d’Augsbourg.
Camille Le Tallec
(la-croix.com)
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