SECONDE GUERRE MONDIALE
dimanche 8 septembre 2013
Nicolas BERNARD, La guerre germano-soviétique 1941-1945, Paris, Tallandier, 2013, 797 p.
Mise à jour : merci à Nicolas Bernard de m'avoir envoyé son livre.
Il y a des livres dont on sent, à leur lecture, que l'auteur apporte vraiment quelque chose à un endroit où il y en avait besoin. C'est un peu ce que j'ai ressenti en refermant cette somme de Nicolas Bernard, qui intervient régulièrement ici même dans les commentaires, consacrée au front de l'est.
Il y a des livres dont on sent, à leur lecture, que l'auteur apporte vraiment quelque chose à un endroit où il y en avait besoin. C'est un peu ce que j'ai ressenti en refermant cette somme de Nicolas Bernard, qui intervient régulièrement ici même dans les commentaires, consacrée au front de l'est.
L'auteur, avocat, est bien connu pour être intervenu
dans plusieurs magazines spécialisés à propos de la Seconde Guerre
mondiale.
On ne peut qu'aquiescer avec la plupart des remarques de la préface de François Kersaudy :
richesse de la documentation (en partie russe, ce qui est un avantage
sur d'autres livres), ampleur du champ d'investigation en particulier.
On n'est pas forcé, de la même manière, de dire qu'il manque "une description du modus operandi des deux stratèges amateurs" ou de souscrire à l'idée d'une "terreur abjecte" au sein du haut commandement militaire soviétique.
Comme le rappelle Nicolas Bernard dans sa propre introduction, le front de l'est se rapproche sans doute le plus de cette "guerre totale"
qui a commencé à être pensée par les théoriciens de la guerre dès le
XIXème siècle. Guerre gigantesque, par les forces en présence et par le
théâtre d'opérations, mais comme le souligne l'auteur, guerre méconnue,
en France.
La mémoire française du conflit peine à sortir du cadre
national et les procès mémoriels n'ont pas mis en évidence,
particulièrement, le front de l'est. Les sources archivistiques, côté
soviétique, sont difficiles d'accès ; en outre de nombreux faux
circulent aussi dans les sources secondaires. Pendant longtemps,
l'historiographie de la guerre froide, dictée par les anciens vaincus
allemands, a dominé la production.
La chute de l'URSS accentue le reflux
de ce courant tandis que la guerre elle-même est replacée comme
phénomène de violence dans son contexte social, politique et culturel.
Côté allemand, plusieurs historiens ont révisé le comportement des
soldats, la recherche est moins avancée côté soviétique. Il faut dire
que les enjeux mémoriels sont encore sensibles dans les anciennes
républiques soviétiques, où le rôle des collaborateurs peine à être
reconnu, sans parler de l'assimilation à bon compte des totalitarismes
nazi et soviétique.
C'est pourquoi peu de synthèses sur le conflit ont
été publiées depuis 1945, et en particulier en dehors de l'histoire
militaire pure. Cet ouvrage est donc probablement, comme le dit
l'auteur, la première étude française à embrasser le conflit dans sa
totalité, en s'intéressant à de nombreux aspects méconnus, y compris sur
le plan militaire, mais aussi, par exemple, en ce qui concerne la
sortie de guerre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire