lundi 9 septembre 2013

LA COMEDIE HUMAINE : TOUS LES PERSONNAGES SONT MAUVAIS

Ce qui est bon chez Balzac


balzac
Honoré de cet article

Ce qui est bon, chez Balzac, c’est le foisonnement des personnages : il y en a bien trop dans une même histoire pour continuer à croire qu’il s’agit d’une construction, d’une fiction, d’un livre. Par sa simple profusion de détails, ce petit monde devient réalité, trop vaste et trop multiple pour avoir pu être créé de toutes pièces.

Ce qui est bon chez Balzac, c’est la simplicité de l’équation à laquelle se ramènent ces personnages. Riches ou pauvres, tous se définissent par rapport à leurs moyens de subsistance. Leur trait déterminant ne réside pas dans le portrait physio-psychologique qui en est donné, aussi détaillé soit-il, mais dans leur revenu et la rente sur laquelle ils peuvent compter. 10 000 francs de rente, un héritage en suspension, la vente d’un bien ou les largesses d’un bienfaiteur… Riche ou pauvre : tout le monde se retrouve égal devant la trivialité de l’existence. Chacun à son niveau grappille et se cramponne pour se maintenir ou s’élever.

Ce qui est bon chez Balzac, c’est la cruauté, l’acharnement, mêlés à la farce. Cruauté et acharnement poussés à un point tel que même le lecteur un tantinet sadique finit par renâcler, dire stop, n’en jetez plus ! par avoir mal au ventre de lire ce qu’il va lire.

Ce qui est bon, chez Balzac, c’est que tous les personnages sont « mauvais », ou en tout cas peu reluisants. 

Il n’y a pas de « gentil » fondamental. 

Ce n’est pas un monde de gentils et de méchants mais d’abuseurs et d’abusés. 

Et même les victimes de l’histoire, ceux pour qui l’on doit ressentir de la compassion, ne sont pas exempts de mesquinerie, de bassesse… Ils ne sont pas complètement sympathiques.

Cette ligne est d’ailleurs ce qui démarque l’écriture vraie de l’écriture médiocre.


 Il y a ceux qui écrivent par sorte d’enfantillage, pour le plaisir inconscient d’idéaliser leur personne et leurs opinions : ceux-là choisissent pour héros un Juste, un gentil ou quelqu'un dont la valeur, fut-elle négative, est toujours justifiée ; leur personnage est l'archétype de celui qui avait raison dès le départ, avant tout le monde, et dont l’aventure consiste à rallier les bonnes volontés à sa cause.
Et puis… et puis il y a Balzac !


(culturalgangbang.com)
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