vendredi 23 août 2013

IL SE BAT A PIED, MAIS SE DEPLACE A CHEVAL

Soldats d’hier et d’aujourd’hui : le dragon

Dragon en vedette dans la campagne - Meissonier - vers 1876.
Dragon en vedette dans la campagne – Meissonier, vers 1876.


Le dragon est certainement l’une des figures les plus originales des armées modernes.
 Ce fantassin se battant à pied mais se déplaçant à cheval a souvent été assigné à des missions de reconnaissance ou de pacification des territoires conquis lors des conflits. 

Retour sur ce soldat pas comme les autres.

Origines

Les véritables origines étymologiques du dragon restent floues, et de nombreuses interprétations se confrontent. Ce qui est sûr, c’est qu’il tire son origine profonde des dimaques macédoniens, ces soldats qui, sous Alexandre le Grand, montaient en armure et pouvaient se battre à pied selon les besoins. Du reste, plusieurs possibilités s’offrent à nous : certains pensent qu’au Moyen Âge, le dragon, créature mythique, symbolisait la puissance et avait été repris par nombre de chevaliers comme emblème. D’autres annoncent que le terme « dragon » est la déformation du terme allemand träger (transporter, porteur) au XVIe siècle.  Ce qui est sûr en tout cas, c’est que le terme dragon désigne toujours un soldat se déplaçant à cheval et se battant à pied. Il n’est pas toujours son propre cavalier : durant la guerre de Trente Ans (1618-1648), le comte Ernt von Manfeld (1580-1626), grand général de mercenaires, aurait mis un grand nombre de ses soldats «en croupe» derrière un cavalier pour former une « armée volante ».

Gustave II Adolphe de Suède (1611-1632) est le premier souverain à développer ce type de soldat dans son armée, les principales armées européennes l’imiteront. Mais le caractère d’infanterie montée du dragon va progressivement disparaître, les dragons étant tour à tour assimilés à la cavalerie légère puis lourde, notamment dans la Grande Armée, où ils ne combattront plus qu’à cheval, à quelques exceptions près.

Emploi tactique des dragons

Le dragon a la particularité d’être équipé à la fois comme un soldat de la ligne et comme un cavalier. Ainsi par exemple, un dragon de la Garde Impériale possède un fusil de dragon dont il se sert pour combattre au sol, mais porte en même temps le sabre pour le combat monté, ainsi qu’un pistolet. Dès ses débuts, le dragon a été affilié à des missions de reconnaissance et de pacification. Ainsi, Louis XIV envoya des dragons dans les Cévennes et en Normandie pour convertir « pacifiquement » les Protestants : c’est la dragonnade, crainte de tous, car le dragon est alors logé chez l’habitant et est connu pour ses mœurs détestables.

 Napoléon théorise plus précisément le rôle des dragons, qui, d’après Bruno Colson, « sont particulièrement aptes à pacifier une région occupée, si on les emploie bien, c’est-à-dire réunis en une masse mobile ». Complétés par quelques pièces d’artillerie à cheval, les dragons forment une « force d’intervention rapide » avant l’heure, capable de frapper vite et fort. C’est d’ailleurs la tactique qu’utilisera l’Empereur en Espagne, pour combattre les « brigands ».

Avec la mécanisation des armées au cours du XXe siècle, la tradition des dragons continuera de perdurer dans certains régiments, comme le 2e dragon de Fontevraud, régiment blindé spécialisé dans la lutte contre les menaces radioactives, chimiques et biologiques.

Nicolas Champion

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