IL SE BAT A PIED, MAIS SE DEPLACE A CHEVAL
Soldats d’hier et d’aujourd’hui : le dragon
| 22 août 2013
Le dragon est certainement l’une
des figures les plus originales des armées modernes.
Ce fantassin se
battant à pied mais se déplaçant à cheval a souvent été assigné à des
missions de reconnaissance ou de pacification des territoires conquis
lors des conflits.
Retour sur ce soldat pas comme les autres.
Origines
Les véritables origines étymologiques du
dragon restent floues, et de nombreuses interprétations se confrontent.
Ce qui est sûr, c’est qu’il tire son origine profonde des dimaques
macédoniens, ces soldats qui, sous Alexandre le Grand, montaient en
armure et pouvaient se battre à pied selon les besoins. Du reste,
plusieurs possibilités s’offrent à nous : certains pensent qu’au Moyen
Âge, le dragon, créature mythique, symbolisait la puissance et avait été
repris par nombre de chevaliers comme emblème. D’autres annoncent que
le terme « dragon » est la déformation du terme allemand träger
(transporter, porteur) au XVIe siècle. Ce qui est sûr en tout cas,
c’est que le terme dragon désigne toujours un soldat se déplaçant à
cheval et se battant à pied. Il n’est pas toujours son propre cavalier :
durant la guerre de Trente Ans (1618-1648), le comte Ernt von Manfeld
(1580-1626), grand général de mercenaires, aurait mis un grand nombre de
ses soldats «en croupe» derrière un cavalier pour former une « armée
volante ».
Gustave II Adolphe de Suède (1611-1632)
est le premier souverain à développer ce type de soldat dans son armée,
les principales armées européennes l’imiteront. Mais le caractère
d’infanterie montée du dragon va progressivement disparaître, les
dragons étant tour à tour assimilés à la cavalerie légère puis lourde,
notamment dans la Grande Armée, où ils ne combattront plus qu’à cheval, à
quelques exceptions près.
Emploi tactique des dragons
Le dragon a la particularité d’être
équipé à la fois comme un soldat de la ligne et comme un cavalier. Ainsi
par exemple, un dragon de la Garde Impériale possède un fusil de dragon
dont il se sert pour combattre au sol, mais porte en même temps le
sabre pour le combat monté, ainsi qu’un pistolet. Dès ses débuts, le
dragon a été affilié à des missions de reconnaissance et de
pacification. Ainsi, Louis XIV envoya des dragons dans les Cévennes et
en Normandie pour convertir « pacifiquement » les Protestants : c’est la
dragonnade, crainte de tous, car le dragon est alors logé chez
l’habitant et est connu pour ses mœurs détestables.
Napoléon théorise
plus précisément le rôle des dragons, qui, d’après Bruno Colson, « sont particulièrement aptes à pacifier une région occupée, si on les emploie bien, c’est-à-dire réunis en une masse mobile ». Complétés par quelques pièces d’artillerie à cheval, les dragons forment une « force d’intervention rapide »
avant l’heure, capable de frapper vite et fort. C’est d’ailleurs la
tactique qu’utilisera l’Empereur en Espagne, pour combattre les «
brigands ».
Avec la mécanisation des armées au cours
du XXe siècle, la tradition des dragons continuera de perdurer dans
certains régiments, comme le 2e dragon de Fontevraud, régiment blindé
spécialisé dans la lutte contre les menaces radioactives, chimiques et
biologiques.
Nicolas Champion
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