vendredi 26 juillet 2013

NIQAB : C'EST PLUS PRATIQUE POUR LES HOLD-UP

Un policier du 93: "Je ne contrôle plus les femmes voilées"

La loi interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public demeure très compliquée à appliquer. 

En cause? Des tensions trop vives entre policiers et habitants.

Alexandra Gonzalez
Le 22/07/2013 
 
Le port du niqab dans la rue est interdit en France depuis une loi votée en 2011. (Baalel -cc-Flickr)
Le port du niqab dans la rue est interdit en France depuis une loi votée en 2011. (Baalel -cc-Flickr)

Jeudi, Cassandra, voilée des pieds à la tête, marchait avec son mari et sa mère dans une rue de Trappes, quand des policiers ont voulu contrôler son identité. 
Là, tout a dégénéré. Que s'est-il passé? Seule l'enquête le dira. Mais ce fait divers est symptomatique d'une situation de plus en plus délicate entre les habitants de banlieue et les policiers.

La loi votée en 2011 interdit la dissimulation du visage dans l'espace public, et donc le port du niqab.


Sur le papier, les forces de l'ordre doivent procéder à un contrôle d'identité en demandant à la femme voilée de se découvrir, et éventuellement la verbaliser. Dans les faits, le texte demeure très difficile à appliquer. L'Observatoire de la laïcité a recensé seulement 423 contrôles de femmes voilées depuis deux ans.

"Quand ça a lieu, généralement, ça se passe bien. Elles montrent leurs visages discrètement, à une femme policière quand c'est possible, ou à l'écart de la rue, et prennent ensuite l'amende quand il y en a une. Mais quand le ton des policiers monte, forcément, ça dégénère avec les gens autour", explique à BFMTV.com Nassim, qui travaille dans l'associatif en banlieue. Il reconnaît que dans les "endroits chauds", les contrôles des femmes voilées ont reculé.

"On n'a pas le temps de dire bonjour qu'on se fait insulter"

Un constat plus que partagé par Laurent, policier de la BAC dans le 93. Lui a décidé de faire une croix absolue sur ce type de contrôles. "Ca part presque systématiquement au clash", explique-t-il à BFMTV.com. Quand il croise ces femmes au visage masqué, il passe son chemin. "Elles ne marchent presque jamais seules dans les cités. Donc on a pris le parti de ne plus les contrôler du tout, pour éviter ce qui s'est passé à Trappes."

Une autocensure totale de plus en plus courante sur différents types de délits, selon lui, "pour acheter la paix sociale, pour éviter les émeutes, pour ne pas avoir de collègues blessés". Mais cela ne suffit pas toujours. "Il y a quinze jours, j'ai contrôlé des mecs suspectés d'un vol avec violence. Nous étions deux contre dix. On n'a pas fait le poids", confie-t-il, amer.

Le problème selon lui ne vient pas de la loi, qui serait inapplicable, mais des mentalités. "Bien sûr, il y a des problèmes comportementaux chez certains policiers. Mais dans la BAC, maintenant, il y a de tout, c'est black-blanc-beur. Pourtant, on continue de nous taxer de racistes par exemple. Il y avait une forme de respect de l'autorité avant qu'il n'y a plus aujourd'hui. Maintenant, lors d'un contrôle, on n'a pas le temps de dire bonjour qu'on se fait déjà insulter."

Une défiance mutuelle

Côté banlieue, certaines femmes voilées évoquent des propos injurieux. "Tu n'as rien à faire en France", "Tu devrais avoir honte, tu n'es qu'un fantôme ambulant", "On ne te laissera jamais tranquille": des phrases que Sara, 29 ans, qui vient d'écoper de sa huitième amende pour le port du voile, a déjà entendues lors de contrôles, confie-t-elle à l'AFP. Même constat pour Samia, 47 ans, qui habite Roubaix, dans le Nord: "Je tombe de plus en plus souvent sur des policiers agressifs, même si ce n'est pas la majorité et donc maintenant, dès que je vois la police, j'ai peur". 

Lundi, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a rappelé avec fermeté que "la loi de la République est la même pour tous et doit être appliquée sans exception". Des propos qui font rire jaune Nassim et Laurent, pour différentes raisons.

Pour Nassim, "hors de question d'accepter la loi".
 "Le combat des femmes voilées s'apparente au combat des féministes qui voulaient porter des pantalons au début du siècle alors que la loi le leur interdisait. Elles estiment que le voile est leur liberté et ne plieront pas". 

Pour Laurent, la loi est loin d'être la même pour tous. "Dans la Creuse, si vous conduisez votre scooter sans casque, vous prendrez 90 euros. En Seine-Saint-Denis, on vous laissera faire. Il ne faudrait pas prendre le risque d'une émeute..."

(islamisation.fr)
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