mercredi 3 juillet 2013

LE RADEAU DE LA MEDUSE

2 juillet 1816 : La frégate La Méduse fait naufrage au large de l’Afrique

Le Radeau de La Méduse | Théodore Géricault, 1818-1819.
Le Radeau de La Méduse | Théodore Géricault, 1818-1819.

Le 2 juillet 1816, la frégate française La Méduse fait naufrage au large des côtes mauritaniennes avec 392 passagers à son bord.

Construite peu avant 1810 après un contrat du 11 mars 1807 entre l’État et la société Michel Louis Crucy, La Méduse est mise à flot le 1er juillet 1810. Elle remplit, sous le Premier Empire, plusieurs missions avec succès. Les commandants l’ayant utilisé s’en disent satisfaits.

Après la chute de l’Empire, elle est confiée à un vicomte revenu d’exil, le commandant Hugues Duroy de Chaumareys, qui n’a pas navigué depuis des années. Sa mission est d’emmener une équipe de colons, de scientifiques et de soldats au Sénégal, récemment restitué par l’Angleterre.

 Elle quitte l’île d’Aix le 17 juin 1816 direction Saint-Louis, escortée par trois autres navires : le navire de combat Loire, le brick Argus et la corvette Écho.

En cours de traversée, le commandant lui fait prendre de l’avance sur le reste de la flottille, faisant dévié le navire de sa trajectoire et le dirigeant imprudemment vers les bancs de sable d’Arguin, obstacle connu des navigateurs. Le 2 juillet, ce qui devait arriver arrive, et La Méduse s’échoue sur un banc de sable à 95 km des côtes.
 
Plan du radeau de La Méduse, au moment de son abandon.
Plan du radeau de La Méduse, au moment de son abandon.
Pour l’alléger, on construit un radeau long de vingt mètres et large de sept, rapidement appelé « la Machine ». Alors que le navire flotte à nouveau, il est abîmé par des intempéries et il est décidé de l’abandonner. 226 personnes, dont le commandant Chaumareys et le colonel Julien Schmaltz, gouverneur du Sénégal, s’entassent alors sur des chaloupes. 17 autres sont chargés de rester sur le navire pour tenter de le maintenir à flot et attendre les secours. Enfin, 149 personnes, dont une femme, sont parqués sur « la Machine », radeau de fortune qui dispose de peu de vivres et doit être tracté par les chaloupes.

Mais en cours de route, les amarres se rompent. Le mystère demeure sur la raison mais il semblerait qu’elles aient été volontairement détachées par l’équipage des chaloupes, laissant les passagers du radeau à leur sort. Ces derniers vont dériver durant 13 jours avec seulement un paquet de biscuit, deux barriques d’eau et d’autres de vin.

Ils vont vivre l’enfer. Bagarres, tensions, mutineries et cannibalisme vont sévir sur « la Machine ». Au bout de 13 jours, le 17 juillet, ils sont repêchés par le brick Argus (qui n’était pas venu à leur secours mais recherchait des caisses d’or et d’argent sur La Méduse). 149 au départ, ils ne sont plus que 15 (5 mourront sur l’Argus). La plupart sont morts de faim, de soif, se sont jetés à l’eau de désespoir ou ont été victimes de leurs congénères…

Parallèlement, quelques chaloupes ont regagné les côtes mais, victimes du désert et de la chaleur, certains de leurs passagers n’ont pas survécu après leur débarquement. D’autres, dont celles des officiers, ont bien rejoint Saint-Louis. 

Quant aux 17 hommes qui sont restés sur La Méduse, 3 seulement ont été retrouvés en vie par un navire anglais, 42 jours plus tard. Le naufrage de La Méduse fera au total plus de 150 morts.

Cette affaire fit grand bruit et bouscula la monarchie, accusée d’avoir négligé les apports de la marine impériale et d’avoir placé un commandant incompétent par favoritisme. Ce dernier sera jugé, déchu de ses titres et condamné à trois ans de prison alors qu’il risquait la peine de mort. 

La monarchie en fut ébranlée et c’est toute le Restauration qui fut remise en cause.

Cet événement tragique inspirera le chef-d’œuvre de Théodore Géricault, « Le radeau de La Méduse » (ci-dessus).

Christopher Lings

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