samedi 27 juillet 2013

DANS L'UTOPIE (DYSTOPIE) BRITANNIQUE DE L.P. HARTLEY "FACIAL JUSTICE", ON ENLAIDIT LES GENS TROP BEAUX -DANS UN VISEE EGALITAIRE...

Les vendeurs d’Abercrombie sont trop beaux !

aandf
 

Le 27 juillet 2013 
 


Ecrivain, musicienne, plasticienne.



Dominique Baudis, ex-journaliste, ex-maire de Toulouse, eut autrefois à souffrir d’une terrible campagne d’accusations calomnieuses. 
 C’est donc en expert qu’on le nomma, voilà juste deux ans, « Défenseur des droits ».  

Rude tâche pour ce super-héros des temps modernes vu que les droits sont nombreux et plus encore ceux qui en sont privés.

Aujourd’hui, le Défenseur a dans le collimateur la firme Abercrombie & Fitch. À l’origine fournisseur des trappeurs et autres chasseurs de renards du grand Nord canadien, ses chemises de bûcheron et ses jeans sont devenus une référence pour la jeunesse du monde entier. Dans l’esprit de la marque, c’était plutôt la jeunesse sportive, celle des WASP (White Anglo-Saxon Protestant/Anglo-Saxon protestant blanc) bien nés qui régatent en famille au cap Cod. 
Des gars bronzés musclés qui se font dans les salles de gym les biscotos que les premiers clients se forgeaient en taillant des cabanes en rondins.

Les marques sont un marqueur social et voudraient bien le rester. Demandez donc à Dior, à Chanel, à Vuitton ou Lacoste s’il leur plaît d’être copiés-volés et portés à La Grande Borne comme sur l’avenue Montaigne.

Pour rester au top et n’être point récupéré par des gens qui voudraient bien en être mais n’en seront jamais, Abercrombie & Fitch a fait un marketing d’enfer, aussi terriblement efficace que discriminatoire, disent les défenseurs des droits. Ainsi, à New York, Abercrombie est la marque des gens beaux, blancs, riches et minces. 

En conséquence, les tailles féminines X, XL et XXL ont été supprimées. Exit les disgracieuses fatties. Et si l’on n’a pas touché à la panoplie pour mâles baraqués, c’est parce qu’ils sont réputés tirer des bords au large de Long Island ou chasser l’ours dans les Rocheuses.

Monsieur Baudis qui est blanc, riche et mince, n’a rien contre la boutique de New York. 

C’est celle des Champs-Élysées qui le chatouille. Pourtant, si l’on se fie aux apparences, les gens qui y travaillent sont très majoritairement issus des minorités ethniques, comme on dit. Certes, la diversité y est aussi relativement monocolore qu’outre-Atlantique, mais tirant chez nous plutôt vers le sombre. 

Tout serait donc pour le mieux si les employés d’Abercrombie & Fitch n’étaient beaux. 

Honteusement beaux. Tellement même qu’ils travaillent à demi désapés et se trémoussent torse nu au son de la techno pour mieux attirer le chaland. Il y a même un photographe à l’entrée de la boutique pour tirer le portrait aux jeunes client(e)s enamouré(e)s qu’un ex-boy band en reconversion serre contre ses pectoraux bien huilés.

Vous l’aurez compris : l’égalité des droits et son vigilant Défenseur voudraient que l’on employât à parts égales des petits et des gros, des gringalets et des asperges, des noirs profonds et des blancs purs, des physiquement discriminés comme des Apollon du Belvédère. Et puis des vieux, aussi, ce serait mieux.

S’il emprunte ce chemin, monsieur Baudis va avoir du boulot car il va lui falloir aussi sans tarder faire la chasse aux gourdes transgéniques et autres minets gominés qui présentent le tirage du Loto, ou aux blondes à forte poitrine qui, depuis l’invention du petit écran, servent à pallier l’indigence de maints présentateurs… Il en sait quelque chose, lui qui fut longtemps un homme de télé.

Aucun commentaire: