jeudi 6 juin 2013

VOUS AVEZ DIT VIOLENCE ?

Les racines de la violence
 
6/6/13
On sait peu de chose de Clément, sinon son âge, 18 ans, son ancrage étudiant à Sciences-Po et ses engagements à l’extrême gauche. Il est mort, mercredi 5 juin au soir, à la suite de coups violents reçus au cours d’une bagarre avec des jeunes « skinheads » au crâne rasé, suspectés d’appartenir aux milieux de l’extrême droite. 

Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs été interpellés. On en sait suffisamment pour se sentir accablé : une jeune vie s’est trouvée brutalement fracassée, au nom d’un antagonisme idéologique qui ne trouve que la violence pour s’exprimer. Les coups en guise d’arguments, l’échauffourée pour tout débat.

Aussitôt – et c’est heureux –, l’ensemble de la classe politique, unanime, a exprimé sa condamnation et son émotion. Une sorte d’effroi l’a saisie, comme est émue l’opinion quand survient un événement que l’on ne voulait pas croire possible.
 Certains, hélas, ne s’en tiennent pas à cette condamnation et à cette émotion. Sans attendre le détail des interpellations, les précisions sur le déroulement des faits et les conclusions de l’enquête, ils désignent les coupables ; et mettent en cause, aussi, la « manif pour tous » contre la loi Taubira sur le mariage homosexuel qui aurait envenimé le climat, couvert des débordements en tolérant certains de ces groupuscules en marge de ses rangs.

L’amalgame, la récupération politique, la rhétorique ne rendront pas justice au jeune Clément. Il faut comprendre ce qui s’est passé et, s’ils se trouvent clairement impliqués, sanctionner (outre les individus coupables) ces groupes – peu nombreux mais virulents – qui, au nom d’une idéologie haineuse, cherchent à casser l’adversaire plutôt qu’à convaincre.

Mais chacun doit s’interroger – au nom de sa responsabilité politique ou de sa responsabilité citoyenne – sur sa manière d’apaiser le climat ou au contraire de faire monter les exaspérations et les antagonismes. 

La violence des idées et celle des paroles ne sont pas innocentes.

Dominique Quinio  

(la-croix.com)
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