FRIEDLAND
14 juin 1807 : Napoléon Ier remporte une victoire décisive sur les Russes à Friedland
juin 14, 2013
Le
14 juin 1807, l’Empereur Napoléon Ier bat l’armée russe à Friedland, la
contraignant à une fuite désordonnée. Il s’agit d’une victoire décisive
après celle, difficile, d’Eylau, quatre mois plus tôt. Elle met fin à
la Quatrième coalition de la perfide Albion contre la France
napoléonienne et aboutit au Traité de Tilsit (7 juillet 1807), qui fera
de la Russie un allié (bien que précaire). On considère Friedland et
Tilsit comme l’apogée du Premier Empire, qui maîtrise alors quasiment
toute l’Europe.
Le Bulletin de la Grande Armée nous livre un récit de la bataille :
« Le 14, l’ennemi déboucha sur le pont
de Friedland ; à trois heures du matin, des coups de canon se firent
entendre. C’est un jour de bonheur, dit l’Empereur, c’est l’anniversaire
de Marengo. Les maréchaux Lannes et Mortier furent les premiers engagés
; ils étaient soutenus par la division de dragons du général Grouchy,
et par les cuirassiers du général Nansouty.
« Différents mouvements, différentes
actions eurent lieu. L’ennemi fut contenu, et ne put dépasser le village
de Posthenem. Croyant qu’il n’avait devant lui qu’un corps de quinze
mille hommes, l’ennemi continua son mouvement pour filer sur Kœnigsberg.
Dans cette occasion, les dragons et les cuirassiers français et saxons
firent les plus belles charges, et prirent quatre pièces de canon à
l’ennemi.
« A cinq heures du soir, les différents
corps d’armée étaient à leur place. A droite, le maréchal Ney ; au
centre, le maréchal Lannes ; à la gauche, le maréchal Mortier ; à la
réserve, le corps du général Victor et la garde. La cavalerie, sous les
ordres du général Grouchy, soutenait la gauche. La division de dragons
du général Latour-Maubourg était en réserve derrière la droite ; la
division de dragons du général Labroissaye et les cuirassiers saxons,
étaient en réserve derrière le centre.
« Cependant, l’ennemi avait déployé
toute son armée ; il appuyait sa gauche à la ville de Friedland, et sa
droite se prolongeait à une lieue et demie. L’Empereur, après avoir
reconnu la position, décida d’enlever sur-le-champ la ville de
Friedland, en faisant brusquement un changement de front, la droite en
avant, et fit commencer l’attaque par l’extrémité de sa droite.
« A cinq heures et demie, le maréchal
Ney se mit en mouvement ; quelques salves d’une batterie de vingt pièces
de canon furent le signal. Au même moment, la division du général
Marchand s’avança l’arme au bras, sur l’ennemi, prenant sa direction sur
le clocher île la ville ; la division du général Bisson le soutenait
sur la gauche. Du moment où l’ennemi s’aperçut que le maréchal Ney avait
quitté le bois où sa droite était d’abord en position, il le fit
déborder par des régiment de cavalerie, précédés d’une nuée de cosaques.
La division de dragons du général Latour-Maubourg se forma sur-le-champ
au galop sur la droite, et repoussa la charge ennemie ; cependant le
général Victor fit placer une batterie de trente pièces de canon, en
avant son centre ; le général Sennarmont qui la commandait, se porta à
plus de quatre cents-pas en avant, et fit éprouver une horrible perte à
l’ennemi.
« Les différentes démonstrations que les
Russes voulurent faire pour opérer une diversion furent inutiles. Le
maréchal Ney avec ce sang-froid et cette intrépidité qui lui sont
particuliers, était en avant de ses échelons, dirigeait lui-même les
plus petits détails, et donnait l’exemple à un corps d’armée, qui
toujours s’est fait distinguer, même parmi les corps de la Grande-Armée.
Plusieurs colonnes d’infanterie ennemie qui attaquaient la droite du
maréchal Ney, furent chargés à la baïonnette et précipités dans l’Alle.
Plusieurs milliers d’hommes y trouvèrent la mort, quelques-uns
échappèrent à la nage. La gauche du maréchal Ney arriva sur ces
entrefaites au ravin qui entoure la ville de Friedland. L’ennemi qui y
avait embusqué la garde impériale russe à pied et à cheval, déboucha
avec intrépidité et fit une charge sur la gauche du maréchal Ney, qui
fut un moment ébranlée ; mais la division Dupont, qui formait la droite
de la réserve, marcha sur la garde impériale, la culbuta, et en fit un
horrible carnage.
« L’ennemi tira de ses réserves et de
son centre d’autres corps, pour défendre Friedland. Vains efforts !
Friedland fut forcée et ses rues furent jonchées de morts. Le centre que
commandait le maréchal Lannes se trouva dans ce moment engagé. L’effort
que l’ennemi avait fait sur l’extrémité de la droite de l’armée
française, ayant échoué, il voulut essayer un semblable effort sur le
centre. Il y fut reçu comme on devait l’attendre des braves divisions
Oudinot et Verdier, et du maréchal qui les commandait.
« Des charges d’infanterie et de
cavalerie ne purent retarder la marche de nos colonnes. Tous les efforts
de la bravoure russe furent inutiles. Ils ne purent rien entamer, et
vinrent trouver la mort sous nos baïonnettes. Le maréchal Mortier, qui
pendant toute la journée fit grande preuve de sang-froid et
d’intrépidité, en maintenant la gauche, marcha alors en avant et fut
soutenu par les fusiliers de la garde que commandait le général Savary.
Cavalerie, infanterie, artillerie, tout le monde s’est distingué.
« La garde impériale, à pied et à
cheval, et deux divisions de la réserve du premier corps n’ont pas été
engagées. La victoire n’a pas hésité un seul instant. Le champ de
bataille est un des plus horribles qu’on puisse voir. Ce n’est pas
exagérer que de porter le nombre des morts du côté des Russes de quinze à
dix-huit mille hommes ; du côté des Français la perte ne se monte pas à
cinq cents morts, et à plus de trois mille blessés. Nous avons pris
quatre-vingts pièces de canon, et une grande quantité décaissons ;
plusieurs drapeaux sont restés en notre pouvoir. Les Russes ont eu
Vingt-cinq généraux tués, pris, ou blessés. Leur cavalerie a fait des
pertes immenses.
« Les carabiniers et les cuirassiers,
commandés par le général Nansouty, et les différentes divisions de
dragons se sont fait remarquer. Le général Grouchy qui commandait la
cavalerie de l’aile gauche, a rendu des services importants. La nuit n’a
point empêché de poursuivre l’ennemi ; on l’a suivi jusqu’à onze heures
du soir. Le reste de la nuit les colonnes qui avaient été coupées ont
essayé de passer l’Alle à plusieurs gués. Partout, le lendemain, et à
plusieurs lieues, nous avons trouvé des caissons, des canons, et des
voitures perdues dans la rivière.
« La bataille de Friedland est digne
d’être mise à côté de celle de Marengo, d’Austerlitz et d’Iena. L’ennemi
était nombreux, avait une belle et forte cavalerie, et s’est battu avec
courage. »
Christopher Lings
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