lundi 17 juin 2013

FRIEDLAND

14 juin 1807 : Napoléon Ier remporte une victoire décisive sur les Russes à Friedland



Napoléon à la bataille de Friedland | Horace Vernet (1835), Château de Versailles.
Napoléon à la bataille de Friedland | Horace Vernet (1835), Château de Versailles.


Le 14 juin 1807, l’Empereur Napoléon Ier bat l’armée russe à Friedland, la contraignant à une fuite désordonnée. Il s’agit d’une victoire décisive après celle, difficile, d’Eylau, quatre mois plus tôt. Elle met fin à la Quatrième coalition de la perfide Albion contre la France napoléonienne et aboutit au Traité de Tilsit (7 juillet 1807), qui fera de la Russie un allié (bien que précaire). On considère Friedland et Tilsit comme l’apogée du Premier Empire, qui maîtrise alors quasiment toute l’Europe.
Le Bulletin de la Grande Armée nous livre un récit de la bataille :


Friedland
Carte de la bataille (Wikipédia).

« Le 14, l’ennemi déboucha sur le pont de Friedland ; à trois heures du matin, des coups de canon se firent entendre. C’est un jour de bonheur, dit l’Empereur, c’est l’anniversaire de Marengo. Les maréchaux Lannes et Mortier furent les premiers engagés ; ils étaient soutenus par la division de dragons du général Grouchy, et par les cuirassiers du général Nansouty.

« Différents mouvements, différentes actions eurent lieu. L’ennemi fut contenu, et ne put dépasser le village de Posthenem. Croyant qu’il n’avait devant lui qu’un corps de quinze mille hommes, l’ennemi continua son mouvement pour filer sur Kœnigsberg. Dans cette occasion, les dragons et les cuirassiers français et saxons firent les plus belles charges, et prirent quatre pièces de canon à l’ennemi.

« A cinq heures du soir, les différents corps d’armée étaient à leur place. A droite, le maréchal Ney ; au centre, le maréchal Lannes ; à la gauche, le maréchal Mortier ; à la réserve, le corps du général Victor et la garde. La cavalerie, sous les ordres du général Grouchy, soutenait la gauche. La division de dragons du général Latour-Maubourg était en réserve derrière la droite ; la division de dragons du général Labroissaye et les cuirassiers saxons, étaient en réserve derrière le centre.
« Cependant, l’ennemi avait déployé toute son armée ; il appuyait sa gauche à la ville de Friedland, et sa droite se prolongeait à une lieue et demie. L’Empereur, après avoir reconnu la position, décida d’enlever sur-le-champ la ville de Friedland, en faisant brusquement un changement de front, la droite en avant, et fit commencer l’attaque par l’extrémité de sa droite.

« A cinq heures et demie, le maréchal Ney se mit en mouvement ; quelques salves d’une batterie de vingt pièces de canon furent le signal. Au même moment, la division du général Marchand s’avança l’arme au bras, sur l’ennemi, prenant sa direction sur le clocher île la ville ; la division du général Bisson le soutenait sur la gauche. Du moment où l’ennemi s’aperçut que le maréchal Ney avait quitté le bois où sa droite était d’abord en position, il le fit déborder par des régiment de cavalerie, précédés d’une nuée de cosaques. La division de dragons du général Latour-Maubourg se forma sur-le-champ au galop sur la droite, et repoussa la charge ennemie ; cependant le général Victor fit placer une batterie de trente pièces de canon, en avant son centre ; le général Sennarmont qui la commandait, se porta à plus de quatre cents-pas en avant, et fit éprouver une horrible perte à l’ennemi.

« Les différentes démonstrations que les Russes voulurent faire pour opérer une diversion furent inutiles. Le maréchal Ney avec ce sang-froid et cette intrépidité qui lui sont particuliers, était en avant de ses échelons, dirigeait lui-même les plus petits détails, et donnait l’exemple à un corps d’armée, qui toujours s’est fait distinguer, même parmi les corps de la Grande-Armée. Plusieurs colonnes d’infanterie ennemie qui attaquaient la droite du maréchal Ney, furent chargés à la baïonnette et précipités dans l’Alle. Plusieurs milliers d’hommes y trouvèrent la mort, quelques-uns échappèrent à la nage. La gauche du maréchal Ney arriva sur ces entrefaites au ravin qui entoure la ville de Friedland. L’ennemi qui y avait embusqué la garde impériale russe à pied et à cheval, déboucha avec intrépidité et fit une charge sur la gauche du maréchal Ney, qui fut un moment ébranlée ; mais la division Dupont, qui formait la droite de la réserve, marcha sur la garde impériale, la culbuta, et en fit un horrible carnage.

« L’ennemi tira de ses réserves et de son centre d’autres corps, pour défendre Friedland. Vains efforts ! Friedland fut forcée et ses rues furent jonchées de morts. Le centre que commandait le maréchal Lannes se trouva dans ce moment engagé. L’effort que l’ennemi avait fait sur l’extrémité de la droite de l’armée française, ayant échoué, il voulut essayer un semblable effort sur le centre. Il y fut reçu comme on devait l’attendre des braves divisions Oudinot et Verdier, et du maréchal qui les commandait.

« Des charges d’infanterie et de cavalerie ne purent retarder la marche de nos colonnes. Tous les efforts de la bravoure russe furent inutiles. Ils ne purent rien entamer, et vinrent trouver la mort sous nos baïonnettes. Le maréchal Mortier, qui pendant toute la journée fit grande preuve de sang-froid et d’intrépidité, en maintenant la gauche, marcha alors en avant et fut soutenu par les fusiliers de la garde que commandait le général Savary. Cavalerie, infanterie, artillerie, tout le monde s’est distingué.

« La garde impériale, à pied et à cheval, et deux divisions de la réserve du premier corps n’ont pas été engagées. La victoire n’a pas hésité un seul instant. Le champ de bataille est un des plus horribles qu’on puisse voir. Ce n’est pas exagérer que de porter le nombre des morts du côté des Russes de quinze à dix-huit mille hommes ; du côté des Français la perte ne se monte pas à cinq cents morts, et à plus de trois mille blessés. Nous avons pris quatre-vingts pièces de canon, et une grande quantité décaissons ; plusieurs drapeaux sont restés en notre pouvoir. Les Russes ont eu Vingt-cinq généraux tués, pris, ou blessés. Leur cavalerie a fait des pertes immenses.

« Les carabiniers et les cuirassiers, commandés par le général Nansouty, et les différentes divisions de dragons se sont fait remarquer. Le général Grouchy qui commandait la cavalerie de l’aile gauche, a rendu des services importants. La nuit n’a point empêché de poursuivre l’ennemi ; on l’a suivi jusqu’à onze heures du soir. Le reste de la nuit les colonnes qui avaient été coupées ont essayé de passer l’Alle à plusieurs gués. Partout, le lendemain, et à plusieurs lieues, nous avons trouvé des caissons, des canons, et des voitures perdues dans la rivière.

« La bataille de Friedland est digne d’être mise à côté de celle de Marengo, d’Austerlitz et d’Iena. L’ennemi était nombreux, avait une belle et forte cavalerie, et s’est battu avec courage. »
Christopher Lings

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