jeudi 23 mai 2013

PESHYTTA SIGNIFIE SENS "LITTERAL", "OBVIE" (HEBREU : PESHAT)

[EEChO] Bulletin n°36a - mai 2013








Bulletin n° 36a

Enjeux de l'Étude du
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mai 2013

 Christianisme des Origines
______________Association de loi 1901



Editorial

Le « texte grec ». Quel texte grec ?

            Dès que l’on évoque l’oralité évangélique, ou – ô horreur - l’oralité araméenne, le réflexe conditionné consiste à objecter : « Mais le texte canonique du Nouveau Testament, c’est le texte grec ! » Quel texte grec ?

            Il ne s’agit pas de celui qu’utilisent nos Frères de Grèce et de Constantinople. On entend par là un texte grec originel, qui aurait été à l’origine des manuscrits grecs que nous connaissons, et qui aurait été écrit par les différents auteurs du Nouveau Testament.

            Remarquons ensuite qu’en matière « canonique » (c’est-à-dire juridique), il faut remonter au Concile de Trente pour trouver une indication à ce sujet. Ce Concile précisa (dans ses actes) que le texte normatif est la Vulgate… pour les Occidentaux, et la Peshytta pour les chrétiens de l’Eglise de l’Orient (appelés aujourd’hui assyro-chaldéenne). Le « texte grec » pouvait d’autant moins servir de norme qu’il n’existe pas réellement.

            Ce qui existe en effet, ce sont sept familles de manuscrits textuellement irréductibles l’une à l’autre (les variantes textuelles convergent quant au sens global, mais pas quant au mot à mot), ce qui veut dire qu’elles ne peuvent pas avoir de source commune. Du moins en grec. C’est seulement à partir de la fin du XIXe siècle que des exégètes occidentaux ont cherché à synthétiser les meilleures « leçons » tirées de ces sept familles et qu’ils ont créé un « texte grec » (qui n’est pas une harmonisation mais une suite de choix). Et par un tour de passe-passe, ce texte artificiel est présenté aujourd’hui comme la norme.

            Or, la Peshytta ou texte de l’Eglise assyro-chaldéenne (peshytta signifie strict au sens de texte sans glose) ne correspond à aucune de ces sept familles de manuscrits grecs mais peut expliquer les variantes de chacune d’entre elles. Donc, si elle résulte d’une « traduction du grec » (comme on dit), il faut que celle-ci ait été une géniale harmonisation des sept familles grecques, et, bien sûr, qu’elle leur soit postérieure. Cette hypothèse en amène beaucoup d’autres en cascade. En effet, il faut postuler alors que le Nouveau Testament araméen n’existait pas (et donc les chrétiens d’Orient non plus) avant que, tardivement, un génial érudit oriental ait décidé d’en produire un, ait réuni une masse impressionnante de manuscrits grecs, et enfin ait réussi à constituer un merveilleux texte araméen qui harmonise les variantes de ces manuscrits grecs.
            À ce stade, on se trouve devant une alternative : soit nos exégètes ont raison de dire que la Peshytta vient du grec mais alors il faut croire que tous ont été incapables de faire en grec le miracle qu’un oriental aurait réussi à faire en araméen, soit leur supposition doit être inversée, à savoir que la Peshytta doit être considérée comme témoin de la source des manuscrits grecs – la diversité potentielle des traductions de ce texte araméen vers le grec expliquant parfaitement celle des familles des manuscrits grecs, qui est précisément irréductible.
            Entre un écheveau d’hypothèses invraisemblables (voire négationnistes) et une explication fondée et vérifiable, le choix est clair. Il est temps que la Peshytta retrouve sa place de norme, mais pas simplement en tant que « texte à lire ». Comme le savent ceux qui pratiquent l’oralité, il s’agit moins de « lire » que « d’apprendre » – idéalement par cœur – car l’approche et la compréhension qu’on a de la Peshytta (ou des traductions partielles déjà disponibles) sont sensiblement différentes dans un cas ou dans l’autre. Ceci nous renvoie à l’histoire même du « texte », en particulier à celui des évangiles, lesquels sont en fait des cristallisations mises par écrit et organisées pour la liturgie, de compositions orales réalisées par les apôtres et d’autres témoins du Christ, et qui étaient beaucoup plus vastes.
            Le mythe occidental du « texte grec » a fait son temps.
L'équipe d'EEChO

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