LES PATRIOTES VONT-ILS BIENTOT DEVOIR PRENDRE LE MAQUIS ?
Plongée au cœur des racines Napoléoniennes : la Corse
| mai 30, 2013
La Corse saisit dès le
départ le voyageur par des affirmations répétées de la spécificité corse
sur de nombreux produits de consommation courante. La douceur de vivre
se mêle avec la fureur identitaire inscrites sur de nombreux murs,
panneaux, écriteaux.
L’île incarne de la plus belle des façons les
charmes méditerranéens, bien connus pour celui qui est habitué aux
saveurs et paysages qui émaillent la mare nostrum : la
puissance du soleil, les oliviers et palmiers, le calme de la mer, les
places piétonnes, les scooters plus nombreux que les voitures. La Corse
dispose d’une spécificité avec les châtaigniers qui sont notamment
utilisés pour la bière locale « la Pietra ». Plongée au cœur des
racines napoléoniennes en suivant un parcours Nord-Sud, à travers les 3
principales villes corses : Bastia, Corte, Ajaccio.
Bastia, coeur économique
Arrivé à Bastia, on est frappé de
constater la facilité d’accès d’un bout à l’autre de la ville. Plusieurs
belles places piétonnes participent grandement à l’animation de la
ville et à son repos au sein de ses nombreuses terrasses. Sur la place
principale, Saint-Nicolas (300m de long, une des plus grandes de
France), deux statues, un kiosque à musique et une palmeraie égayent la
place.
D’un côté un monument aux morts dédié à la 1ère guerre
mondiale représentant une femme et un enfant et renvoyant à cette
période lourde pour les familles corses. Car cette guerre a produit de
nombreuses veuves et orphelins (entre 10 000 et 12 000 Corses morts).
Édifiée par le grand sculpteur corse Louis Patriarche, elle représente
également une scène du XVIIIème siècle, la veuve Renno offrant son
troisième fils au Général Paoli pour combattre pour la liberté de la
Corse contre les troupes françaises, alors qu’elle a déjà perdu ses deux
premiers fils au combat.
De l’autre, une statue magnifie l’héritage
romain de Napoléon en le glorifiant en César, couronne de lauriers sur
sa tête, buste d’athlète renvoyant au chef de guerre, et la toge de
l’Empereur renvoyant au chef politique, l’aigle à ses pieds faisant écho
à la puissance impériale. D’ailleurs, le regard de l’Empereur est
tourné vers la mer, le fixant symboliquement vers Rome. Trois ports
participent à l’activité économique de la ville, le port de commerce
étant le principal pour l’accueil des ferrys, permettant à la ville
d’être le deuxième port en matière de trafic de passagers en France
derrière Calais. Le port de plaisance offre un cadre paisible où
l’église Saint-Jean-Baptiste, perchée sur sa butte en amont de la baie
portuaire, y rayonne par son bel éclairage la nuit tombée.
Corte, capitale historique
Lorsqu’on sort de la vie du littoral et
qu’on plonge à l’intérieur des terres corses, le relief est marquant et
les zones montagneuses nombreuses. A bord du train à deux wagons mais
moderne, parcourant la Corse du Nord au Sud, géré par la Collectivité
territoriale de Corse, le chemin de fer permet de découvrir l’intérieur
de l’île par des voies insolites à travers les montagnes. Certaines
cimes sont blanchies par des neiges éternelles. Arrivé à Corte, érigée
en capitale lors de la brève expérience d’indépendance menée par Paoli
au XVIIIème siècle, on peut contempler une ville nichée dans une belle
vallée montagneuse. Divisée en deux parties que l’on pourrait découpler
en partie moderne-partie ancienne, une passerelle au dessus d’une
rivière fait la jonction entre les deux.
En traversant la vieille ville,
il semble que le temps recule à mesure que l’on monte progressivement
les marches de la cité. En effet, l’ancienneté des pierres et des
ruelles qui jalonnent la ville est saisissante. La citadelle trône au
sommet de la colline, majestueuse, accueillant en son sein depuis 1997
le musée de la Corse. Un belvédère, terre-plein perché avec quelques
bancs, donne une vue splendide sur toute la vallée. Le centre
d’animation culturel se concentre au musée de la Corse et enseigne aux
voyageurs l’histoire corse, les traditions pastorales et les tentatives
avortées d’industrialisation de l’île (dans les mines d’amiante
notamment).
Ajaccio, berceau de la famille Bonaparte
Avec Ajaccio et sa grande baie appelée
Golfe d’Ajaccio, la disposition de la ville n’est pas du tout la même
qu’à Bastia. Plus étendue, plus grande, Ajaccio s’impose comme la
capitale de l’île. Ses petites ruelles et ses grandes places piétonnes
illustrent le côté village qui sied tant à tout promeneur. La citadelle
d’Ajaccio trône à la jonction entre la plage et le port, véritable îlot
dans la ville datant de la fin du XVème siècle et marquant la fondation
de la ville en 1492 par les Génois. De nombreux lieux de la cité
Impériale sont consacrés au « proche parent », le Cardinal Fesch, tel
que le décrit Napoléon dans une lettre au Pape Pie VII afin de faire de
lui le premier cardinal de l’Eglise restaurée, en 1803. Ainsi
trouve-t-on la bibliothèque Fesch, rassemblant plus de 40 000 ouvrages
du XVème au XIXème siècle, le Palais Fesch, rassemblant après le Louvre
la plus grande collection de peintures italiennes. Le cardinal Fesch
joua, en effet, un rôle de poids dans la période consulaire et
impériale, en mariant Napoléon à Joséphine en 1804, puis Napoléon à
Marie-Louise en 1810. C’est également lui, en tant qu’ambassadeur à la
cour de Rome qui va convaincre le Pape de venir au sacre de Napoléon 1er en 1804.
Formant l’aile droite du Palais Fesch,
la chapelle impériale, classée monument historique, a été bénie le 9
septembre 1860. On doit son édification à Napoléon III qui honora les
clauses testamentaires du cardinal Fesch: son vœu était de rassembler
dans un unique lieu saint les sépultures de la famille Bonaparte.
Reposent entre autre dans cette chapelle le cardinal Fesch et les
parents de Napoléon.
Enfin, vient l’émouvante visite de la
maison Bonaparte, ayant bercée l’enfance du futur Empereur natif
d’Ajaccio. Établie sur 3 étages, restaurée par Napoléon III et
aujourd’hui musée national, elle présente une façade jaune typiquement
provençale, elle retrace davantage son histoire que celle de Napoléon,
même si on peut y trouver les premières traces écrites de l’Empereur. La
maison lève ainsi le voile sur les différentes chambres qu’ont occupé
les membres de la famille Bonaparte, le salon, la salle à manger et même
la cave où sont entreposés des objets traditionnels destinés au
transport, à l’élevage et à l’extraction de l’huile, une des ressources
de la famille. Point d’orgue de la visite, la chambre à l’alcôve qui fut
occupée pour la dernière fois par le général Bonaparte à son retour
d’Egypte en 1799, à l’aube de sa prise de pouvoir en France
.
Il est frappant de constater dans l’un
des écrits de Napoléon consacrés à la Corse et émis par le musée que le
particularisme juridique de la Corse avait déjà été pensé par ce dernier
lorsqu’il avait les rênes de la France. Connaissant bien les pratiques
insulaires, Napoléon trouvait sage de réserver à la Corse un régime
juridique moins contraignant que ce qui était imposé au reste de la
métropole. Le degré d’acceptation de lois métropolitaines étant moindre
venant d’un pays fraîchement possesseur de l’île.
« Il y a à Ajaccio une maison que
les hommes qui naîtront viendront voir en pèlerinage ; on sera heureux
d’en toucher les pierres, on en gravira dans dix siècles les marches en
ruine, et on cueillera dans des cassolettes le bois pourri des tilleuls
qui fleurissent encore devant la porte, et, émus de sa grande ombre,
comme si nous voyons la maison d’Alexandre, on se dira : c’est pourtant
là que l’Empereur est né ! »
Gustave Flaubert dans « Le voyage en Corse » (1840)
Guillaume
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