vendredi 31 mai 2013

LES PATRIOTES VONT-ILS BIENTOT DEVOIR PRENDRE LE MAQUIS ?

Plongée au cœur des racines Napoléoniennes : la Corse



La Corse saisit dès le départ le voyageur par des affirmations répétées de la spécificité corse sur de nombreux produits de consommation courante. La douceur de vivre se mêle avec la fureur identitaire inscrites sur de nombreux murs, panneaux, écriteaux. 

L’île incarne de la plus belle des façons les charmes méditerranéens, bien connus pour celui qui est habitué aux saveurs et paysages qui émaillent la mare nostrum : la puissance du soleil, les oliviers et palmiers, le calme de la mer, les places piétonnes, les scooters plus nombreux que les voitures. La Corse dispose d’une spécificité avec les châtaigniers qui sont notamment utilisés pour la bière locale « la Pietra ».  Plongée au cœur des racines napoléoniennes en suivant un parcours Nord-Sud, à travers les 3 principales villes corses : Bastia, Corte, Ajaccio.

Bastia, coeur économique

Statue Napoléon en César sur la place St-Nicolas à Bastia.
Statue Napoléon en César sur la place St-Nicolas à Bastia.

Arrivé à Bastia, on est frappé de constater la facilité d’accès d’un bout à l’autre de la ville. Plusieurs belles places piétonnes participent grandement à l’animation de la ville et à son repos au sein de ses nombreuses terrasses. Sur la place principale, Saint-Nicolas (300m de long, une des plus grandes de France), deux statues, un kiosque à musique et une palmeraie égayent la place. 

D’un côté un monument aux morts dédié à la 1ère guerre mondiale représentant une femme et un enfant et renvoyant à cette période lourde pour les familles corses. Car cette guerre a produit de nombreuses veuves et orphelins (entre 10 000 et 12 000 Corses morts). Édifiée par le grand sculpteur corse Louis Patriarche, elle représente également une scène du XVIIIème siècle, la veuve Renno offrant son troisième fils au Général Paoli pour combattre pour la liberté de la Corse contre les troupes françaises, alors qu’elle a déjà perdu ses deux premiers fils au combat. 

De l’autre, une statue magnifie l’héritage romain de Napoléon en le glorifiant en César, couronne de lauriers sur sa tête, buste d’athlète renvoyant au chef de guerre, et la toge de l’Empereur renvoyant au chef politique, l’aigle à ses pieds faisant écho à la puissance impériale. D’ailleurs, le regard de l’Empereur est tourné vers la mer, le fixant symboliquement vers Rome. Trois ports participent à l’activité économique de la ville, le port de commerce étant le principal pour l’accueil des ferrys, permettant à la ville d’être le deuxième port en matière de trafic de passagers en France derrière Calais. Le port de plaisance offre un cadre paisible où l’église Saint-Jean-Baptiste, perchée sur sa butte en amont de la baie portuaire, y rayonne par son bel éclairage la nuit tombée.

Corte, capitale historique

L'intérieur corse, le maquis.
L’intérieur corse, le maquis.

Lorsqu’on sort de la vie du littoral et qu’on plonge à l’intérieur des terres corses, le relief est marquant et les zones montagneuses nombreuses. A bord du train à deux wagons mais moderne, parcourant la Corse du Nord au Sud, géré par la Collectivité territoriale de Corse, le chemin de fer permet de découvrir l’intérieur de l’île par des voies insolites à travers les montagnes. Certaines cimes sont blanchies par des neiges éternelles. Arrivé à Corte, érigée en capitale lors de la brève expérience d’indépendance menée par Paoli au XVIIIème siècle, on peut contempler une ville nichée dans une belle vallée montagneuse. Divisée en deux parties que l’on pourrait découpler en partie moderne-partie ancienne, une passerelle au dessus d’une rivière fait la jonction entre les deux.

 En traversant la vieille ville, il semble que le temps recule à mesure que l’on monte progressivement les marches de la cité. En effet, l’ancienneté des pierres et des ruelles qui jalonnent la ville est saisissante. La citadelle trône au sommet de la colline, majestueuse, accueillant en son sein depuis 1997 le musée de la Corse. Un belvédère, terre-plein perché avec quelques bancs, donne une vue splendide sur toute la vallée. Le centre d’animation culturel se concentre au musée de la Corse et enseigne aux voyageurs l’histoire corse, les traditions pastorales et les tentatives avortées d’industrialisation de l’île (dans les mines d’amiante notamment).

Ajaccio, berceau de la famille Bonaparte

Entrée de la maison de Napoléon à Ajaccio.
Entrée de la maison de Napoléon à Ajaccio.

Avec Ajaccio et sa grande baie appelée Golfe d’Ajaccio, la disposition de la ville n’est pas du tout la même qu’à Bastia. Plus étendue, plus grande, Ajaccio s’impose comme la capitale de l’île. Ses petites ruelles et ses grandes places piétonnes illustrent le côté village qui sied tant à tout promeneur. La citadelle d’Ajaccio trône à la jonction entre la plage et le port, véritable îlot dans la ville datant de la fin du XVème siècle et marquant la fondation de la ville en 1492 par les Génois. De nombreux lieux de la cité Impériale sont consacrés au « proche parent », le Cardinal Fesch, tel que le décrit Napoléon dans une lettre au Pape Pie VII afin de faire de lui le premier cardinal de l’Eglise restaurée, en 1803. Ainsi trouve-t-on la bibliothèque Fesch, rassemblant plus de 40 000 ouvrages du XVème au XIXème siècle, le Palais Fesch, rassemblant après le Louvre la plus grande collection de peintures italiennes. Le cardinal Fesch joua, en effet, un rôle de poids dans la période consulaire et impériale, en mariant Napoléon à Joséphine en 1804, puis Napoléon à Marie-Louise en 1810. C’est également lui, en tant qu’ambassadeur à la cour de Rome qui va convaincre le Pape de venir au sacre de Napoléon 1er en 1804.

Formant l’aile droite du Palais Fesch, la chapelle impériale, classée monument historique, a été bénie le 9 septembre 1860. On doit son édification à Napoléon III qui honora les clauses testamentaires du cardinal Fesch: son vœu était de rassembler dans un unique lieu saint les sépultures de la famille Bonaparte. Reposent entre autre dans cette chapelle le cardinal Fesch et les parents de Napoléon.

Enfin, vient l’émouvante visite de la maison Bonaparte, ayant bercée l’enfance du futur Empereur natif d’Ajaccio. Établie sur 3 étages, restaurée par Napoléon III et aujourd’hui musée national, elle présente une façade jaune typiquement provençale, elle retrace davantage son histoire que celle de Napoléon, même si on peut y trouver les premières traces écrites de l’Empereur. La maison lève ainsi le voile sur les différentes chambres qu’ont occupé les membres de la famille Bonaparte, le salon, la salle à manger et même la cave où sont entreposés des objets traditionnels destinés au transport, à l’élevage et à l’extraction de l’huile, une des ressources de la famille. Point d’orgue de la visite, la chambre à l’alcôve qui fut occupée pour la dernière fois par le général Bonaparte à son retour d’Egypte en 1799, à l’aube de sa prise de pouvoir en France
.
Il est frappant de constater dans l’un des écrits de Napoléon consacrés à la Corse et émis par le musée que le particularisme juridique de la Corse avait déjà été pensé par ce dernier lorsqu’il avait les rênes de la France. Connaissant bien les pratiques insulaires, Napoléon trouvait sage de réserver à la Corse un régime juridique moins contraignant que ce qui était imposé au reste de la métropole. Le degré d’acceptation de lois métropolitaines étant moindre venant d’un pays fraîchement possesseur de l’île.
« Il y a à Ajaccio une maison que les hommes qui naîtront viendront voir en pèlerinage ; on sera heureux d’en toucher les pierres, on en gravira dans dix siècles les marches en ruine, et on cueillera dans des cassolettes le bois pourri des tilleuls qui fleurissent encore devant la porte, et, émus de sa grande ombre, comme si nous voyons la maison d’Alexandre, on se dira : c’est pourtant là que l’Empereur est né ! »

Gustave Flaubert dans « Le voyage en Corse » (1840)

Guillaume

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