mercredi 15 mai 2013

LA SOLUTION : LES INVITER A CONTINER LEUR "VOYAGE"


Roms : le casse-tête de Manuel Valls



Christiane Taubira a accompagné Manuel Valls lors de son déplacement lundi à Lyon, au lendemain de l'incendie d'une usine désaffectée qui a causé la mort de trois personnes.
Christiane Taubira a accompagné Manuel Valls lors de son déplacement lundi à Lyon, au lendemain de l'incendie d'une usine désaffectée qui a causé la mort de trois personnes. Crédits photo : ROBERT PRATTA/REUTERS
INFOGRAPHIE- L'incendie mortel dans un squat à Lyon lundi révèle les limites de l'action de l'État, qui ne parvient ni à reloger ni à expulser.



Roumains, Bulgares, Hongrois, Slovaques… Le dossier Roms, qui marqua les débuts de Manuel Valls au gouvernement, sous le signe de la fermeté, devient de plus en plus épineux pour le ministre de l'Intérieur. Dans la nuit de dimanche à lundi, dans une usine désaffectée, à Lyon, trois membres de cette communauté itinérante ont péri dans les flammes: deux femmes et un enfant, selon un bilan provisoire. Trois cents personnes avaient squatté les lieux et logeaient sous les toits de ces locaux insalubres.
L'hôte de Beauvau s'est aussitôt rendu sur place avec la garde des Sceaux, Christiane Taubira. Après avoir exprimé son «sentiment de profonde tristesse», Manuel Valls a rappelé que «ces squats, comme les campements de fortune, doivent être évacués chaque fois qu'ils présentent, ici comme ailleurs, de vrais dangers». Que pouvait-il dire d'autre? À Lyon, l'État a manifestement agi trop tard. Voici des mois que les élus concernés par ces occupations sauvages alertent sur les risques encourus. Comme celui de Vigneux-sur-Seine (Essonne), dont le campement monstre, abritant près d'un millier de malheureux, avait fini par être vidé en mars dernier, avant d'essaimer un peu partout en Ile-de-France.

«On nous ment!»

Officiellement, les Roms sont 15.000 dans l'Hexagone. 

«On nous ment! Ils sont bien plus nombreux», proteste Éric Ciotti, le député UMP des Alpes-Maritimes. Combien au juste? «Sans doute le double, voire le triple ; 

de toute façon, les chiffres ne sont plus publiés, tout comme ont disparu les bilans mensuels sur le nombre d'implantations illicites et, plus encore, ceux sur les expulsions effectivement réalisées. Ne restent que les coups de menton d'un ministre qui ne maîtrise plus rien», estime, avec sévérité, cet élu sarkozyste.

En Seine-Saint-Denis, département qui accueille la plus forte concentration de Roms, les familles sont entassées le long de voies ferrées et d'échangeurs d'autoroute, exposées à de sérieux risques d'épidémie, sans parler des enfants qui, régulièrement, sont heurtés par des voitures ou provoquent des accidents.

 «C'est la France des bidonvilles qu'avait combattue l'abbé Pierre», constate, effaré, Nicolas Dupont-Aignan, député maire de Yerres (Essonne).

Plus les moyens de loger

Selon lui, «l'intégration pleine et entière des Roumains à l'Union européenne, au 1er janvier 2014, c'est-à-dire dans quelques semaines, va accentuer le problème». Lui milite pour la fermeture provisoire des frontières, car, estime-t-il, «c'est par dizaines de milliers qu'ils affluent désormais». L'élu souverainiste considère également qu'il faudrait supprimer les aides européennes à la Roumanie, pays qui a déjà reçu de Bruxelles 20 milliards d'euros en cinq ans pour retenir et réadmettre ses nationaux et qui, selon lui, «ne fait rien ou si peu».

Que faire des Roms déjà installés en France? La politique du gouvernement Ayrault relève de la schizophrénie. D'un côté, Manuel Valls affiche sa fermeté. De l'autre, pour faire vivre les promesses de campagne de François Hollande, il a produit la circulaire du 26 août 2012, qui impose, avant tout démantèlement de camp, de procéder à un diagnostic social et de proposer des solutions d'hébergement et d'insertion aux populations concernées. Or l'État pas plus que les collectivités locales n'a les moyens de loger toutes ces personnes en situation illégale. Mais voilà: la circulaire Valls a accordé un nouveau droit à ces nouveaux arrivants, qu'ils se sont empressés de faire respecter, en assignant, en avril dernier, le préfet de Lyon, puis celui de l'Essonne. Qui ont dû plier face au juge.

Les préfets pourraient, en raison de risques imminents, expulser davantage de campements sans attendre. Mais en application d'une doctrine Valls peut-être mal comprise, ils préfèrent se retrancher derrière une décision de justice. Ce qui peut prendre des mois.

«Juridiquement désarmés»

Quand bien même tombe une décision judiciaire d'expulsion, rien n'est réglé pour autant. Un grand préfet le confie au Figaro: «L'éloignement est devenu quasi impossible, puisque la garde à vue au seul motif que l'étranger serait en situation irrégulière est proscrite par la Cour de cassation. Comment s'assurer que les personnes ne vont pas disparaître? Un autre texte récent interdit par ailleurs de mettre les familles en centre de rétention administrative. Nous sommes juridiquement désarmés.»

Partout en France, les riverains de ces camps de la honte commencent à manifester des signes d'exaspération. 

À Marseille, en septembre 2012, des habitants d'une cité, eux-mêmes issus de l'immigration, avaient expulsé manu militari des squatteurs roms, sous le regard impuissant de la police.

Plus récemment, à Villeneuve-d'Ascq (Nord), les habitants de la zone pavillonnaire du Triolo, excédés par les cambriolages en série, se sont mis à placarder sur les murs du quartier les photos de jeunes Roumains qu'ils suspectaient d'être les cambrioleurs.

 Le dossier des Roms demeure le casse-tête du ministre de l'Intérieur.




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