mercredi 29 mai 2013

LA GUERRE DE ...SEPT ANS

Jumonville : L’escarmouche qui a déclenché la guerre de Sept Ans

Maquette de Fort Duquesne à la pointe de l'Ohio (musée d'Ottawa).
Maquette de Fort Duquesne à la pointe de l’Ohio (musée d’Ottawa).

Deux ans avant le début officiel de la Guerre de Sept Ans entre la France et l’Angleterre, les deux puissances s’affrontaient déjà sur le continent américain. Les Français, en nette infériorité numérique, s’étaient alliés aux Indiens, hormis les Iroquois qui se battaient aux côtés des Anglais.
Revendiquant la vallée de l’Ohio, les colons français implantés en Nouvelle-France installent un fort, nommé « Fort Duquesne »au croisement entre deux rivières. Les Anglais de Virginie, irrités par cette initiative, revendiquent à leur tour la région et y construisent « Fort Necessity » à quelques lieues. 
Les Français envisagent alors d’envoyer une délégation officielle pour demander aux Britanniques de quitter les terres du roi de France. Le commandant du fort dépêche alors son adjoint, Joseph Coulon de Villiers, sieur de Jumonville, pour apporter la réclamation auprès de l’officier anglais, un certain Georges Washington.

Le 28 mai 1754, la délégation française, qui bivouaque dans une petite gorge, est attaquée par les hommes Washington et leurs alliés iroquois qui chargent l’adversaire. 9 soldats sont tués après avoir été parfois torturés, et Jumonville est abattu peu après. 21 autres sont capturés. Georges Washington observe la scène sans descendre une seule fois de son cheval. Il se justifiera plus tard en prétendant qu’il prenait l’officier français et son groupe pour des espions.

Les Anglais et les Iroquois attaquent la délégation française.
Les Anglais et les Iroquois attaquent la délégation française.

L’affaire se répandit dans le royaume, provoquant l’indignation de la population et des dirigeants. Même le très anglophile Voltaire déclara : « Je ne suis plus Anglais depuis que les Anglais sont pirates sur mer et assassinent nos officiers en Nouvelle-France. » Un mois plus tard, la riposte française s’opère. Vengeur, le propre frère de Jumonville prend 500 hommes et enlève le fort virginien. Georges Washington est contraint de signer sa reddition, en échange de la vie sauve, et doit reconnaître textuellement avoir assassiné un ambassadeur venu en paix.

Libéré, il participe en juillet 1755 à l’attaque du général Edward Braddock sur Fort Duquesne. Forts de 1 850 hommes, les Britanniques sont décimés par seulement 1 000 Français et Indiens. Le général tué, Georges Washington reçoit le commandement et doit lui-même organiser la retraite, poursuivit par 3 000 soldats tout fraîchement arrivés de France. Les Anglais seront repoussés jusqu’au sud du Lac Champlain.
Par la suite, les Anglais se serviront de leur supériorité maritime et feront saisir 300 navires de commerce français aux quatre coins du monde. L’escalade se poursuivra et déclenchera officiellement la Guerre de Sept Ans en 1756, partie donc d’une escarmouche déloyale organisée par le futur premier président américain.

Christopher Lings

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