JE DEDIE CET ARTICLE A MON GRAND ONCLE LE CAPITAINE MAXIME CHARTIER QUI ETAIT A DIEN BIEN PHU
7 Mai 1954 : chute de DIEN BIEN PHU
7 mai 2013
Nous sommes ces soldats qui grognaient par le monde
Mais qui marchaient toujours et n’ont jamais plié…
Nous sommes cette église et ce faisceau lié
Nous sommes cette race éternelle et profonde…
Nos fidélités sont des citadelles
Charles Peguy
mardi, 07 mai 2013
Le 7 mai...
En 1919, naissance de Eva Duarte de Peron à Los Toldos en Argentine.
Mais le 7 mai en 1954, c’était la chute du camp retranché de Dien Bien Phu. Ni capitulation… Ni reddition !
Et
pour ces milliers de vaincus commence une lente descente aux enfers,
l’apprentissage du désespoir. Mais ce qu’ils ne savent pas, parce que
personne ne leur a jamais dit, c’est que la liberté était en marche et
venait à leur rencontre.
Car
si la presse du monde entier annonce, en première page le 8 mai 1954,
la défaite française et la perte irrémédiable de l’Indochine, les tribus
montagnardes, elles, se soulèvent. Par milliers, les maquisards se
mettent en route et libèrent des villes abandonnées précédemment par les
Français et occupées par les troupes de Giap.
Dien Bien Phu appartient
au Viet Minh, mais tout l’arrière pays leur échappe ! Jamais les
volontaires méos n’ont été aussi nombreux et enthousiastes dans la
jungle, les vallées et les forêts du Nord Tonkin et du Nord Laos…alors
que semble triompher l’ordre rouge. Ly Séo Nung et ses partisans ont
repris Lao Kay à la frontière de Chine, ainsi que Laï Chau, et ses
guerriers vêtus de noirs sont arrivés en vue d’Eliane 2, le 8 mai.
Ce
même jour, le colonel Godard commandant la colonne Crèvecœur a reçu
l’ordre de faire demi-tour pour rentrer au Laos alors qu’il ne restait
plus que 50 kms pour aboutir à Dien Bien Phu. Il aurait rencontré les
maquisards de « Malo » et « Servan », venus de la plaine des Jarres,
plus de 2.000 méos autour de leur roi Touby Liphong, allié de la France
dès l’invasion japonaise. Après des semaines de marches harassantes dans
la jungle, des escalades de pitons calcaires, le franchissement
d’innombrables rivières et vallées, ils sont sans doute partis trop
tard. Mais qu’auraient-ils pu faire face aux 60.000 bo-doïs du Viet
Minh ?
Et
la France a délibérément ignoré le sort qui attendait les dizaines de
milliers de montagnards qui attestaient les armes à la main dans les
hautes vallées d’Indochine, leur refus d’être livrés, pieds et poings
liés, aux Tonkinois, ces étrangers qu’ils avaient toujours combattus.
Honte à Mendès France !
Et jamais cette question n’a été posée aux Vietnamiens « A
Dien Bien Phu, vous avez capturé 11.721 soldats de l’Union française,
valides ou blessés. Après les accords de Genève, vous nous en avez
rendus 3.290. Ils en manquent 7.801. Que sont-ils devenus ? »
J’ai
eu la chance de pouvoir parcourir, l’automne dernier, le nord du Tonkin
sur plus de 3.000 km. Ce circuit en boucle, de Hanoi à Haiphong, en
passant par Mai Chau, Son La, Dien Bien Phu, Cha Pa, Bao Ha , Yen Binh,
Bac Quang, Quan Ba, Yen Minh, Coc Pan, Cao Bang, Dong Khe, Na Cham, Dong
Dang, On, Bac Ninh, et Ha Long m’a permis de visualiser le cadre décrit
dans les multiples ouvrages concernant la guerre d’Indochine (de 1945 à
1954).
Ce périple « sur les traces de la Légion Etrangère »
était aussi l’accomplissement d’une promesse faite à deux anciens képis
blancs -à des périodes différentes- si d’aventure j’allais au Viet Nam,
je rechercherais les lieux historiques et j’irais aussi me recueillir,
en mémoire du sacrifice des dizaines de milliers de soldats tombés pour
la défense du drapeau français et des valeurs qui s’y rattachent
(courage, fidélité, patrie, famille, honneur, abnégation ou ténacité).
A
Dien Bien Phu se trouvent d’immenses monuments érigés à la gloire de
l’Armée de Libération du Vietminh, commandée par le génial et illustre
général GIAP au service de l’Oncle HO ; monuments qui écrasent les
visiteurs étrangers par la hauteur de leur suffisance. Pour ma part j’ai
ignoré la propagande marxiste (nous étions selon mon guide, mon épouse
et moi, les seuls touristes étrangers à ne pas vouloir visiter le champ
de batailles, le musée et le mausolée) et je me suis rendu au monument
de l’armée française.
Ce
petit obélisque se situe dans le quartier Thanh Truong, près de la
reconstruction du tunnel De Castries. Très rares sont les visiteurs qui
se recueillent là, dans ce carré chargé de symboles, de sang et de
sacrifices, d’explosions et d’exploits, de victoires et d’humiliations.
Ce
monument a été érigé grâce à l’obstination de Rolf Rodel, sous-officier
de la Légion et ancien combattant du Front de l’Est. En effet selon
certaines sources, la Légion Etrangère avait enrôlé 35.000 soldats
allemands issus des camps de prisonniers, au lendemain de l’armistice,
dont plusieurs dizaines de sous-officiers et certains officiers, très
compétents et efficaces, pour un engagement de 5 ans.
Partout ailleurs
au Tonkin, à Lao Kay ou à Lay Chau, à Ha Giang ou à Dong Van, à Meo Vac
ou à Bao Lac, à Cao Bang ou à Dong Khe, à That Khe, à Lang Son, Dong
Trieu ou Haiphong, RIEN ! Vae Victis …Mais, « la gloire est le soleil des morts », R.I.P.
Au
Tonkin, en novembre 2012, plus aucune trace d’un siècle de présence
française. TOUT a été effacé, martelé, éradiqué. Subsistent encore les
passerelles volantes au-dessus des rivières, des poteaux en béton
portant les câbles électriques, quelques rares maisons coloniales et le
chemin de fer qui n’a subi aucune amélioration ni modernisation ces 60
dernières années…
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