IL EST GRAND SURTOUT POUR ETRE NE DE LUI SEUL
Pourquoi Napoléon Ier est-il si grand ?
mai 13, 2013
Ce texte tiré du Livre VI des « Mémoires d’outre-tombe » de François-René de Chateaubriand se pose cette question qu’il semble bon de rappeler à ce jour : pourquoi, au juste, Napoléon Ier est-il un grand homme de notre histoire ?
(Le premier Consul)
«
Bonaparte n’est point grand par ses paroles, ses discours, ses écrits,
par l’amour des libertés qu’il n’a jamais eu et n’a jamais prétendu
établir ; il est grand pour avoir créé un gouvernement régulier et
puissant, un code de lois adopté en divers pays, des cours de justice,
des écoles, une administration forte, active, intelligente, et sur
laquelle nous vivons encore ; il est grand pour avoir ressuscité,
éclairé et géré supérieurement l’Italie ; il est grand pour avoir fait
renaître en France l’ordre du sein du chaos, pour avoir relevé les
autels, pour avoir réduit de furieux démagogues, d’orgueilleux savants,
des littérateurs anarchiques, des athées voltairiens, des orateurs de
carrefours, des égorgeurs de prisons et de rues, des claque-dents de
tribune, de clubs et d’échafauds, pour les avoir réduits à servir sous
lui ; il est grand pour avoir enchaîné une tourbe anarchique ; il est
grand pour avoir fait cesser les familiarités d’une commune fortune,
pour avoir forcé des soldats ses égaux, des capitaines ses chefs ou ses
rivaux, à fléchir sous sa volonté ; il est grand surtout pour être né de
lui seul, pour avoir su, sans autre autorité que celle de son génie,
pour avoir su, lui, se faire obéir par trente-six millions de sujets à
l’époque où aucune illusion n’environne les trônes ; il est grand pour
avoir abattu tous les rois ses opposants, pour avoir défait toutes les
armées quelle qu’ait été la différence de leur discipline et de leur
valeur, pour avoir appris son nom aux peuples sauvages comme aux peuples
civilisés, pour avoir surpassé tous les vainqueurs qui le précédèrent,
pour avoir rempli dix années de tels prodiges qu’on a peine aujourd’hui à
les comprendre. »
François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe. Livre VI
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