CES BRAVES MUZZ (BLASPHEME)
25/05/2013
Turquie : un journaliste condamné à 13 mois et demi de prison pour blasphème
Sevan Nişanyan
est un écrivain, linguiste et professeur turc d'origine arménienne. Il
est la dernière victime de la politique de répression de la critique de
l'islam poussée par l'OCI.
Autres victimes turques: le pianiste Fazil Say pour blasphème sur Twitter ; l'avocate Canan Arin, inculpée pour insulte à l'islam pour sa campagne contre le mariage des fillettes ; PEN International, poursuivi pour "insulte à l'État turc" pour avoir critiqué l'inculpation de Fazil Say et dénoncé «l'évolution fasciste» de la Turquie.
D'après Reporters sans frontières, la Turquie détient le record mondial de l'emprisonnement des journalistes.
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Reporters sans
frontières dénonce fermement la condamnation à treize mois et demi de
prison du journaliste turc-arménien Sevan Nisanyan, pour avoir tenu sur son blog des propos jugés offensants envers Mahomet.
«La condamnation de Sevan Nisanyan à une peine
privative de liberté constitue une violation grave de la liberté de
l’information, et un signal d’intimidation inacceptable envoyé à ses
collègues. Elle doit être cassée en appel. La répression des propos
critiques de l’islam n’a pas sa place dans un Etat laïc comme la
Turquie.
Nous avons régulièrement salué le reflux progressif des tabous
kémalistes – laïcs, nationalistes et militaristes. Mais la démocratie
n’en bénéficiera pas s’ils viennent à être remplacés par une nouvelle
censure religieuse. Nous appelons le législateur turc à abroger
l’article 216-3 du code pénal, disposition liberticide sur lequel
s’engagent de plus en plus de poursuites», a déclaré Reporters sans
frontières.
La répression des propos critiques de l’islam n’a pas sa place dans un Etat laïc
Le 22 mai 2013, la 14e chambre du tribunal de police
d’Istanbul a jugé Sevan Nisanyan coupable d’avoir «dénigré les valeurs
religieuses d’une partie de la population», dans un article publié sur
son blog le 29 septembre 2012. Quinze plaintes différentes avaient été
enregistrées contre le journaliste suite à la parution de ce billet.
Les
juges ont déclaré que la peine de prison prononcée contre Sevan
Nisanyan ne pouvait être commuée en sursis, car celui-ci avait déjà été
condamné par le passé. Si le verdict est confirmé en appel et par la
Cour de cassation, le journaliste devra donc effectuer sa peine.
Dans l’article incriminé, intitulé « Il faut combattre les crimes de haine », le journaliste revenait sur les polémiques engendrées par le film anti-islam « L’innocence des musulmans ».
Il soulignait que la lutte contre les crimes de haine était absolument
nécessaire, que ceux-ci visent des musulmans ou d’autres groupes, mais
estimait que la vidéo controversée n’en constituait pas un.
«Ridiculiser un leader arabe qui a prétendu il y a des siècles avoir
pris contact avec Allah, et qui en a tiré des profits politiques,
économiques et sexuels (…), ne constitue pas un crime de haine. C’est un
test du niveau de l’école maternelle de ce qu’on appelle la liberté
d’expression. »
«Il faut aussi se demander pourquoi ces amis, jadis si
prompts à dénoncer les crimes de haine commis contre les minorités et
autres groupes ethniques de notre pays, n’arrivent plus à faire preuve
de la même cohérence quand il s’agit de réagir pour défendre l’islam et
les musulmans (…) », écrivait-il plus loin.
L’article 216-3 du code pénal, qui interdit de
«dénigrer ouvertement les valeurs religieuses d’une partie de la
population», a été introduit par une réforme législative en 2005.
Toute
infraction jugée «suffisante pour mettre en péril la paix publique»
est passible de six mois à un an de prison.
C’est cette disposition qui
avait été invoquée à l’encontre du pianiste Fazil Say, condamné en avril 2013 à dix mois de prison avec sursis.
Ce verdict avait cependant été invalidé deux semaines plus tard pour «vices de procédure».
Source : RSF, 23 mai 2013
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