vendredi 31 mai 2013

ALEXANDRE : UN ANTILLAIS ...DE SOUCHE

L'agresseur de La Défense, "poli et travailleur" selon ses anciens collègues

LE MONDE |
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Arrestation, mercredi 29 mai, d'un suspect de l'agression au cutter d'un militaire à La Défense le 25 mai.

Comme nombre de convertis qui souhaitent se couper de leur passé, Alexandre D., le jeune Français de 22 ans qui a agressé samedi 25 mai un militaire à La Défense, souhaitait qu'on l'appelle désormais Abdelillah. Son prénom musulman.

 Ses anciens collègues d'une boucherie musulmane du quartier des Baconnets à Massy (Essonne), où il a travaillé du 26 août au 25 octobre 2011, ne le connaissent que sous ce nom-là.


La boucherie, pourtant, ne répond pas exactement aux critères du jeune homme. Après s'être converti vers 2009 et s'être radicalisé progressivement, il cherche début 2011 du travail. Mais pas n'importe lequel. A la mission locale de Rambouillet (Yvelines), il exige "de ne pas travailler avec des femmes".

En acceptant le poste de manutentionnaire dans cette boucherie halal, il n'imaginait peut-être pas qu'une caissière ainsi que la femme du patron y travaillaient.
Amar, un ancien collègue d'Abdelillah, se souvient d'un homme "gentil, poli, travailleur, qui fait ce qu'on lui demande". Mais aussi de "quelqu'un qui évite le contact avec les femmes de la boucherie".

C'est aussi, poursuit l'ex-collègue, un jeune homme peu disert : "En l'espace de deux mois, on s'est très peu parlé. Il parlait rarement de manière générale, juste le minimum d'un point de vue professionnel. Et il n'avait pas d'amis, ni dans la boucherie ni dans les environs."

Il décrit un jeune homme renfermé, "toujours sous sa capuche" et incapable de la moindre violence. "Je n'arrive pas à croire qu'il ait agressé ce militaire. S'il a fait ça, il aurait aussi pu le faire ici, avec nous", confie-t-il.

"SUR LE DROIT CHEMIN"
"Personne n'a jamais eu de problème avec lui et ce n'est pas quelqu'un qui a évoqué la violence" pendant son passage à Massy, affirme Mustapha Abderrahmane, 34 ans, un autre collègue d'Abdelillah. 
Celui "qui faisait toutes ses prières dans la boucherie, toujours ponctuel", lui a parlé de sa nouvelle religion, sans pour étant s'étendre sur le cheminement qui l'a mené à se convertir.

A plusieurs reprises, une fois son tapis de prière rangé, "il m'a demandé pourquoi je ne priais pas également, et m'incitait à le faire". Sans jamais hausser le ton, sans agressivité. Mustapha Abderrahmane scrute la photo d'Alexandre D. dans le journal, avant de soupirer : "C'est sûr, c'est bien lui. C'est triste car ici, il semblait sur le droit chemin."

Personne ne sait où le jeune homme vivait pendant ces deux mois de travail, ni rien sur sa vie privée, qu'il n'a jamais évoquée. Mais pour ses anciens collègues, son départ précipité après seulement huit semaines n'a rien à voir avec la religion ou avec les femmes dans la boucherie. Le jeune homme aurait simplement été en contentieux avec son patron, qui ne le payait pas.

C'est justement au tribunal de commerce d'Evry qu'Amar l'a vu pour la dernière fois, fin novembre 2012. Les deux hommes avaient engagé une procédure pour se faire payer leurs mois de travail.


(lemonde.fr)
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