jeudi 18 avril 2013

EXTREME-DROITE ...OU ULTRA-DROITE ?


Anti-mariage gay : radiographie des mouvements d'extrême droite




Le Groupe Union Défence compte une centaine de membres à Paris et à Lyon, ses deux bastions.
Le Groupe Union Défence compte une centaine de membres à Paris et à Lyon, ses deux bastions. Crédits photo : THOMAS SAMSON/AFP
Le GUD, les Jeunesses nationalistes, le Renouveau français ou encore le Printemps français… Le Figaro fait le point sur les principaux groupuscules et mouvements proches de l'extrême droite qui radicalisent les manifestations contre le mariage pour tous.



Publicité


• Le Groupe Union Défense (GUD):
Le GUD (Groupe Union Défense, anciennement Groupe Union Droit) a été fondée en 1969 à l'université parisienne de Panthéon-Assas. Cette organisation étudiante d'extrême droite compte une centaine de membres à Paris et à Lyon, ses deux bastions.
 Après une dizaine d'années sans activité en Lorraine, elle y est à nouveau présente, notamment à Nancy, où elle s'est distinguée en marge des manifestations anti-mariage pour tous. Mais le noyau dur de Nancy ne compte qu'une dizaine de militants.
Réputé pour son activisme violent, ce groupuscule, qui a pour symbole un rat noir, se positionne comme un courant alternatif au Front national. 

Sur la page Facebook du GUD Paris, qui compte 900 fans, la mouvance se présente comme un «mouvement de jeunesse nationaliste et patriote». Elle explique vouloir «refonder en France une grande alternative syndicaliste dans les universités et lycées». «On ne doit plus les laisser à l'UNEF, SUD, le FSE ou même au MET (UNI)! Ils ne sont que des suppôts du Système et des grands groupes politiques sans âme!», écrit le groupuscule qui se présente comme «libre» et «indépendant».
C'est Edouard Klein, un étudiant d'Assas et fils de «gudards», qui est à l'origine du retour du mouvement à l'université dès 2010, après quelques années d'absence. Il a fait récemment parler de lui après la publication d'une photographie où il apparaît au côté de la députée FN Marion Maréchal-Le Pen lors d'une soirée pour les 40 ans du parti.

• Les Jeunesses nationalistes (JN):
Ce groupuscule de 500 à 600 personnes a été créé en octobre 2011 par deux ex-membres du Front national, Yvan Benedetti, 48 ans, et Alexandre Gabriac, 23 ans. Ce dernier, ancien responsable régional du Front national de la jeunesse (FNJ), s'était fait connaître après son exclusion du FN, en mars 2011, pour avoir fait un salut nazi. 

Il est aujourd'hui à la tête du mouvement. Tous deux appartiennent par ailleurs à l'Œuvre française - Benedetti en est le président depuis février 2012 -, un groupuscule pétainiste fondé en 1968 par Pierre Sidos, figure historique de l'extrême droite.

L'emblème des Jeunesses nationalistes - un aigle rappelant ceux des mouvements fascistes et nazis européens des années 30-40 - annonce la couleur de ce mouvement qui multiplie les actions les plus radicales contre le mariage homosexuel. Ses membres se sont fait remarquer début avril en empêchant le rapporteur du projet de loi, Erwan Binet, de tenir une conférence à la faculté de Saint-Etienne.

Dans la galaxie des mouvements d'extrême droite, un rapprochement s'est opéré début 2012 entre le GUD et les Jeunesses nationalistes. Alexandre Gabriac est ainsi venu prêter main forte au GUD Paris pendant la campagne des élections étudiantes à l'université d'Assas, fin mars 2012. 

• Le Bloc identitaire (BI):
Fondé en 2003, ce groupuscule s'est constitué en parti politique en octobre 2009. Objectifs: «solidifier sa vitrine» et «favoriser son financement» selon les mots de son président, Fabrice Robert. Le Bloc identitaire, qui rejette l'immigration et l'islam avec virulence, revendiquait alors 2000 adhérents. Ils ne seraient en réalité qu'entre 1000 et 1500, d'après Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite. Très influencé par la Nouvelle Droite des années 1980, le parti fait également de la dénonciation du «racisme anti-Blancs» l'un de ses principaux combats.

Au fil des années, le groupe s'est spécialisé dans les coups d'éclat médiatiques, sans réussir à transformer l'essai sur le plan électoral. En juin 2010, il avait déclenché une polémique en appelant à un «apéro géant saucisson-pinard» à Paris, dans le quartier multiethnique de la Goutte d'Or. Manifestation finalement annulée et reportée dans un quartier huppé de la capitale. Avant de prendre part aux manifestations contre le mariage gay, cette petite formation à la réputation sulfureuse avait à nouveau fait parler d'elle lors de l'occupation par environ 70 militants du chantier de la mosquée de Poitiers, en octobre dernier. 

En novembre, les leaders du BI, Fabrice Robert et Philippe Vardon - deux anciens membres de l'Unité radicale, une organisation nationaliste-révolutionnaire dissoute en 2002 après l'attentat manqué contre Jacques Chirac -, avait appelé à des alliances avec le Front national en vue des municipales de 2014. Un moyen pour eux d'élargir leur base. Mais la présidente du FN, Marine Le Pen, y avait répondu par une fin de non-recevoir, arguant de divergences idéologiques insurmontables. Une décision prise dans la lignée de sa stratégie de dédiabolisation du parti. 

Le Renouveau Français (RF):
Créé en 2005, cette formation d'inspiration pétainiste compte à peine 300 membres, selon Jean-Yves Camus. Sur son site internet, l'organisation explique que son «nationalisme se veut d'inspiration contre-révolutionnaire et catholique». «Il vise à défendre les intérêts de la France et des Français dans tous les domaines», peut-on lire. Son objectif «ultime»: «concourir à l'établissement d'un Etat digne de ce nom: un Etat nationaliste, social, chrétien». 

Son Directeur est Thibault de Chassey.

Connu pour ses prises de position hostiles aux homosexuels, le Renouveau français s'est aussi illustré ces dernières années dans des actions coups de poing contre des évènements culturels qu'il jugeait christianophobes.

 En avril 2011 à Avignon, il s'était fermement opposé à une photographie de l'artiste américain Andres Serrano, Piss Christ, vandalisée lors d'une opération commando. En octobre de la même année, il avait été en pointe contre la pièce de théâtre de Romeo Castelluci, Sur le concept du visage du fils de Dieu

Le groupuscule s'associe par ailleurs souvent aux manifestations de l'institut Civitas, qui rassemble des catholiques traditionnalistes et intégristes proches aussi de l'extrême droite.

• L'institut Civitas:
L'institut Civitas trouve son origine chez le groupe contre-révolutionnaire la Cité catholique, dirigé par Jean Ousset. 
Selon le politologue Pierre Milza, ce dernier lutta contre «toutes les formes passées et présentes de la Révolution: la Réforme, les Lumières, le libéralisme, la démocratie, la laïcité, le socialisme, le communisme, la “judéo-maçonnerie”».
 Après le schisme lefevriste (1988), la Cité catholique se scinda en deux: d'un côté Ichtus, de l'autre Civitas, qui se rapprocha des intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX).

Son secrétaire général, Alain Escada, est un ancien du Front National de Belgique (FNB), pays dont il est originaire. Depuis son arrivée en 2009, le mouvement s'est distingué par des manifestations et des protestations médiatiques. Cette association catholique intégriste s'est elle aussi fortement opposée à l'œuvre d'Andres Serrano, Piss Christ, et à la pièce de Romeo Castelluci, Sur le concept du visage du fils de Dieu ou encore à Golgota Picnic de Rodrigo Garcia. 

Dans le cadre du mouvement anti-mariage gay, l'association proche de l'extrême droite a fait parler d'elle avec ses prières de rue organisées devant le Sénat ou l'Assemblée nationale au moment des débats sur le projet de loi. Selon Alain Escada, cité par lexpress.fr, des liens se sont créés avec le Printemps français. Les deux mouvements communiquent régulièrement, «essentiellement sur les réseaux sociaux» où ils s'échangent notamment «des lieux de rendez-vous», explique-t-il.
Fin décembre 2011, Civitas revendiquait 1000 adhérents.

• Le Printemps français:
Il est difficile aujourd'hui de définir les contours du Printemps français, né au lendemain de la manifestation des anti-mariage gay du 24 mars. Pour Jean-Yves Camus, cela résulte du fait qu'il ne s'agit pas d'un groupuscule, mais d'une «nébuleuse», d'un «label», qui n'a aucune organisation interne. «On ne sait pas encore qui le constitue, ni combien de gens il représente.

 Je pense, pour ma part, que le printemps français compte beaucoup de catholiques traditionalistes dans ses rangs et peut-être quelques intégristes», explique le spécialiste de l'extrême droite. Qui ajoute: «Il réunit des gens qui pensent qu'il y a un créneau à trouver entre le Front national et la Droite populaire, mais qui n'ont pas encore trouvé leur mode d'expression politique».

Son égérie est toutefois connue. Il s'agit de Béatrice Bourges, l'ancienne porte-parole de la Manif pour tous. Présidente du Collectif pour l'enfant, elle a appelé à la radicalisation du combat contre le mariage homosexuel. Raison pour laquelle elle a été exclue du collectif par Frigide Barjot.
 Le Monde souligne de son côté la présence dans le mouvement de l'institut catholique traditionaliste Ichtus, qui veut faire pénétrer dans la société civile les idées de l'Église.




 


ùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùù

Aucun commentaire: