EXTREME-DROITE ...OU ULTRA-DROITE ?
Anti-mariage gay : radiographie des mouvements d'extrême droite
Le
GUD (Groupe Union Défense, anciennement Groupe Union Droit) a été
fondée en 1969 à l'université parisienne de Panthéon-Assas. Cette
organisation étudiante d'extrême droite compte une centaine de membres à
Paris et à Lyon, ses deux bastions.
Après une dizaine d'années sans
activité en Lorraine, elle y est à nouveau présente, notamment à Nancy,
où elle s'est distinguée en marge des manifestations anti-mariage pour
tous. Mais le noyau dur de Nancy ne compte qu'une dizaine de militants.
Réputé pour son activisme violent, ce groupuscule, qui a pour symbole un rat noir, se positionne comme un courant alternatif au Front national.
Sur la page Facebook du GUD Paris, qui compte 900 fans, la mouvance se
présente comme un «mouvement de jeunesse nationaliste et patriote». Elle
explique vouloir «refonder en France une grande alternative
syndicaliste dans les universités et lycées». «On ne doit plus les
laisser à l'UNEF, SUD, le FSE ou même au MET (UNI)! Ils ne sont que des
suppôts du Système et des grands groupes politiques sans âme!», écrit le
groupuscule qui se présente comme «libre» et «indépendant».
C'est
Edouard Klein, un étudiant d'Assas et fils de «gudards», qui est à
l'origine du retour du mouvement à l'université dès 2010, après quelques
années d'absence. Il a fait récemment parler de lui après la
publication d'une photographie où il apparaît au côté de la députée FN Marion Maréchal-Le Pen lors d'une soirée pour les 40 ans du parti.
• Les Jeunesses nationalistes (JN):
Ce
groupuscule de 500 à 600 personnes a été créé en octobre 2011 par deux
ex-membres du Front national, Yvan Benedetti, 48 ans, et Alexandre
Gabriac, 23 ans. Ce dernier, ancien responsable régional du Front
national de la jeunesse (FNJ), s'était fait connaître après son exclusion du FN, en mars 2011,
pour avoir fait un salut nazi.
Il est aujourd'hui à la tête du
mouvement. Tous deux appartiennent par ailleurs à l'Œuvre française -
Benedetti en est le président depuis février 2012 -, un groupuscule
pétainiste fondé en 1968 par Pierre Sidos, figure historique de
l'extrême droite.
L'emblème des Jeunesses nationalistes - un aigle
rappelant ceux des mouvements fascistes et nazis européens des années
30-40 - annonce la couleur de ce mouvement qui multiplie les actions les
plus radicales contre le mariage homosexuel. Ses membres se sont fait
remarquer début avril en empêchant le rapporteur du projet de loi, Erwan Binet, de tenir une conférence à la faculté de Saint-Etienne.
Dans
la galaxie des mouvements d'extrême droite, un rapprochement s'est
opéré début 2012 entre le GUD et les Jeunesses nationalistes. Alexandre
Gabriac est ainsi venu prêter main forte au GUD Paris pendant la
campagne des élections étudiantes à l'université d'Assas, fin mars 2012.
• Le Bloc identitaire (BI):
Fondé en
2003, ce groupuscule s'est constitué en parti politique en octobre 2009.
Objectifs: «solidifier sa vitrine» et «favoriser son financement» selon les mots de son président, Fabrice Robert.
Le Bloc identitaire, qui rejette l'immigration et l'islam avec
virulence, revendiquait alors 2000 adhérents. Ils ne seraient en réalité
qu'entre 1000 et 1500, d'après Jean-Yves Camus, spécialiste de
l'extrême droite. Très influencé par la Nouvelle Droite des années 1980,
le parti fait également de la dénonciation du «racisme anti-Blancs»
l'un de ses principaux combats.
Au fil des années, le groupe s'est
spécialisé dans les coups d'éclat médiatiques, sans réussir à
transformer l'essai sur le plan électoral. En juin 2010, il avait
déclenché une polémique en appelant à un «apéro géant saucisson-pinard» à
Paris, dans le quartier multiethnique de la Goutte d'Or. Manifestation
finalement annulée et reportée dans un quartier huppé de la capitale.
Avant de prendre part aux manifestations contre le mariage gay, cette
petite formation à la réputation sulfureuse avait à nouveau fait parler
d'elle lors de l'occupation par environ 70 militants du chantier de la mosquée de Poitiers, en octobre dernier.
En
novembre, les leaders du BI, Fabrice Robert et Philippe Vardon - deux
anciens membres de l'Unité radicale, une organisation
nationaliste-révolutionnaire dissoute en 2002 après l'attentat manqué
contre Jacques Chirac -, avait appelé à des alliances avec le Front national en vue des municipales de 2014. Un moyen pour eux d'élargir leur base. Mais la présidente du FN, Marine Le Pen,
y avait répondu par une fin de non-recevoir, arguant de divergences
idéologiques insurmontables. Une décision prise dans la lignée de sa
stratégie de dédiabolisation du parti.
• Le Renouveau Français (RF):
Créé
en 2005, cette formation d'inspiration pétainiste compte à peine 300
membres, selon Jean-Yves Camus. Sur son site internet, l'organisation
explique que son «nationalisme se veut d'inspiration
contre-révolutionnaire et catholique». «Il vise à défendre les intérêts
de la France et des Français dans tous les domaines», peut-on lire. Son
objectif «ultime»: «concourir à l'établissement d'un Etat digne de ce
nom: un Etat nationaliste, social, chrétien».
Son Directeur est Thibault de Chassey.
Connu pour ses
prises de position hostiles aux homosexuels, le Renouveau français s'est
aussi illustré ces dernières années dans des actions coups de poing
contre des évènements culturels qu'il jugeait christianophobes.
En avril
2011 à Avignon, il s'était fermement opposé à une photographie de
l'artiste américain Andres Serrano, Piss Christ, vandalisée lors
d'une opération commando. En octobre de la même année, il avait été en
pointe contre la pièce de théâtre de Romeo Castelluci, Sur le concept du visage du fils de Dieu.
Le groupuscule s'associe par ailleurs souvent aux manifestations de
l'institut Civitas, qui rassemble des catholiques traditionnalistes et
intégristes proches aussi de l'extrême droite.
• L'institut Civitas:
L'institut Civitas
trouve son origine chez le groupe contre-révolutionnaire la Cité
catholique, dirigé par Jean Ousset.
Selon le politologue Pierre Milza,
ce dernier lutta contre «toutes les formes passées et présentes de la
Révolution: la Réforme, les Lumières, le libéralisme, la démocratie, la
laïcité, le socialisme, le communisme, la “judéo-maçonnerie”».
Après le
schisme lefevriste (1988), la Cité catholique se scinda en deux: d'un
côté Ichtus, de l'autre Civitas, qui se rapprocha des intégristes de la
Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX).
Son secrétaire
général, Alain Escada, est un ancien du Front National de Belgique
(FNB), pays dont il est originaire. Depuis son arrivée en 2009, le
mouvement s'est distingué par des manifestations et des protestations
médiatiques. Cette association catholique intégriste s'est elle aussi
fortement opposée à l'œuvre d'Andres Serrano, Piss Christ, et à la pièce de Romeo Castelluci, Sur le concept du visage du fils de Dieu ou encore à Golgota Picnic de Rodrigo Garcia.
Dans
le cadre du mouvement anti-mariage gay, l'association proche de
l'extrême droite a fait parler d'elle avec ses prières de rue organisées
devant le Sénat ou l'Assemblée nationale au moment des débats sur le
projet de loi. Selon Alain Escada, cité par lexpress.fr,
des liens se sont créés avec le Printemps français. Les deux mouvements
communiquent régulièrement, «essentiellement sur les réseaux sociaux»
où ils s'échangent notamment «des lieux de rendez-vous», explique-t-il.
Fin décembre 2011, Civitas revendiquait 1000 adhérents.
• Le Printemps français:
Il
est difficile aujourd'hui de définir les contours du Printemps
français, né au lendemain de la manifestation des anti-mariage gay du 24
mars. Pour Jean-Yves Camus,
cela résulte du fait qu'il ne s'agit pas d'un groupuscule, mais d'une
«nébuleuse», d'un «label», qui n'a aucune organisation interne. «On ne
sait pas encore qui le constitue, ni combien de gens il représente.
Je
pense, pour ma part, que le printemps français compte beaucoup de
catholiques traditionalistes dans ses rangs et peut-être quelques
intégristes», explique le spécialiste de l'extrême droite. Qui ajoute:
«Il réunit des gens qui pensent qu'il y a un créneau à trouver entre le
Front national et la Droite populaire, mais qui n'ont pas encore trouvé
leur mode d'expression politique».
Son égérie est toutefois
connue. Il s'agit de Béatrice Bourges, l'ancienne porte-parole de la
Manif pour tous. Présidente du Collectif pour l'enfant, elle a appelé à
la radicalisation du combat contre le mariage homosexuel. Raison pour
laquelle elle a été exclue du collectif par Frigide Barjot.
Le Monde
souligne de son côté la présence dans le mouvement de l'institut
catholique traditionaliste Ichtus, qui veut faire pénétrer dans la
société civile les idées de l'Église.
ùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùù
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire