DES SIONISTES WAHHABITES !
Un des nouveaux mythes dans le monde arabe : un « complot américano-israélo-wahhabite »
Hélène Keller-Lind
dimanche 28 avril 2013
La caricature antisémite
publiée sur la page Facebook d’un groupe tunisien militant contre
« l’expansion salafiste wahhabite » pourrait être qualifiée de
« classique ».
Mais sous les traits d’un rabbin maléfique aux airs de
rongeur on découvre le prédicateur salafiste qatari Quaradawi.
Celui-là
même qui avait été interdit de territoire français lorsqu’il avait été
invité par l’UOIF.
C’est qu’un des thèmes apparus dans les
bouleversements du monde arabe est l’existence de ce qui serait un
« complot américano-israélo-wahhabite » fomenté contre les dirigeants
laïques des pays arabes.
Militer contre le phénomène de l’expansion salafiste wahhabite takfiriste
Cette Page Facebook de l’extrême gauche laïque
anti-islamiste tunisienne a près de 12.200 fans, un chiffre non
négligeable. Le groupe d’extrême gauche laïque milite contre le
phénomène de l’expansion salafiste wahhabite takfiriste, qui s’arroge le
droit de juger qui est ou n’est pas musulman, que l’on voit s’étendre
dans une grande partie des pays arabes sunnites. Sous l’impulsion des
monarchies sunnites des pays du Golfe, à savoir l’Arabie saoudite et le
Qatar.
Un soi-disant complot « américano-israélo-wahhabite » et le cas de la Syrie
Or cette Page colporte un mythe bien présent aujourd’hui
dans les pays arabes qui voudrait que cette expansion salafiste soit
mise en œuvre dans le cadre de ce qui serait un accord secret, ou
complot, américano-israélo-wahhabite. Ayant pour but de mettre en place
des régimes salafistes purs et durs dans les pays touchés par ce qui fut
qualifié hâtivement de « printemps arabe » pour remplacer les
dirigeants soit déjà déposées, comme en Égypte ou en Tunisie, soit mis
en difficulté comme c’est aujourd’hui le cas en Syrie. Où s’affrontent
dans des combats particulièrement sanglants le dirigeant en place,
Bashar al-Assad et des groupes rebelles disparates dont une partie est
affiliée au mouvement terroriste Al-Qaida.
Ces combattants rebelles sont soutenus par le Qatar et
l’Arabie saoudite qui envoient armes et argent. Quant à la Coalition
nationale des forces de l’opposition et de la révolution syrienne,
représentant l’opposition officielle, née notamment à l’instigation des
États-Unis et de la France, qui les soutiennent en « matériel non létal,
humanitaire et médical », elle est soutenue par le Groupe des Amis de la Syrie, qui se réunissait dernièrement à Istanbul.
Qatar et Arabie saoudite font partie de ce groupe de onze Amis. On y
trouve également la Jordanie et les Émirats arabes unis, considérés
comme modérés.
Du fait que États-Unis, Qatar et Arabie Saoudite œuvrent
de concert à l’intérieur de ce groupe a contribué à donner naissance à
un mythe selon lequel il y aurait un accord entre trois composantes :
les États à dominante salafiste, soit Qatar et Arabie saoudite,
États-Unis et Israël. Bien que l’État hébreu ne fasse pourtant pas
partie de ce groupe.
Neutralité d’Israël qui voit avec inquiétude l’émergence en Syrie de forces rebelles affiliées à Al-Qaida
D’ailleurs un soutien quelconque à ceux qui combattent
Bashar Al-Assad de la part d’Israël est démenti dans les faits. Même si,
sous sa présidence, la Syrie a hébergé le quartier général du mouvement
terroriste du Hamas – dont le but affiché est de détruire Israël -
jusqu’à assez récemment, même si c’est par la Syrie qu’ont transité les
milliers de missiles envoyés par l’Iran chiite au Hezbollah libanais qui
menacent aujourd’hui les villes israéliennes. Un Hezbollah qui se bat
aujourd’hui en Syrie pour défendre le président allaouite. Une
composante majeure ignorée d’ailleurs par ceux qui invoquent ce
soi-disant complot.
En effet, à propos de la Syrie, ainsi que des
révolutions arabes en général le mot d’ordre israélien, et on le
comprend, a été la prudence et la non ingérence. Dernièrement le Premier ministre israélien imposait d’ailleurs « le silence radio à ses ministres » sur le sujet Toutefois, il est évident que ce qui se trame en Syrie ne peut qu’affecter Israël, comme le rappelait il y a quelque temps Ehoud Barak, ministre de la Défense à l’époque
De plus, lors d’une visite effectuée en novembre dernier
par ce ministre de la Défense d’alors et le Premier ministre, Benyamin
Netanyahou déclarait :
« Une nouvelle réalité affecte le gouvernement syrien :
de nouvelles forces émergent des fissures du régime syrien et de ses
forces et s'installent. Affiliées au Jihad Global elles sont plus
hostiles encore à Israël. Nous nous préparons à y faire face »
Une composante anti-sioniste et antisémite omni-présente
Cette composante anti-sioniste et antisémite se retrouve
dans nombre de mouvements d’opposition arabes actuellement. Avec
l’utilisation de caricatures violemment antisémites. Comme cela est le
cas aujourd’hui dans cette Page Facebook d’une composante de
l’opposition tunisienne qui met en ligne une caricature du prédicateur
salafiste qatari Qaradawi représenté sous les traits d’un Juif religieux
devenu rongeur aux canines proéminentes, portant à la boutonnière un
drapeau d’Israël. Avec cette légende : « ce rat symbole de la guerre
confessionnelle et mufti du diable qui gouverne à Doha ».
C’est ce même Qaradawi, basé au Qatar, prédicateur
radical, très présent sur Al-Jazeera, prônant Jihad et
attentats-suicide, notamment contre Israël, qui avait été interdit de territoire français en mars dernier alors qu’il avait été invité par l’UOIF pour son Congrès annuel
ou qui, tout récemment « a boycotté la 8e conférence sur le dialogue
interreligieux du Centre international de Doha dans la capitale du
Qatar, en disant qu’il "ne s’assoirait pas à la même table aux côtés de Juifs » jusqu’à ce que la question palestinienne soit résolue ».
On voit d’ailleurs là toute l’absurdité des tenants de
ce mythe prétendant qu’il y aurait collusion entre ce personnage
violemment antisémite et le Qatar qu’il représente et Israël...Pourtant
ce mythe est des plus répandus, tout comme le sont anti-sionisme et
antisémitisme, à la fois parmi les nouveaux dirigeants arabes – Ennhada
voulait intégrer dans sa constitution la criminalisation des liens avec
Israël – et des partis d’opposition. Ce même groupe rend d’ailleurs
hommage au dirigeant de gauche assassiné, Choukri Belaïd, qui militait
activement au sein du Comité contre la normalisation avec Israël.
(vu sur "facebook")
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